Le jeune homme de 23 ans a été libéré sous promesse de comparaître, vendredi, après avoir été longuement interrogé par des policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Geoffroy Barrette a été arrêté vers 5h10 vendredi matin, à la suite d’un délit de fuite survenu quelques heures plus tôt sur le Plateau-Mont-Royal, à Montréal.
On le soupçonne d’avoir heurté un cycliste peu après minuit, à l’intersection des rues Rachel et Saint-Dominique.
«Suite à la rencontre avec les enquêteurs, ceux-ci ont été en mesure de déterminer que le jeune homme [M. Barrette] était bel et bien au volant du véhicule lors de la collision avec le cycliste», a confirmé l’agent relationniste du SPVM, Daniel Lacoursière.
Deux accusations seront suggérées au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP): défaut d’arrêter lors d’un accident entraînant des lésions corporelles et conduite dangereuse causant des lésions corporelles, a-t-il ajouté.
Le cycliste, un homme de 27 ans, a subi des blessures importantes à la tête, mais on ne craint pas pour sa vie.
Le véhicule, qui appartiendrait au ministre Gaétan Barrette, a plus tard été retrouvé sur la rue des Carrières, près de la rue Saint-Hubert.
Barrette «choqué»
Le ministre Barrette a fait parvenir un communiqué dans lequel il affirme avoir appris la nouvelle de l’arrestation de son fils à son réveil, vendredi.
«Je suis choqué et mes premières pensées ont été immédiatement pour la victime et ses proches, a-t-il affirmé. Je n’étais pas au courant qu’il était visé par une interdiction de conduire. Mon fils, que j’accompagnerai comme tout parent, devra maintenant répondre de ses actes.»
À la suite de vérifications, les enquêteurs ont conclu que le permis de conduire de Geoffroy Barrette était valide.
Geoffroy Barrette n’était pas connu des milieux policiers.
Interrogé à ce sujet vendredi, le premier ministre Philippe Couillard a d’abord dit qu’il espère que la personne blessée se porte bien.
Il a dit avoir appelé M. Barrette, son ministre, qui est aussi «un père de famille».
«Comme parent on peut un peu comprendre la situation dans laquelle M. Barrette est, alors je lui ai juste transmis notre solidarité», a dit le premier ministre.
Frasques de la progéniture des politiciens: un impact politique limité
L’impact politique des frasques des enfants des politiciens sur la carrière de leurs parents serait limité. C’est du moins l’opinion de Guylaine Martel, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval.
«Dans le cas du fils de Gaétan Barrette, arrêté pour délit de fuite, une partie du public, ceux qui ne sont pas de grands fans de M. Barrette, fera le lien entre l’identité professionnelle du politicien et son identité personnelle», explique Mme Martel. «N’oublions pas que pour les politiciens, il y a seulement quelques éléments de leur vie personnelle qu’ils choisissent de rendre publics.»
Mme Martel cite le cas de la fille de l’ex-ministre de la Justice Marc Bellemare, qui avait fait la manchette en 2003 alors qu’elle était danseuse nue dans un bar appartenant aux motards criminels.
«Cela avait surtout créé un courant de sympathie. N’oublions pas qu’une partie de la population a des enfants et sait très bien qu’on n’est pas toujours responsable des gaffes qu’ils font! Bref, une histoire comme ça peut avoir l’effet inverse et créer un vent de sympathie envers le politicien», poursuit Mme Martel.
La professeure indique qu’il n’est pas censé y avoir d’impact direct entre la vie personnelle et la vie professionnelle d’un politicien. «C’est la médiatisation qui en fait un. Mais ce n’est pas toujours la faute des médias, car les politiciens aiment beaucoup se servir de leur vie personnelle quand ils contrôlent le message.»
Guylaine Martel considère que de la même façon que les politiciens sont capables de distancier leur vie personnelle et leur vie professionnelle, la population est aussi capable de distinguer l’une de l’autre. «Pour cette raison, je ne crois pas que cette histoire avec le fils de M. Barrette durera bien longtemps.»
Elle rappelle qu’en 1977, quand René Lévesque avait roulé en voiture sur un itinérant de 62 ans couché sur la chaussée à Montréal, l’histoire n’avait pas fait tant de bruit même s’il s’agissait du premier ministre du Québec et que l’homme était mort sur le coup.
«À l’époque, on sollicitait moins les politiciens dans leur vie privée. Maintenant, on fait de plus en plus de personnalisation avec eux. C’est pour ça que ces cas, comme celui du fils de M. Barrette, attirent plus l’attention des médias», conclut Mme Martel.