Jusqu’ici exemptées de la quasi-totalité des lourdes taxes imposées aux autres véhicules, les voitures électriques représentent 20 % des nouvelles immatriculations dans ce pays nordique depuis le début de l’année, une part de marché sans équivalent dans le monde.
Dans son projet de loi de Finances 2018 présenté jeudi, le gouvernement de droite suggère cependant de supprimer une des exemptions fiscales pour les voitures électriques de plus de deux tonnes.
La proposition a été aussitôt surnommée «taxe Tesla», car elle touche en premier lieu les luxueux modèles du constructeur américain. L’achat d’une Tesla X neuve coûterait ainsi environ 70 000 couronnes (11 090 $) de plus.
La ministre des Finances Siv Jensen a fait valoir que ces lourdes berlines usaient autant le bitume que les voitures essence et diesel, et qu’une contribution financière était donc justifiée.
Sa proposition a été vivement contestée.
«C’est une bombe fiscale», a réagi Christina Bu, secrétaire générale de l’Association de la voiture électrique.
«C’était inattendu tant par les utilisateurs que par l’industrie automobile et ça envoie un mauvais signal aux Norvégiens et au monde» pour qui la Norvège fait souvent figure de modèle en la matière, a-t-elle déclaré.
D’autant, a-t-elle souligné, que la Norvège s’est fixé l’objectif ambitieux de cesser dès 2025 les ventes de nouvelles voitures équipées seulement d’un moteur à combustion.
Bien qu’il soit le principal producteur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, le pays nordique a mis en place de nombreuses mesures incitant à l’achat de voitures électriques.
Outre les généreuses exemptions fiscales — critiquées par ceux qui y voient le moyen pour les plus nantis d’acheter des Tesla à bon prix —, leurs conducteurs bénéficient de la gratuité des péages urbains, des traversiers et du stationnement dans les espaces publics ou encore de la possibilité de circuler dans les couloirs de bus.
Minoritaire au parlement, le gouvernement a besoin du soutien d’autres partis pour faire adopter son projet de budget.
Ses appuis traditionnels de centre-droit se sont d’ores et déjà dit opposés à la «taxe Tesla», soulignant notamment qu’un accord conclu en 2015 prévoyait que les avantages fiscaux accordés aux voitures électriques soient maintenus jusqu’en 2020.