Baptisé de RealStarter, l'objectif du nouveau portail, qui a obtenu l'aval de l'Autorité des marchés financiers (AMF), est de permettre à un opérateur immobilier de collecter des fonds auprès d'un grand nombre de personnes afin de réaliser un projet précis en échange d'une participation.
«On voit qu'il est de plus en plus difficile pour les promoteurs de se financer auprès d'une banque. Comme autre alternative, il y a les prêts privés, mais les taux d'intérêt sont souvent très élevés à court terme, de 15 % à 25 %. Nous, nous nous positionnons entre les deux. Le taux d'intérêt est plus bas que les prêteurs privés», indique au Soleil Do Nguyen, fondateur de la plateforme www.realstarter.ca. Cette dernière devrait être lancée officiellement au cours des prochains jours.
Pour l'heure, la licence détenue par l'entreprise donne le droit à chaque personne d'investir jusqu'à 1500 $ par projet et le promoteur peut réclamer au maximum 500 000 $ par année. En contrepartie de son investissement, le participant reçoit «un retour sous forme d'équité ou de dette». «L'équité signifie que la personne possède des actions dans la compagnie et la dette, c'est comme un prêt que le promoteur effectue auprès du particulier», précise l'ingénieur en informatique.
M. Nguyen travaille depuis février sur le développement de RealStarter qui sera disponible dans quatre provinces, soit au Québec, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Il espère obtenir prochainement de l'AMF une deuxième licence, qui lui permettrait d'afficher des projets pouvant atteindre jusqu'à 1,5 million $. Chaque participant pourrait débourser jusqu'à 2500 $. Par ailleurs, certains investisseurs accrédités par l'AMF pourraient mettre jusqu'à 25 000 $.
Avant d'être affichés sur la plateforme, tout développement immobilier et son promoteur sont scrutés à la loupe. RealStarter effectue des enquêtes sur le candidat, pour savoir s'il possède des «antécédents criminels» ou s'il y a des «faillites» à son dossier.
«On évalue également le projet immobilier sous quatre facteurs : le rendement, le terme, les risques et les garanties. On prône la transparence», affirme M. Nguyen, notant que son entreprise paie ses frais avec une commission de 5 % à 9 % sur le prêt. Chaque campagne dure 90 jours. «Et si l'objectif n'est pas atteint, on remet l'argent aux investisseurs.»
Avenue alléchante
Selon le promoteur Yanik Guillemette, RealStarter s'avère une avenue très alléchante pour plusieurs hommes d'affaires. Il demandera prochainement 250 000 $ sur trois ans sur la plateforme de financement pour réaliser la première phase - analyses de sol et évaluation environnementale - d'un développement d'une trentaine de microchalets, à Saint-Tite-des-Caps.
«Ça fait 10 ans que j'oeuvre dans le domaine, que j'achète des immeubles et développe des terrains et je n'ai jamais vu du financement aussi difficile à obtenir», déplore l'homme d'affaires président et fondateur de Guillemette Propriétés. «RealStarter, ça vient rafraîchir le marché.» M. Guillemette promet aux investisseurs un rendement minimal de 8 % par année.
Depuis ses débuts en 2011, le financement participatif en immobilier est devenu une solution de collecte de fonds de plus en plus répandue à travers la planète, principalement aux États-Unis, en Angleterre et en France. En 2015, le marché mondial était évalué à 2,54 milliards $. Au Québec, le mouvement n'est chapeauté par l'AMF que depuis le début de l'année.
L'organisme invite d'ailleurs les gens à être prudents par rapport à ce type de financement qui «comporte un certain risque». «Ce sont souvent des projets qui reposent sur de merveilleuses intentions [...] mais on veut que les gens soient bien conscients qu'il n'y a pas de recours par la suite pour recouvrer les montants si l'argent est perdu», prévient le porte-parole de l'AMF, Sylvain Théberge.