Pas moins de 11 personnes ont révélé dans La Presse+ de mercredi de nombreuses allégations d’inconduites sexuelles de l’animateur. Ce dernier a perdu son micro, ses émissions et ses commanditaires.
Air Transat a été la première entreprise à couper les ponts avec le propriétaire de la maison de production Salvail & Co. À l’occasion d’un concours, la compagnie aérienne devait transporter mardi 150 personnes pour assister au tournage d’En mode Salvail. Dès les premiers rayons de soleil mercredi matin, le transporteur a retiré toutes ses publicités en lien avec l’animateur.
Éco Entreprises Québec, qui avait comme partenaire Éric Salvail depuis 2015, et le géant de l’alimentation Metro, dont l’animateur était entre autres des publicités, ont ensuite emboîté le pas un peu avant midi. Et finalement, la multinationale McDonald’s, qui commanditait l’émission En mode Salvail sur V, a également décidé de quitter le navire.
«Grosses turbulences»
«Temporairement, Éric Salvail devrait traverser une zone de très grosses turbulences et très dommageable, peut-être même fatale à long terme. Il vient d’altérer l’image de son entreprise, car il est lui-même sa compagnie», indique Jean-Jacques Stréliski, professeur au département de marketing de HEC. «Est-ce que les dégâts sont irrémédiables? Il a déjà présenté une forme d’excuses. À mon avis, il est dans la bonne direction lorsqu’il parle d’une pause, mais on ne peut pas encore mesurer l’impact qu’aura cette situation», poursuit-il, précisant qu’il aura assurément plusieurs ecchymoses.
Au cours de la journée de mardi, d’autres commanditaires ont annoncé à La Presse et par voie de communiqué largués l’animateur, comme les magasins Must et la sangria Carlos Pepito.
«La meilleure stratégie pour lui est de se replier», estime M. Stréliski. «Est-ce que les victimes alléguées vont pardonner? Certainement pas. Est-ce que le public va lui pardonner? C’est autre chose...» poursuit-il.
Selon le professeur de HEC, il faudra assurément beaucoup de temps pour que la marque Salvail redore son blason. L’ascension ne sera pas de tout repos, mais le défi n’est pas impossible.
«Il est certain que ceux qui l’ont soutenu jusqu’à présent, s’il ne se passe pas quelque chose qui retourne la situation, je ne pense pas qu’ils vont revenir. C’est quelque chose de perdu», analyse l’expert. «Actuellement, dans les gestes de retrait des entreprises, il faut lire deux choses : ‘‘Nous sommes en désaccord avec ce style d’attitude et aussi que nous allons voir ce qu’il va arriver’’. Dans les messages, il n’y a rien de définitif», ajoute-t-il.
Ce dernier estime que la perception de la population jouera pour beaucoup pour la suite du dossier. Il rappelle que la société a pardonné à des gens par le passé, notamment dans le domaine du sport. «C’est possible qu’il se relève, cela va dépendre de la gravité des faits qui vont être prouvés et de son attitude. Cela ne lui retire toutefois pas son talent».
Pour le professeur du département de communication à l’Université d’Ottawa, Luc Dupont, les prochains mois s’annoncent «extrêmement difficiles» pour la marque Salvail.
«Il y a Éric Salvail le porte-parole publicitaire et il y a l’animateur. Ce sont deux choses. À court et moyen terme, pour le volet publicité, cela va être presque impossible de continuer. Les annonceurs ont une très longue mémoire. Ils achetaient l’image, l’enthousiasme et le dynamiste de cette personne. Si on regarde les communiqués de presse, cette séparation ne sera pas passagère», souligne-t-il. «Pour la marque Éric Salvail comme animateur, cela ne change rien à son talent. Son avenir va dépendre de sa gestion de crise. Aussi, cela va dépendre si d’autres personnes lèvent la main», poursuit-il.
M. Dupont est d’avis que l’animateur devrait prendre une pause de plusieurs mois afin «de réaliser sa traversée du désert». «Il doit se faire oublier. [...] Les gens vont finir par lui pardonner», conclut-il.