«Il faut vraiment ne pas vouloir regarder la vérité en face pour dire que la phrase de De Gaulle s'est inscrite dans la réalité. Ce n'est pas le cas. Le Québec ne contrôle pas sa défense, ni ses relations internationales, par exemple.»
La phrase prononcée par le général de Gaulle le 24 juillet 1967, au balcon de l'hôtel de ville de Montréal, était un appel à «la souveraineté en soi», insiste le chef de l'opposition officielle en entrevue avec Le Soleil. «De Gaulle parlait de la liberté pour un peuple de faire l'ensemble de ses choix. En ce sens là, le Québec n'est pas libre.»
«Entre le "Vive le Québec libre" de De Gaulle et aujourd'hui, une constitution a été imposée au Québec, qui a limité sa capacité d'agir dans un certain nombre de champs, en particulier l'éducation et la langue», enchaîne M. Lisée.
«Constamment la Cour suprême du Canada contredit des décisions de l'Assemblée nationale. Cette année, le gouvernement fédéral a par ailleurs décidé d'un calendrier pour la légalisation de la marijuana qui lui convient à lui, mais qui ne convient pas au Québec.»
De plus, poursuit Jean-François Lisée, «la loi sur la clarté référendaire donne au Canada un droit de veto sur la capacité du Québec de devenir souverain ou non. On pense qu'avec un référendum gagnant on pourrait franchir cet obstacle, mais législativement parlant, le droit canadien actuel dit que le Québec n'est pas libre de quitter le Canada».
Le chef péquiste relève que dans le document d'affirmation nationale présenté par Philippe Couillard en juin, «il est écrit que les Québécois sont en exil dans leur propre pays, le Canada». Or, dit-il, «on ne peut pas être en exil dans son propre pays et être libre en même temps. Le premier ministre a un débat à faire avec lui-même».
«Injection de confiance»
Dans une entrevue qu'il a accordée plus tôt cette semaine au Soleil, et dont le compte rendu a été publié vendredi, M. Couillard a fait valoir que 50 ans après le retentissant «Vive le Québec libre» du président français, «le Québec est clairement aujourd'hui une société libre».
«Le Québec est libre.» Il est «libre de ses choix». «On a exprimé plusieurs fois notre liberté de choix. Lors des référendums de 1980 et de 1995 et lors des élections générales», a notamment observé Philippe Couillard.
«Aujourd'hui, le Québec a même acquis une liberté financière et économique»; autrement dit, une «liberté d'action», a ajouté M. Couillard.
Les quatre petits mots de De Gaulle ont donné une incroyable visibilité au Québec, a aussi analysé le premier ministre. «Le Québec a alors obtenu une visibilité internationale sans précédent. Et cet impact s'est prolongé par la suite. Il a permis au Québec de se présenter au monde», d'être internationalement connu et reconnu.
Aux yeux de Jean-François Lisée, la célèbre phrase de De Gaulle, «l'un des géants du 20e siècle», a «consacré le Québec comme un sujet de politique internationale».
«Ça a donné une injection de confiance en soi aux Québécois de l'époque. Ça ne détermine pas l'avenir, mais ça fait partie de la trame de notre histoire.»