Campanule fausse raiponce: la belle envahisseuse

Les fleurs de la campanule fausse raiponce sont en forme de cloche.

Peu de jolies plantes sont aussi détestées des jardiniers que la campanule fausse raiponce (Campanula rapunculoides). Pourtant, à première vue, elle semble très attrayante, avec ses clochettes bleu-violet et sa floraison si durable (deux mois et plus, de juillet à septembre). Mais cette plante est parmi les plantes les plus envahissantes qui soient et, bientôt, ce qui était seulement une petite plante spontanée devient un tapis sans fin de tiges entremêlées qui bouffent tout l'espace dans votre jardin ou plate-bande et qui s'étale de plus en plus loin dans le gazon. Ce n'est pas pour rien que l'un de ses noms communs anglais est «zombie weed».


Pourtant, la plante d'origine eurasiatique fut introduite comme plante ornementale pour les jardins de fleurs. Depuis, elle a pris la clé des champs et elle est maintenant reconnue comme plante envahissante indésirable dans toutes les provinces canadiennes, ainsi que dans la plupart des états américains.

Savoir la reconnaître



Quand elle est en fleurs, la campanule fausse raiponce est assez facile à reconnaître. Il atteint 30 à 80 cm de haut, avec une tige souvent rouge pourpre qui est légèrement penchée. Ainsi les fleurs pendantes paraissent d'un seul côté. Elles sont en forme de cloche à cinq pétales et sont de couleur bleu violet, d'ailleurs, le même bleu violet que beaucoup d'autres campanules qui ne sont pas des mauvaises herbes. Il faut bien regarder son port et la forme des fleurs pour confirmer son identité avant d'essayer de l'éliminer.

Les feuilles inférieures dentées de 12 cm de long sont en forme de coeur allongée et forment une rosette. À mesure que les feuilles alternes montent la tige florale, elles sont de plus en plus petites et de plus en plus étroites. 

Une plante qui se déplace

La campanule fausse raiponce est en pleine expansion dans la région de Québec. Dans mon secteur, par exemple, il y en avait peu il y a 20 ans, mais elle est maintenant présente partout. On la trouve presque partout ailleurs au Québec, notamment près des habitations et des jardins.



Habituellement, la campanule fausse raiponce arrive dans nos jardins par semences. Chaque plante peut produire jusqu'à 15 000 graines par année. Elles sont petites et très légères, facilement emportées par le vent. Elle voyage aussi facilement quand on transporte de la terre contaminée ou lors d'échanges de plantes, car ses rhizomes se mêlent facilement aux racines des plantes désirables. Parfois la source d'infestation est un sachet de semences de fleurs sauvages.

Une fois dans votre jardin, par contre, c'est plutôt par rhizomes que la campanule fausse raiponce voyagera. Ces tiges souterraines latérales sont produites en grand nombre, créant parfois un tapis souterrain entremêlé qui étouffe les plantes voisines et qui est difficile à pénétrer même avec une pelle. De plus, il y a une longue racine pivotante qui peut descendre jusqu'à 45 cm dans le sol et aussi elle produit sporadiquement des tubercules qui peuvent contribuer à sa propagation.

Les bons côtés

Malgré les dégâts que la campanule fausse raiponce peut causer aux jardins et aux pelouses, elle a quand même de bons côtés.

Au moins, ses fleurs nourrissent les abeilles et les papillons alors que les feuilles font la joie des limaces, qui les mangeront de préférence à vos autres plantes. Et elles font de jolies et durables fleurs coupées.

En Europe, on mange parfois les jeunes feuilles en salade ainsi que les rhizomes, les racines et les tubercules cuits ou crus, mais la fausse raiponce n'a jamais été cultivée comme légume, contrairement à sa cousine, la vraie campanule raiponce plutôt que la fausse.



C. rapunculus est un légume d'autrefois non envahissant qu'on trouve encore dans certains potagers européens.

Comment la contrôler

Il n'y a aucun traitement miracle contre la campanule fausse raiponce, mais la toute première chose à faire est d'éliminer les tiges florales, tout simplement en les arrachant, avant qu'elles ne libèrent leurs milliers de graines.

Le sarclage empire le problème plutôt que de le régler, car il laisse dans le sol de nombreuses petites sections de racine ou de rhizome, chacune donnant une nouvelle plante. Creuser pour essayer de l'enlever complètement est aussi une perte de temps : jamais vous n'arriverez à l'avoir au complet. Et ne mettez pas les racines et rhizomes arrachés dans le compost, car il chauffe rarement assez pour les détruire. Quand vous utiliserez le compost plus tard, il sera infesté de campanule fausse raiponce.

Les fleurs sont jolies, mais quelle mauvaise herbe!

Cette dernière résiste très bien aussi à la plupart des herbicides, qu'ils soient de synthèse ou chimiques. Habituellement, après un traitement, le feuillage s'assèche et meurt, mais la plante repousse rapidement de ses racines et rhizomes souterrains. Et ce ne sont pas les hivers froids qui vont la tuer, non plus : elle pousse allègrement en zone 2! Ajoutez à cela le fait qu'elle pousse au soleil ou à la mi-ombre et dans presque tous les sols et vous comprendrez pourquoi la plante est si difficile à éradiquer!

