Le cadeau de José Navas

À 51 ans, José Navas est dans une forme splendide. Aucun signe de ralentissement ou d'essoufflement chez le danseur qui ne se donne aucun répit dans cette création.

CRITIQUE / Pour ses 30 ans de carrière, José Navas a décidé de se faire un cadeau : un solo de 60 minutes, décliné en quatre temps. Le chorégraphe ne s'est pas seulement fait plaisir avec Rites. Il a aussi gâté les spectateurs.


D'entrée de jeu, il faut dire qu'à 51 ans, le Vénézuélien d'origine et Montréalais d'adoption est dans une forme splendide. Aucun signe de ralentissement ou d'essoufflement chez le danseur qui ne se donne aucun répit dans cette création.

Dans tout le spectacle, son intensité et son investissement dans chacun de ses mouvements, qu'il a choisis soigneusement, nous frappent.



Navas est déjà sur scène lorsque nous entrons dans la salle. Assis sur une chaise droite, tête baissée, il se concentre sur le marathon de danse qui l'attend.

À 51 ans, José Navas est dans une forme splendide. Aucun signe de ralentissement ou d'essoufflement chez le danseur qui ne se donne aucun répit dans cette création.

La première pièce est appuyée par la chanson Ain't No Use de Rudy Stevenson, interprétée par Nina Simone. Navas a revêtu un blouson avec un J brodé de tissu scintillant dans le dos. Il pivote en se déplaçant et termine de manière flamboyante en pointant à la foule deux doigts d'honneur. Une belle mise en bouche.

Avant d'entamer la deuxième partie, le danseur change de costume sur scène, prend le temps d'éponger la sueur sur son front. Il en sera de même entre chacune des autres pièces. Un rituel qui évoque autant les mouvements répétitifs que font les danseurs chaque jour dans la pratique de leur art que les nombreux passages de la vie.

La seconde pièce est très lumineuse. Navas effectue des mouvements de bras gracieux sur la musique de Dvorak. On dirait les ailes d'un oiseau.



La troisième création sur l'oeuvre Winterreise de Schubert met en exergue toute la concentration et la force dont Navas est capable. Les éclairages de Marc Parent ajoutent à l'aspect angoissant des gestes.

Un Sacre à son image

La pièce de résistance de Rites est la version solo du Sacre du printemps de Stravinsky, oeuvre souvent chorégraphiée, notamment avec grand succès par Marie Chouinard. Navas se consacre entièrement à cette oeuvre musicale, sachant mettre des accents quand il faut dans la chorégraphie pour s'accorder à la musique. 

Rites demeurera une oeuvre marquante dans le parcours de Navas. Celle d'un danseur qui, avec son bagage d'expérience, s'investit autant avec son corps qu'avec son âme dans chacun de ses pas.

Rites, présenté par La Rotonde, sera de nouveau sur la scène du Théâtre La Bordée jeudi soir, 20h.