Même ceux qui n’ont pas lu le polar doivent être familiers avec l’intrigue, mais résumons tout de même. Hercule Poirot (Branagh), l’excentrique «roi des détectives» comme il se surnomme, quitte Istanbul à bord de l’Orient-Express en direction de Londres. Dans le train de grand luxe, il fait la connaissance des passagers qui partagent son wagon.
La première nuit de leur périple, Samuel Ratchett (Johnny Depp), un marchand d’antiquités louche, est retrouvé mort de 12 coups de couteau après qu’une avalanche ait fait dérailler le train (le personnage est directement inspiré du tristement célèbre enlèvement de l’enfant de l’aviateur Charles Lindberg). Personne n’ayant pu quitter le véhicule immobilisé par la neige, l’assassin ne peut être qu’à bord. Poirot décide d’enquêter.
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La marge de manœuvre de Michael Green était étroite tellement l’histoire est rigoureusement ficelée. Le scénariste et Branagh n’ont apporté que des changements mineurs, remplaçant un personnage très secondaire et actualisant un peu, même si l’histoire se déroule dans les années 1930, tout comme l’excellente adaptation de Sydney Lumet en 1974.
Celle-ci comptait d’ailleurs sur une distribution toutes étoiles qui comprenait, entre autres, Albert Finney (dans la peau de Poirot), Lauren Bacall, Jacqueline Bisset, Sean Connery, Vanessa Redgrave, Ingrid Bergman, Anthony Perkins (!), John Gielduld…
Branagh n’avait pas à sa disposition une telle brochette, même si on note la présence de Penélope Cruz, Willem Dafoe, Judi Dench et Michelle Pfeiffer. Ces acteurs vedettes sont d’ailleurs peu mis en évidence, le réalisateur ayant préféré mettre l’accent sur le détective belge. Dommage. Son interprétation est néanmoins solide et il a su résister à la tentation de trop en faire (même la moustache n’est pas trop extravagante, du moins pour Poirot).
Ce premier rôle à l’avant-plan ne l’a pas empêché de faire un solide travail à la mise en scène. Dans le premier tiers, le cinéaste d’expérience multiplie les mouvements de caméra élaborés (travellings, panoramiques, plans aériens, caméra subjective…). Ensuite, dans le huis clos du train immobilisé, il préconise des angles de vue inusités et de très gros plans pour maintenir la tension, qui descend parfois dans des scènes inutiles.
Une trame sonore envahissante et une finale grandiloquente viennent toutefois un peu gâcher l’ensemble — Branagh a toujours eu de la difficulté avec la retenue et sa version du Crime de l’Orient-Express ne fait pas exception. Inutile de chercher la subtilité. N’est-ce pas Poirot qui dit au début : «Il y a le bien, il y a le mal et rien au milieu»?
Reste qu’on passe un bon moment, grâce à l’intrigue indémodable de ce «who dunnit» machiavélique.
À la fin, on peut toutefois se demander : le remake était-il vraiment nécessaire? Pas vraiment. Mais s’il permet à une autre génération de (re)découvrir le génie d’Agatha Christie et d’apprécier un cinéma sans superhéros qui maintient l’attention par la seule force de son récit, ce sera déjà ça de pris.
AU GÉNÉRIQUE
Cote: ***
Titre: Le crime de l’Orient-Express
Genre: suspense
Réalisateur: Kenneth Branagh
Acteurs: Kenneth Branagh, Tom Bateman, Penélope Cruz, Willem Dafoe
Classement: général
Durée: 1h54
On aime: la réalisation cinématographique, l’intrigue bien ficelée
On n’aime pas: l’adaptation empesée