Molson table sur la nostalgie de la petite bouteille

Les bouteilles «stubby» refont leur apparition depuis quelques jours dans les bars et en caisses de six ou douze bouteilles dans les dépanneurs et épiceries du Québec.

Après avoir ramené la bière Laurentide sur les tablettes en janvier, la brasserie Molson Coors continue de miser sur la fibre nostalgique des Québécois et des Canadiens en faisant revivre les bouteilles «stubby», véritable symbole de la bière canadienne durant les années '60, '70 et '80.


Plus petite et plus large que l'actuelle bouteille standard de l'industrie (aussi appelée AT2), la «stubby» avait remplacé en 1961 la bouteille «à long cou», car les brasseurs canadiens la trouvaient plus facile à livrer, à ranger et à empiler et que sa taille la rendait plus difficile à briser. Selon le magazine Canadian Living, sa faible popularité avec la clientèle féminine aurait cependant incité les brasseurs du Canada à la remplacer au début des années '80 par l'AT2, très semblable à la bouteille «à long cou» et déjà prisée par les brasseries américaines.

Les «stubby» refont toutefois leur apparition depuis quelques jours dans les bars et en caisses de six ou douze bouteilles dans les dépanneurs et épiceries du Québec, comme l'explique François Lefebvre, directeur des affaires corporatives pour le Québec et l'Atlantique chez Molson Coors Canada.



«Ce sont 3 000 caisses de Molson Canadian et 7 000 caisses de Molson Export qui ont été produites avec des bouteilles «stubby» pour le marché québécois. Dans le reste du Canada, seule la Canadian sera disponible dans ce format», explique-t-il, calculant qu'environ une caisse sur trois offrira ce type de bouteille qui contient 355 ml de bière plutôt que 341 ml dans les bouteilles AT2. À Québec, on peut entre autres savourer un Molson Export ou une Canadian dans une bouteille «stubby» aux Voûtes de Napoléon, au bar Le Drague et à la brasserie La Bourgeoise.

Édition limitée

Comme pour le retour de la Laurentide, il s'agit cependant d'une édition limitée. Bref, une fois écoulée la nouvelle cuvée de bouteilles «stubby», la brasserie n'en produira pas d'autres, les brasseurs ayant des règles à respecter quant au nombre de bouteilles non conformes produites chaque année.

Molson Coors a cependant l'intention de continuer à exploiter le filon de la nostalgie après le succès phénoménal de ses premières initiatives en ce sens.  Avant la Laurentide et la bouteille «stubby», la brasserie avait aussi visé juste avec le retour en édition limitée de la John H.R. Molson & Bros. 1908, une pale ale ressuscitée en 2016 avec une recette plus que centenaire.



«Ce n'est pas très compliqué : ça fait 230 ans qu'on brasse de la bière au Québec et nous avons une stratégie visant à faire connaître notre héritage brassicole aux Québécois. Nous n'annonçons rien pour l'instant, mais je vous confirme que nous continuons à regarder dans notre portefeuille de marques classiques pour des projets futurs», explique M. Lefebvre.

Engouement

Malgré un lancement discret, le retour de ces bouteilles presque légendaires suscite déjà un engouement. Éric Côté, un collectionneur qui gère la page Facebook «Juste de la bière!», signale que plusieurs de ses quelque 5 000 membres recherchent activement les caisses de nouvelles bouteilles et se font prendre en photo quand ils en dénichent une.

«Avant même l'initiative de Molson Coors, les collectionneurs recherchaient beaucoup les «stubby», qui se vendent souvent le double des autres bouteilles. Ce format a marqué les gens de mon âge, qui ont vu leurs parents, leurs oncles et leurs tantes boire une bière dans ces bouteilles. Je crois que Molson a compris que la nostalgie touche plusieurs amateurs de bière», explique l'homme de 45 ans.

M. Côté indique que plusieurs aimeraient maintenant voir revivre la bouteille à étiquette rouge de bière O'Keefe de l'époque des Nordiques, les bières Champlain et Black Horse, qui ne sont plus brassées depuis plusieurs décennies, et surtout la mythique bière Dow, disparue depuis 1998 et marquée par une enquête concernant des morts suspectes dans les années '60.