Tirer profit des changements climatiques

Les skieurs du nord-est des États-Unis pourraient bien converger vers chez nous lorsque la neige commencera à se faire plus rare au sud de la frontière, donne comme exemple Claude Péloquin, directeur des études de la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM.

Les changements climatiques représentent une menace pour l'industrie touristique québécoise dans les prochaines décennies, mais les régions de Québec et de Charlevoix pourraient, à moyen terme, en tirer profit. Comment? C'est ce que tentera de préciser une vaste étude dirigée par la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM.


Skiera-t-on encore au Vermont dans 30 ou 40 ans? Les motoneigistes des Cantons-de-l'Est auront-ils encore suffisamment de neige pour pratiquer leur loisir favori? Les questions se posent.

«On sait que les changements climatiques sont susceptibles de modifier l'offre touristique. Quand on parle de réchauffement climatique, il ne faut pas oublier que c'est les destinations nordiques comme le Québec qui sont le plus sévèrement touchées», explique le directeur des études de la Chaire de tourisme Transat ESG UQAM, Claude Péloquin. 



Menée en collaboration avec le consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques Ouranos, l'étude de 15 mois et 200 000$ que pilotera M. Péloquin est baptisée Diagnostic des risques et des opportunités liés aux changements climatiques pour le secteur touristique. Principalement financée par une enveloppe budgétaire réservée au tourisme à l'intérieur du Fonds vert du gouvernement provincial, l'étude cible spécialement les régions de Québec et de Charlevoix. 

D'abord, parce qu'elles offrent à peu près tous les types d'attraits touristiques hivernaux, des montagnes de ski au fleuve Saint-Laurent, en passant par de grands événements comme le Carnaval de Québec. Mais également parce qu'au fur et à mesure que les destinations un peu plus au sud se réchaufferont et perdront des précipitations, les froides Québec et Charlevoix pourraient gagner en popularité dans le tourisme nordique. 

C'est là, entre autres, que les risques que présentent les changements climatiques peuvent devenir des «opportunités». 

Les skieurs du nord-est des États-Unis pourraient bien converger vers chez nous lorsque la neige commencera à se faire plus rare au sud de la frontière, donne comme exemple Claude Péloquin. Même à l'intérieur de la province, on devra de plus en plus se déplacer vers les régions plus froides pour les activités hivernales, pointe-t-il. 



Données brutes et prédictions

Avec son équipe, le directeur des études commencera par amasser de l'information brute via une soixantaine d'entrevues avec des gestionnaires du milieu touristique de Québec et de Charlevoix. Les données amassées seront ensuite envoyées à Ouranos. À l'aide de ses modèles de simulations pouvant cibler une zone géographique très précise, Ouranos projettera alors un portrait des 30 à 40 prochaines années dans le tourisme. L'analyse sera faite par des experts en environnement et tourisme, mais également en économie et biologie. 

Les prédictions du modèle seront précises, explique Claude Péloquin. En quelle année une certaine activité touristique deviendra invivable en raison de la température ou du manque de précipitations, par exemple. «Ça peut aussi être de suggérer à un centre de ski l'achat d'un canon à neige qui fonctionne à 0 °C plutôt que - 2 °C ou - 4 °C», ajoute le chercheur. 

Prédictions d'Ouranos en main, l'équipe de la Chaire de tourisme s'assiéra de nouveau avec les gestionnaires dans les régions de Québec et de Charlevoix. En groupe cette fois, pour discuter et élaborer des pistes de recommandations pour les acteurs touristiques de la région. Le tout devrait leur permettre d'adapter leurs pratiques en amont des changements à venir dans l'industrie. 

«C'est vraiment un projet participatif», assure le directeur des études, qui peut compter sur la collaboration de l'Office du tourisme de Québec, qui finance 30% de l'étude, avec l'aide de partenaires régionaux.