Le cerveau détricoté

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«Qu'est-ce qui fait notre personnalité? Quelle est la différence entre le cerveau des adolescents et celui des adultes? Pourquoi est-ce qu'on dort? Ce sont toutes des questions qui justifient qu'on vienne démystifier le cerveau.»


Yves De Koninck était bien content de participer au lancement de l'exposition Cerveau à la folie au Musée de la civilisation, mardi, et pas seulement parce que son centre de recherche CERVO y a collaboré. Chercheur de l'Université Laval qui étudie justement le fonctionnement des neurones depuis des années, M. De Koninck croit qu'il est grand temps de «briser les tabous qu'il y a autour de la santé mentale [... et voir] que ce sont des maladies qui sont corrigibles. Il y a 50 ans, on mettait les épileptiques dans des asiles parce qu'on était complètement désemparé devant eux. Maintenant, tout le monde a des proches qui ont eu des troubles d'épilepsie et qui sont bien traités, qui fonctionnent très bien.»

Pas moins de 7 kilomètres de corde relient les différentes parties de l'exposition, représentant les 180 000 km que mesureraient toutes les connexions de nos neurones si on les mettait bout à bout. 

Tout en faisant la part belle à l'art, tant par des tableaux de grands peintres que par des dessins du cerveau datant du XVIIIe siècle et des représentations du cerveau sous la forme de tricot, l'exposition vise à démystifier non seulement la maladie mentale, mais tous les autres aspects principaux de la «matière grise». Organisée en plusieurs parties qui se terminent toutes par une section destinée aux enfants, l'événement aborde divers thèmes comme la biologie du cerveau, le «cerveau social», l'apprentissage, les sens, etc.

Ces thèmes, notons-le, sont liés entre eux par le fil conducteur de la survie - tout ce que notre cerveau a appris à faire au cours de l'évolution vise la survie de l'individu, explique la conceptrice et coordinatrice Colinne Niess - ainsi que par, littéralement, sept kilomètres de cordage qui illustrent les quelque 180 000 kilomètres que mesureraient toutes les connections entre nos neurones, si on les mettait bout à bout.

«Évidemment, quand on regarde un cerveau, ce n'est pas très impressionnant : c'est gris, c'est mou, ça a l'air d'un chou-fleur», mais c'est quand on commence à le comprendre qu'il devient vraiment intéressant, dit Valérie Borde, journaliste scientifique qui a travaillé comme rédactrice pour l'exposition.

Notons à cet égard que la neurologie traverse en ce moment une époque particulièrement féconde. Pendant très longtemps, le cerveau vivant a constitué une sorte de boîte noire pour la science, personne ne pouvant l'observer «en pleine action». Mais des techniques modernes comme l'imagerie par résonance magnétique ou la «tomographie par émission de positrons» ont commencé à permettre d'étudier le cerveau - et il y a d'ailleurs une section consacrée à l'histoire de toute cette instrumentation.

«C'est une époque excitante. La découverte des synapses, c'est-à-dire la connexion entre cellules nerveuses, et la réalisation que même si l'activité du système nerveux est d'abord électrique, la communication entre les cellules est chimique, ça date d'à peine 50 ou 60 ans. Donc, on est encore dans les débuts, mais on voit aussi une accélération [...] très forte du rythme des découvertes récemment», commente M. De Koninck.