Deux méthodes risquent cependant de connaître du succès : la coupe répétée et le bâchage. Si vous coupez au sol les feuilles dès qu'elles apparaissent, vous épuiserez la plante graduellement, mais il faut répéter l'opération aux deux semaines et il peut falloir deux années d'efforts pour arriver au but. Ou couvrez le sol d'une bâche noire ou d'un vieux tapis pendant deux saisons pour exclure toute lumière et vous tuerez les plantes par privation de lumière. 

Dans les deux cas, une plantule ou deux peut quand même ressortir à partir des tubercules enterrés (la réserve ultime de la plante) jusqu'à quatre ou cinq ans après que les dernières plantes soient mortes. Il faut donc toujours surveiller et supprimer ces jeunes plants encore faibles, avant qu'ils ne prennent de la force. 

Une fois le secteur libre de rhizomes et de racines de campanule fausse raiponce, apprenez à pailler le sol adéquatement, car si le sol est couvert de paillis, les graines tombées au sol ne peuvent pas germer. Ainsi la campanule fausse raiponce ne pourra pas revenir par semences.



Le plus important est d'essayer d'éliminer la belle envahisseuse dès le début de son invasion, avant que votre terrain tout entier soit envahi. C'est nettement plus facile!

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Réponses à vos questions

Comment assurer la pollinisation des tomates?

Q Je me suis procuré un plant de tomates cerises. Par contre, très peu d'abeilles se sont manifestées. Ainsi je me retrouve avec une douzaine de tomates et une centaine de fleurs non fertilisées. Est-ce que les deux sexes se retrouvent sur le même plant? Sinon comment reconnaître les mâles des femelles lors de l'achat? 

Pierre Seguin, Saint-Ferréol-les-Neiges 

R Les tomates ont des fleurs dites «parfaites», car les deux sexes sont présents dans la même fleur. De plus, habituellement elles s'autopollinisent. C'est-à-dire que c'est le pollen des étamines qui, en tombant sur le stigmate de la même fleur, assure la fécondation de la fleur et donc, la production d'un fruit. On pourrait alors s'imaginer que la présence d'insectes pollinisateurs n'est pas nécessaire, mais non. Elle est vitale! Chez la tomate, le pollen est porté à l'intérieur d'un tube staminique (tube formé par les étamines). C'est la structure jaune que vous voyez au centre de la fleur. Aucun pollen ne paraît à l'extérieur de la fleur, mais le pollen à l'intérieur du tube doit quand même finir sur le stigmate, situé aussi à l'intérieur du tube. Ce travail est habituellement accompli par les bourdons (et non pas les abeilles à miel) qui font ce qu'on appelle une pollinisation par vibration. Ils s'agrippent à la fleur et font vibrer leurs muscles de vol et ainsi détache le pollen à l'intérieur du tube pour qu'il tombe sur le stigmate, assurant la fécondation. En l'absence de bourdons, parfois le vent fait bouger la fleur assez intensément pour accomplir le travail, mais vous pouvez mieux assurer la production de fruits en brassant la fleur ou en tenant une brosse à dents électrique contre la fleur et la faisant fonctionner.

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À faire cette semaine



• Récoltez les courgettes (zucchinis) quand elles sont encore jeunes, à moins de 20 cm de longueur. Sinon, elles deviennent pâteuses. 

• Comme les épinards germent mieux au frais, semez-en en pot et mettez le pot au réfrigérateur dans un sac de plastique scellé. Quand les graines germent dans cinq à sept jours, repiquez-les au jardin pour une récolte automnale.

• Si vous voyez des tiges entièrement vertes sur une plante à feuilles panachées, comme un érable arlequin (Acer platanoides 'Drummondii'), supprimez-les sans tarder, sinon elles domineront la plante. 

• Pour prévenir le blanc, une maladie foliaire, vaporisez les feuilles des plantes sensibles d'une solution de 1 ml de bicarbonate de soude, 5 ml à thé de savon liquide (attention : pas de liquide à vaisselle, car il est souvent toxique aux plantes !) et 1 litre d'eau.

• Prenez des photos de votre terrain pendant qu'il est à son plus beau.

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Calendrier horticole

Visite guidée de jardins urbains

Le vendredi 18 août de 9h à 13h, découvrez cinq projets des Urbainculteurs au centre-ville de Québec, incluant des jardins sur le toit, au sol et en contenant. Prévoyez crème solaire, imperméable et bouteille d'eau. Le transport se fera en minibus. Prix : 30 $ (15 $ pour les 13 ans et moins). Départ : Cégep Limoilou, dans le stationnement qui donne sur le chemin de la Canardière. 

Inscription obligatoire : info@urbainculteurs.org



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Voyage en Montérégie

La Société d'horticulture de Sainte-Foy organise un voyage horticole en Montérégie le samedi 23 septembre 2017. Le programme inclut la visite du vignoble Domaine des Côtes d'Ardoise, de la miellerie Les Trois Acres et d'un verger et il y aura des dégustations à chaque endroit. Le prix comprend le dîner et le souper. Coût pour les membres, 125 $, non membres, 135 $. Info : 581 981-4441

Pour toute activité horticole, écrivez-nous à courrierjardinierparesseux@yahoo.com.