50 ans après de Gaulle, «on est libres!» dit Couillard

Le 24 juillet 1967, le président français Charles de Gaulle prononce son fameux «Vive le Québec libre!» sur le balcon de l'hôtel de ville de Montréal.

Cinquante ans après le retentissant «Vive le Québec libre» de Charles de Gaulle, lancé du balcon de l'hôtel de ville de Montréal le 24 juillet 1967, Philippe Couillard affirme que le Québec est plus libre qu'il ne l'a jamais été; qu'il est même libre dans les faits.


En entrevue avec Le Soleil à l'occasion de ce cinquantième anniversaire, le premier ministre a tenu à dire que le Québec n'est pas enchaîné, qu'il forme déjà et depuis longtemps «une société libre». Et il a tenu à le répéter : «Le Québec est libre.» Il est «libre de ses choix».

«On est libres. On a exprimé plusieurs fois notre liberté de choix. Lors des référendums de 1980 et de 1995 et lors des élections générales», a notamment observé Philippe Couillard.

Cette situation représente en quelque sorte à ses yeux une matérialisation de la conviction qu'avait le général de Gaulle que le Québec serait libre - bien qu'il ne soit pas devenu un État indépendant siégeant à l'ONU.

Cette «liberté» ne s'est pas acquise du jour au lendemain. «Le Québec a bâti sa liberté depuis la Révolution tranquille. Aujourd'hui, on a même acquis une liberté financière et économique», autrement dit, une «liberté d'action», a ajouté M. Couillard en faisant cette fois plus explicitement référence au mandat de son gouvernement.

«Le Québec est clairement aujourd'hui une société libre», a-t-il martelé.

Une contribution

Le premier ministre Philippe Couillard a réitéré les paroles de Charles de Gaulle en ajoutant que «le Québec avait même acquis une liberté financière et économique».

Le président français y a-t-il contribué en lançant son «Vive le Québec libre»? Le premier ministre du Québec le croit.

Les mots de l'illustre général prononcés au beau milieu du centenaire du Canada et alors qu'Expo 67 battait son plein ont fait le tour du monde. Au Québec et au Canada, ils ont suscité joie chez plusieurs et consternation chez d'autres - selon l'opinion que chacun pouvait avoir. Ils ont provoqué la colère du gouvernement de Lester B. Pearson, à Ottawa.

Est-on bien en mesure d'imaginer aujourd'hui l'épisode qui s'est déroulé à ce moment-là, tant il semble fort et improbable? Un chef d'État étranger, l'un des plus prestigieux de son temps, en a appelé à l'affranchissement de l'une des entités du Canada... Le choc politique a été à la hauteur.

L'époque en était une d'«ébullition», note au passage M. Couillard.

Les quatre petits mots du général sont désormais inscrits dans les livres d'histoire. Le chef libéral remarque qu'ils ont eu un réel impact.

«Le Québec a alors obtenu une visibilité internationale sans précédent. Et cet impact s'est prolongé par la suite. Il a permis au Québec de se présenter au monde», d'être internationalement connu et reconnu.

En France et sur le reste de la planète, «les gens ont pris conscience de l'existence de cette nation francophone en Amérique du Nord».

Une planification

Les mots du général de Gaulle n'ont pas été lancés spontanément, selon Philippe Couillard. «Il était loin d'être quelqu'un qui parlait sans réfléchir.» Il en veut pour preuve «ses discours de conférences de presse, qui étaient très riches». Il «les apprenait par coeur; il les récitait par coeur».

«Moi, je pense qu'il avait planifié de provoquer cette commotion et je pense qu'il n'en a pas été insatisfait... Je le dirais comme ça.»

«Ça a été un incident diplomatique majeur à l'époque», a encore relevé le premier ministre québécois lors de cette entrevue, tout en rappelant que le président français «a quitté le Canada de façon précipitée». Il ne s'est pas rendu à Ottawa.

Que reste-t-il du «Vive le Québec libre» 50 ans plus tard? «Il reste cette belle relation privilégiée avec la France. Elle aime le Québec profondément, pour son histoire et ce que nous représentons pour la francophonie internationale. Et elle est également une grande amie du Canada», a pris soin de souligner M. Couillard.