Le professeur en informatique Charles Gouin-Vallerand a voulu démocratiser cette technologie naissante pour en faire profiter un plus grand nombre d'utilisateurs. «On est dans la philosophie du open source et du do-it yourself», exprime-t-il. La TELUQ ne cherche donc pas à commercialiser le produit, mais offre l'ensemble des travaux du professeur Vallerand en accès libre.
Pour fabriquer ces lunettes appelées CARTON, il faut du carton, un miroir, du plastique transparent, une éponge et des élastiques. Bien sûr, il faut aussi un téléphone intelligent que l'on insère à l'intérieur et qui permet, avec des applications bien spécifiques, d'avoir accès à la réalité augmentée.
Une fois les lunettes assemblées, l'information du téléphone est reflétée dans une vitre située devant les yeux. L'étudiant au doctorat Damien Brun a fait appel à la technique du fantôme de Pepper, une illusion d'optique déjà utilisée en théâtre et en magie, pour faire fonctionner les lunettes.
«On est encore en train d'améliorer l'appareil, de le rendre plus confortable et plus durable. Mais on a déjà quelque chose qui permettrait de faire un déploiement à grande échelle et de tester la technologie sur un grand groupe de personnes», explique M. Gouin-Vallerand. Le chercheur pense entre autres aux écoles secondaires, qui pourraient utiliser le projet pour construire lesdites lunettes, mais aussi pour mieux illustrer et expliquer de la théorie aux élèves, dans un cours de sciences par exemple.
Cette nouvelle création est un dérivé de la Google Cardboard, des lunettes de réalité virtuelle à utiliser avec un téléphone intelligent qui ont été développées par le géant Google, il y a deux ans. Mais contrairement à la réalité virtuelle, où l'utilisateur est complètement plongé dans un monde imaginaire, la réalité augmentée permet à l'utilisateur de garder le contact avec le monde qui nous entoure, tout en ayant de l'information virtuelle qui apparaît dans son champ de vision.
Par exemple, l'équipe de M. Brun et de M. Gouin-Vallerand a essayé les lunettes CARTON avec une application qui montre les étapes pour réaliser un pliage de style origami au fur et à mesure que l'on fait réellement ce pliage avec les mains.
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Bénéfices réels
Pour M. Gouin-Vallerand, les possibilités sont énormes en réalité augmentée. Une visite dans un musée pourrait par exemple être totalement différente si l'information concernant chaque oeuvre apparaissait dans le coin droit de son champ de vision, dans la langue parlée par le visiteur, et adaptée à son âge si c'est un enfant. Et ce, sans avoir à pointer son cellulaire sur quoi que ce soit. La technologie pourrait également servir aux conducteurs vieillissants, qui bénéficieraient d'une assistance en temps réel sur leur conduite.
Cette nouvelle technologie amène toutefois son lot de questionnements chez les universitaires, à savoir si son utilisation pourrait avoir certains côtés pervers. «On ne connaît pas encore les impacts au point de vue coginitif. Par exemple, est-ce que ça va nous amener à faire plus d'erreurs dans notre tâche, parce que notre champ de vision est constamment rempli d'informations?» questionne M. Gouin-Vallerand. Selon lui, la démocratisation de la réalité augmentée et sa diffusion plus large, grâce à des lunettes comme CARTON, permettra dans un avenir rapproché de mieux répondre à ces questions.
Pour avoir accès aux travaux et savoir comment fabriquer ces lunettes : r-libre.teluq.ca/1029/