L'ouverture a eu lieu sans tambour, ni trompette, le 8 juillet dernier. «On voulait commencer à l'automne pour les groupes scolaires, mais comme notre matériel était prêt, on s'est dit qu'on allait profiter de l'été pour attirer des familles», explique Joël Leblanc, fondateur de Zapiens communication scientifique, qui a créé le Bunker de la chimie avec son associé David Bertrand.
Déjà, le bouche à oreille est à l'oeuvre et le Bunker a attiré quelques centaines de visiteurs. «On est à 70 % de notre capacité d'accueil pour le moment. On ne s'attendait pas à ça. On peut dire que ça démarre sur les chapeaux de roues!» se réjouit M. Leblanc.
Même au cours des plus belles semaines de l'été, des familles s'engouffrent deux fois par jour dans le sous-sol du 5935, rue Saint-Laurent, l'ancien édifice de la poste. Dans cet espace glauque, les animateurs de Zapiens ont créé une sorte de bunker dans lequel les visiteurs doivent réaliser cinq expériences de chimie. Leur but: trouver une terre propice à la vie sur une planète où il ne reste plus que 5 % des humains.
«On a trouvé une façon de rendre la science plus funky. Les expériences sont les mêmes, on a seulement changé l'enrobage», souligne M. Leblanc. Lors de son passage, Le Soleil a constaté que le temps limite de 8 minutes pour réaliser les expériences en équipe crée aussi une certaine tension et des discussions au sein des groupes.
M. Leblanc ne cache pas d'ailleurs qu'il souhaite attirer une clientèle semblable à celle qui s'intéresse aux jeux d'évasion, ces attractions touristiques où un groupe de personnes est enfermé dans une pièce et doit résoudre plusieurs énigmes pour en sortir. Il a toutefois décidé d'offrir l'activité à un prix qui n'effraierait pas les familles, soit 8 $ par personne.
Ouvert à tous
Le Bunker est ouvert à tous, mais les enfants doivent savoir lire s'ils veulent en profiter pleinement. À la base, les expériences ont été conçues pour des élèves de 1ere et 2e secondaire, mais les plus jeunes s'y intéresseront s'ils sont aidés par leurs parents. Ils seront également intéressés à regarder quatre expériences qui sont effectuées par l'animateur du groupe, et qui sont un peu plus spectaculaires.
L'Université Laval est un partenaire de l'aventure, car c'est son matériel chimique qui se retrouve au Bunker de la chimie. Joël Leblanc explique qu'il a participé à la création de la Caravane Défi Chimie, en collaboration avec le professeur de chimie Normand Voyer. Cette caravane de vulgarisation de la science se promenait dans les écoles primaires et secondaires il y a quelques années, mais a cessé ses activités depuis, les écoles n'ayant plus les fonds nécessaires pour payer cette animation. «Il y avait de super beaux meubles et du matériel de chimie que j'avais conçu qui prenait la poussière, alors j'ai demandé à ce qu'ils nous les prêtent», lance M. Leblanc.
Comptant quatre employés, Zapiens communication scientifique a également profité de la présence d'un grand voilier sur le quai Paquet à la mi-juillet, pour se faire valoir. Habillés de sarraus blancs, les animateurs ont fait exploser des bouteilles de plastique pleines d'azote liquide au milieu des grandes fontaines d'eau, ce qui n'a pas manqué de piquer la curiosité des petits et des plus grands.
Embryon d'un vrai centre des sciences?
«On avait le projet de faire un centre des sciences, mais malheureusement, ça s'est éteint. Peut-être que le Bunker de la chimie est l'embryon de ça? On sait jamais!» lance Joël Leblanc.
Journaliste scientifique et animateur dans les écoles, M. Leblanc travaillait à la Boîte à science il y a 6 ans, au moment où l'organisme avait le projet de mettre sur pied un centre des sciences, qui devait devenir une attraction touristique importante à Lévis. L'ex-mairesse Danielle Roy-Marinelli souhaitait d'ailleurs que l'édifice soit construit au parc des Chutes-de-la-Chaudière, mais il n'a finalement jamais vu le jour.
M. Leblanc a depuis quitté la Boîte à science et a démarré il y a un peu plus de deux ans Zapiens communication scientifique. «C'est la colère qui m'a fait démarrer cette entreprise-là. La colère de réaliser à quel point le peuple québécois a une très faible culture scientifique.»
Celui qui a fait des animations dans plus de 1000 classes au fil des années déplore le peu d'espace réservé aux sciences dans les écoles, surtout au primaire. «De 6 à 12 ans, c'est le moment parfait pour faire des sciences. Les jeunes sont allumés, ils sont curieux naturellement. Au secondaire, les sciences sont perçues comme quelque chose de nerd, la curiosité instinctive se referme et on a manqué le bateau», déplore-t-il.
Spécialité à l'école
M. Leblanc aimerait que les sciences puissent devenir un jour une spécialité au primaire, comme l'éducation physique et la musique. «Je vous dirais que 90 % des enseignants au primaire ne sont pas à l'aise pour enseigner les sciences naturelles, parce qu'ils ont davantage une formation en sciences humaines.»
Mais comme il n'a pas de pouvoir sur le programme du ministère de l'Éducation, M. Leblanc croit qu'un espace ludique où les sciences seraient présentées aux enfants et aux plus grands dans la région de Québec permettrait de combler un peu «la carence».
Emballé par l'accueil offert au Bunker de la chimie depuis quelques semaines, Zapiens prépare déjà une deuxième salle, le Bunker de la physique, et rêve d'un centre complet de sciences. «On veut devenir aussi gros que possible aussi vite que possible.»