Ce sont les principales conclusions du rapport d’enquête du Bureau de sécurité dans les transports (BST) dévoilé mercredi. Le président des Capitales de Québec et ex-lanceur Michel Laplante prenait également place dans l’hélicoptère et s’est miraculeusement tiré vivant de l’accident.
Le BST a déterminé que la basse altitude et la vitesse auxquelles volait l’hélicoptère privé Bell 206B ont causé son écrasement non loin de Flatlands vers 15h47 le 4 septembre 2016. L’aéronef est entré en collision avec des lignes électriques qui traversaient la rivière Restigouche à 58 pieds d’altitude, subissant des dommages qualifiés de «catastrophiques» par le BST, avant de s’écraser dans la rivière.
«Voler intentionnellement à basse altitude est risqué [...] et peut mener à une collision avec des câbles ou d’autres obstacles», peut-on lire dans le rapport du BST. À basse altitude, les obstacles peuvent en effet être cachés par le relief et le temps de réaction est plus court.
«On sait que le vol à basse altitude était volontaire dans le cadre d’un vol touristique pour admirer le paysage. On le voit plus fréquemment dans le monde de l’hélicoptère, car il est possible de réduire sa vitesse en vol», a expliqué au Soleil Jean-Marc Ledoux, gestionnaire régional des enquêtes aéronautiques du BST.
Personne, estime-t-il, ne devrait voler à une distance inférieure à 500 pieds de tout obstacle, une ligne largement franchie par l’hélicoptère de Frédérick Décoste la journée du drame.
Le rapport indique aussi qu’il est probable que le pilote ne savait pas que des lignes électriques traversaient la rivière. «À cause des grands arbres situés de chaque côté de la rivière, le pilote aurait probablement eu de la difficulté à discerner les pylônes situés sur chaque rive, ce qui aurait pu l’alerter de la présence des câbles».
Fatigue et cannabinoïdes
Le document mentionne aussi des facteurs physiologiques susceptibles de nuire au rendement du pilote, en précisant toutefois qu’il n’avait pas été possible de déterminer leurs effets réels sur lui.
M. Décoste avait peu dormi avant le vol. «Dans les 29 heures qui ont précédé le vol, trois périodes non consécutives auraient permis au pilote de ne dormir que quatre heures au total», a indiqué M. Ledoux, soulignant cependant qu’il faut normalement remonter à 72 heures avant le vol pour connaître l’effet de la fatigue sur la performance d’un pilote.
Un examen toxicologique a aussi permis de révéler dans le corps du pilote la présence de tétrahydrocannabinol (THC), une substance qu’on retrouve dans la marijuana, le haschisch et leurs dérivés.
«Cependant, la redistribution post-mortem du THC dans le sang et les tissus donne des résultats erronés. Il n’est donc pas possible de savoir à quel point le THC peut avoir affecté le pilote, ni quand le THC a été consommé», poursuit M. Ledoux. Il indique que la réglementation interdit aux pilotes de voler sous l’influence de l’alcool, de la drogue ou des médicaments sans toutefois donner de période de temps, sauf pour l’alcool.
Arrivés à Caraquet à 16h30 le 3 septembre, MM. Décoste, Laplante et Bissonnette se sont rendus à une réception et sont retournés à leur hôtel ensemble après 3h du matin le 4 septembre.
Michel Laplante et Roberto Bissonnette ont regagné leurs chambres, mais le pilote, qui disait ne pas être fatigué, est plutôt resté dans le hall à consommer des boissons caféinées jusqu’à 5h avant de rejoindre lui aussi sa chambre. Vers 6h30, il a quitté sa chambre pour y revenir peu de temps après.
Le trio est allé à la pêche vers 8h15 pour revenir à l’hôtel vers midi et a quitté Caraquet pour de bon vers 14h15. La tragédie est survenue après une escale de ravitaillement à l’aéroport de Charlo.
L’aéronef s’est disloqué avant de tomber dans l’eau. Roberto Bissonnette et Frédérick Décoste, qui prenaient place sur les sièges avant, ont subi des blessures mortelles et Michel Laplante, assis sur le siège arrière, a survécu et est demeuré près de l’épave de l’hélicoptère.
Des témoins ont pataugé pour se rendre à la partie principale de l’épave et aider le président des Capitales à atteindre le rivage avant de lui prodiguer les premiers soins et de le transporter à l’hôpital.
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