Vrai que Glory est divertissante. Dès les premières minutes, Shay Kuebler, appuyé par ses complices du Radical System Art, capte notre attention avec cette vidéo digne des films d'horreur de série B, inspirée du film Le Projet Blair, oserait-on avancer. Déjà Kuebler joue sur la dichotomie et la similitude entre la vie et le cinéma. Les images projetées sur l'écran en arrière-scène sont reproduites par les danseurs sur les planches. Les pas de ceux-ci sont par la suite filmés et prennent vie à leur tour sur la toile blanche.
Pas de doute que cet aspect a plu aux adolescents, assis attentifs dans la salle lors de cette représentation d'après-midi hier, eux dont l'attention est constamment divisée entre ce qu'ils sont en train de vivre et ce qu'ils voient à travers leurs écrans. Sur ce point, Kuebler a vu juste. Le Vancouvérois s'est inspiré de plusieurs scènes de films et de jeux vidéo qui ont accompagné son enfance et son adolescence pour créer ses enchaînements. Plusieurs suscitent le rire.
Mais devrions-nous rire devant la violence qui nous est montrée à certaines reprises dans les scènes de combat? Voilà pourquoi Glory est déstabilisante. Kuebler affirme qu'il a réussi à canaliser la violence qu'il a vue dans sa jeunesse dans la danse et les arts martiaux. Mais est-ce le cas pour tout le monde? Glorifier, dans une certaine mesure, la violence sur écran, la prendre à la légère, est-elle la bonne façon de sensibiliser les gens? Chose certaine, ce qui nous est proposé nous questionne sur nos valeurs, notre tolérance. Dans cette optique, le but est atteint.
Les scènes dans lesquelles Kuebler porte un harnais sont particulièrement troublantes. Les cordes accrochées à celui-ci sont tirées par les autres danseurs, projetant Kuebler dans toutes les directions, sans possibilité de se sauver. On y voit une référence à des scènes d'intimidation dans les écoles.
Jeune compagnie
Kuebler, qu'on pu voir comme danseur avec The Holy Body Tattoo l'an dernier, joue ici le double rôle de chorégraphe et d'interprète. Ses mouvements, une fusion de danse urbaine et d'arts martiaux, sont athlétiques et robustes. La compagnie Shay Kuebler Radical System, née en 2014, est encore toute jeune. Si le public apprend au fil des oeuvres à mieux saisir ses visées, reste que sa pièce Glory joue sur trop de niveaux à la fois et que son intention aurait dû être mieux définie, selon nous. Une compagnie dont on suivra tout de même le travail de près.
Une autre représentation d'après-midi de Glory est prévue mardi à 13h30 à l'auditorium du pavillon Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec. Le spectacle en soirée, bonifié de 15 minutes, a lieu à 20h.