Harcèlement, discrimination, sexisme, horaires peu adaptés aux réalités féminines, prostitution, voilà un portrait peu reluisant dressé par ce mémoire, qui s'attarde particulièrement à la pratique du fly-in/fly-out, ou navettage, qui consiste à travailler de longues périodes sur le site d'exploitation ou de construction et de rentrer à la maison, le tout en avion, car le travailleur ne demeure pas à proximité de son lieu de travail. Le navettage est en vigueur pour les grands chantiers, comme celui de la rivière Romaine, et les opérations de plusieurs minières.
«Le Plan Nord, c'est pas juste pour les hommes, mais ça creuse les inégalités entre les hommes et les femmes. On [les femmes] veut aussi en tirer des profits», a lancé la coordonnatrice du Regroupement des femmes de la Côte-Nord, Sylvie Ostigny.
Le mémoire fait une revue de la littérature publiée dans le monde sur le phénomène du navettage. Les effets négatifs sont nettement plus importants que l'inverse en ce qui a trait à la gent féminine. Entre autres, le navettage augmente le coût de la vie et appauvrit les femmes, diminue le bénévolat, favorise la prostitution avec une grande concentration d'hommes et chambarde le reste de la famille qui demeure à la maison.
Discrimination à l'emploi
La discrimination à l'emploi est aussi largement présente, a ajouté la présidente de l'Assemblée des maires de la Côte-Nord, Micheline Anctil. «Les emplois dans les minières sont encore des emplois qui ont un sexe, masculin», a-t-elle fait valoir.
Le document présente une vingtaine de recommandations, dont une soulignant l'importance de faire des études supplémentaires afin de mieux saisir tous les impacts du navettage. «On convient que la problématique n'est pas suffisamment documentée», a déclaré Mme Ostigny, qui assure cependant que le gouvernement en sait déjà assez pour intervenir.
«Dans son plan d'action 2015-2020 sur le Plan Nord, le gouvernement dit que le développement nordique risque d'accentuer les inégalités entre les hommes et les femmes et entre les Autochtones et les non-Autochtones. S'il écrit ça, c'est qu'il en a conscience. Maintenant, je vais dire au gouvernement : "Qu'est-ce que tu vas faire avec ça?" On n'est pas contre le développement du Nord, il faut le faire intelligemment», enchaîne-t-elle.
Sylvie Ostigny confie avoir déjà sensibilisé l'Association minière du Québec aux effets néfastes du fly-in/fly-out et confie que les grandes entreprises amorcent une réflexion à ce propos. Toutefois, le changement de cap devra venir des élus. «Il va falloir que le gouvernement mette ses culottes et s'impose pour que tous les travailleurs, indépendamment du sexe, travaillent dans de bonnes conditions.»