Extrémisme musulman: «une balloune gonflée à l’hélium», déplore un criminologue

Selon M. Leman-Langlois, rien ni personne ne peut empêcher des extrémistes comme Martin Couture-Rouleau ou Michael Zehaf-Bibeau (responsables des attentats à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa, en octobre 2014) de passer à l’acte, mais ces attentats sont «extrêmement limités dans leurs impacts et plutôt rares». Sur cette photo : Michael Zehaf-Bibeau.

Il faut prendre avec un grain de sel la menace de l’extrémisme musulman au pays, estime un professeur de l’École de service social de l’Université Laval. L’«obsession» à vouloir la combattre «n’a rien à voir avec la réalité quand on regarde les chiffres», selon Stéphane Leman-Langlois.


Lors d’une entrevue donnée en marge de l’annonce de la première Semaine de la recherche en sciences sociales de l’Université Laval, le chercheur en criminologie a expliqué que l’augmentation des effectifs policiers et juridiques afin de contrer «l’ennemi» représente un «cercle vicieux» qui contribue à le faire paraître plus dangereux qu’il ne l’est en réalité.

«Plus on va déployer des ressources, plus on va attraper des gens. Plus on va en attraper, plus la peur grossira et plus on mettra du budget», ajoute le professeur.

Nous sommes en train de justifier un discours pour contrer une menace qui ressemble pas mal à une balloune gonflée à l’hélium

Selon M. Leman-Langlois, rien ni personne ne peut empêcher des extrémistes comme Martin Couture-Rouleau ou Michael Zehaf-Bibeau (responsables des attentats à Saint-Jean-sur-Richelieu et Ottawa, en octobre 2014) de passer à l’acte, mais ces attentats sont «extrêmement limités dans leurs impacts et plutôt rares».

«Nous sommes en train de justifier un discours pour contrer une menace qui ressemble pas mal à une balloune gonflée à l’hélium.

Stéphane Leman-Langlois, criminologue et professeur à l’École de service social de l’Université Laval

À l’ère de l’information continue et de la «mondialisation de l’information», le citoyen vit avec l’impression que la menace est au coin de la rue, avance-t-il. «Avant, quand les gens lisaient leur journal le matin et regardaient le Téléjournal le soir, il n’entendait pas parler de tous les attentats terroristes [sur la planète]. Aujourd’hui, il suffit d’aller sur Google pour tout voir. Il y avait beaucoup plus d’attentats dans les années 80. Si les gens avaient eu Internet à l’époque, ç’aurait été la panique.»

Défis du vivre-ensemble 

Stéphane Leman-Langlois fait partie de la douzaine de professeurs de sept départements et écoles de l’Université Laval qui prononceront une conférence, du 4 au 6 décembre, au Musée de la civilisation, dans le cadre de la Semaine de la recherche en sciences sociales, sous le thème du vivre-ensemble.

Parmi les thèmes abordés lors de cet événement ouvert au public, mentionnons l’islamophobie, l’extrême droite, l’intégration des diversités en milieu de travail, les nouveaux défis de la famille contemporaine et le leadership des femmes inuites.

«En cette époque de grande transformation et devant la multiplication des opinions tranchées, la recherche en sciences sociales propose un éclairage rempli de nuances», a exprimé mardi la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, Eugénie Brouillet. «Devant la peur et les préjugés, elle oppose la découverte de l’autre et la curiosité. Devant les raccourcis et les propos réducteurs, elle met de l’avant des études détaillées basées sur des données probantes».

La Faculté des sciences sociales de l’Université Laval a été fondée en 1938 par le prêtre dominicain Georges-Henri Lévesque.