La Chine se pose en championne du libre-échange

Le président chinois Xi Jinping a appelé les dirigeants de la région à soutenir les initiatives chinoises de libre-échange en Asie-Pacifique, pour combler le vide laissé par le probable abandon de l'accord de libre-échange TPP par les États-Unis.

Le président chinois Xi Jinping a affiché samedi à Lima l'ambition d'assumer le leadership unique des négociations de libre-échange dans la région Asie-Pacifique, s'engouffrant dans la brèche ouverte par les projets protectionnistes du président américain élu Donald Trump.


«Nous n'allons pas fermer la porte au monde extérieur mais l'ouvrir encore plus largement», a lancé le président chinois dans un discours très attendu au sommet annuel de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique.

Dans la capitale péruvienne, Xi Jinping a appelé les dirigeants de la région à soutenir les initiatives chinoises de libre-échange en Asie-Pacifique, pour combler le vide laissé par le probable abandon de l'accord de libre-échange PTP par les États-Unis.



«La construction d'une Zone de libre-échange de l'Asie-Pacifique est une initiative stratégique vitale pour la prospérité à long terme de la région. Nous devons nous y atteler fermement», a-t-il déclaré.

Xi Jinping répondait indirectement au président élu américain Donald Trump qui a promis un tour de vis protectionniste censé protéger les emplois américains contre la concurrence chinoise ou mexicaine à bas coût.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a de son côté prudemment réagi en affirmant vouloir «privilégier le dialogue» avec Donald Trump, autour d'un «nouvel agenda». Il s'est dit ouvert à une possible réforme de l'accord de libre échange ALENA, conclu en 1994, sur les volets de l'emploi et de l'environnement.

Pendant sa campagne, le magnat américain de l'immobilier avait attaqué avec virulence le Partenariat transpacifique (PTP) signé en 2015 entre 12 pays, sous l'impulsion du président américain Barack Obama, qui faisait à Lima ses adieux aigre-doux à la scène internationale.



Cet accord de libre échange excluant la Chine est «terrible» et «viole» les États-Unis avait déclaré le milliardaire, s'opposant fermement à son improbable ratification par le Congrès américain à majorité républicaine.

L'alternative chinoise

Le président chinois a appelé les pays de la région à en tirer les conclusions et à se ranger sous sa bannière autour de l'initiative chinoise alternative RECP.

Il s'agit, un projet d'accord de libre-échange entre l'Asean (Association des nations du sud-est asiatique), l'Australie, la Chine et l'Inde notamment... mais sans les États-Unis.

Pékin défend le RCEP comme une étape majeure dans la construction de la Zone de libre-échange Asie-Pacifique (FTAAP), qui rassemblerait tous les pays membres de l'APEC et dont la conclusion devrait prendre des années, si jamais elle doit un jour aboutir.

«Nous allons pleinement nous investir dans la globalisation économique en soutenant le commerce multilatéral, en faisant avancer la FTAAP en travaillant à la conclusion rapide des négociations sur le RCEP», a déclaré Xi Jinping.



Le président chinois devait rencontrer pour la dernière fois Barack Obama dans l'après-midi lors d'un entretien bilatéral.

Les 21 économies de l'APEC représentent 60% du commerce mondial et 40% de sa population.

Elles ont été les grandes bénéficiaires de la mondialisation et ses membres, inquiets de la montée du protectionnisme aux États-Unis et en Europe, comptent bien continuer à libérer leurs échanges commerciaux.

Et ce avec ou sans Washington, qui avait placé la région Asie-Pacifique au coeur de sa stratégie économique sous l'administration Obama.

«Les dirigeants de l'APEC vont s'accorder dimanche sur une déclaration claire» en faveur du libre-échange, avait souligné vendredi le Premier ministre péruvien Fernando Zavala.

Les sirènes de Pékin

L'Australie s'est montrée sensible à la proposition chinoise RECP. Mais, le Japon, l'autre puissance régionale asiatique, est moins enclin à céder aux sirènes de Pékin. Il continue de défendre le PTP, même sans les Etats-Unis.

Le Japon et le Pérou se sont ainsi engagés vendredi dans un déclaration conjointe à faire «approuver dans les plus brefs délais le PTP», jugé «commercialement et géopolitiquement significatif pour la stabilité et la prospérité de la région"



«Le PTP regroupe 11 autres économies (Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, et Vietnam). Tant mieux si les États-Unis en sont. Sinon, les autres membres ont l'intention d'aller de l'avant», avait ajouté M. Zavala.

«Le pacte chinois de libre-échange ne compensera pas l'échec du PTP qui représente un coup dur pour les perspectives économiques de l'Asie émergente», a commenté samedi le cabinet Capital Economics dans une note d'analyse.

«Ses bénéfices pour la région seront probablement bien moins importants», en particulier pour des pays comme le Vietnam où la Malaisie. En revanche, «le retrait des États-Unis a créé une opportunité pour la Chine d'accroître son influence en Asie», estime Capital Economics.

L'élection de Donald Trump jette une ombre menaçante à l'APEC

L'incertitude planant au-dessus de l'Accord de partenariat transpacifique (PTP) à la suite de la victoire électorale d'un de ses adversaires déclarés, Donald Trump, a fait l'objet des discussions des leaders des douze pays signataires participant au Sommet de coopération économique Asie-Pacifique, l'APEC.

Le président sortant Barack Obama a tenté de rassurer ses collègues, dont le premier ministre Justin Trudeau. Il a dit lors des discussions publiques que son successeur découvrira les vertus des accords commerciaux lorsqu'il sera officiellement au pouvoir.

De son côté, la ministre canadienne du Commerce international, Chrystia Freeland, a dit que la position du gouvernement canadien au sujet du PTP n'avait pas changé: la décision de ratifier cette entente appartient au peuple canadien.

«Voici ce que nous pouvons dire aux Canadiens et aux entreprises canadiennes. Primo: c'est important pour le Canada d'avoir une économie ouverte et mondiale, a-t-elle déclaré. Quand il y a une vague de protectionnisme dans plusieurs pays, cela représente un défi pour le Canada et une occasion. C'est une occasion pour dire au monde et aux entreprises internationales que le Canada représente un pays ouvert à l'investissement et ouvert à l'immigration.» La Presse Canadienne