Lapointe voit Juulsen dans sa soupe

Selon Martin Lapointe, directeur du développement des joueurs chez le Canadien, Noah Juulsen fait preuve d'une maturité étonnante, malgré ses 19 ans. Dans un «scénario idéal à long terme», il devrait compléter une paire de défenseurs avec Sergachev.

Martin Lapointe est un homme de peu de mots. Ses rares affirmations ont en conséquence toujours beaucoup de poids.


Il a été le premier, l'été dernier, à évoquer la possibilité de voir Mikhail Sergachev entamer la saison à Montréal.

Le directeur du développement des joueurs chez le Canadien avait aussi confié à La Presse, il y a 18 mois déjà, sa grande admiration pour Artturi Lehkonen, «l'espoir le plus sous-estimé de l'organisation», jurait-il.



La réalité semble lui donner raison. Il faut l'entendre aujourd'hui, intarissable, sur le premier choix du Canadien en 2015 (26e au total), Noah Juulsen, 19 ans.

Ce garçon n'a pas eu la chance de Sergachev et de Lekhonen puisqu'il a été rétrogradé à son club junior d'Everett après un camp somme toute fort accompli, mais Martin Lapointe ne tarit pas d'éloges à son endroit.

Dans un scénario idéal à long terme, on semble voir en Juulsen le partenaire idéal de Sergachev au sein de la première paire de défenseurs du Canadien.

«Noah ne parle pas beaucoup, mais je peux déjà voir tout son professionnalisme, note Martin Lapointe. Contrairement à beaucoup de jeunes de son âge, il a une maturité étonnante. Il a un plan. Je peux le constater juste en le regardant pendant la période de réchauffement à Everett. Ce kid-là a une routine de professionnel pour ses réchauffements. C'est extrêmement rare de voir ça.



«Le kid de 18 ans, habituellement, va jouer avec la rondelle, il va faire lever la rondelle de son bâton 15 fois pour avoir l'air bon et avoir l'air beau, il va regarder les fans dans les gradins, il se regarde dans la vitrine, poursuit Lapointe. Lui, ce n'est pas ça. Il exécute des exercices qui reproduisent des situations de match.»

Jouer de la bonne manière

La production offensive de Juulsen en a déçu plusieurs l'an dernier. Après avoir obtenu 52 points en 68 matchs à son année de repêchage, il en a amassé seulement 28 en 63 rencontres l'an dernier.

«Noah ne cherche pas à obtenir des points, précise Lapointe. Il veut jouer de la bonne manière. J'ai vu une situation où son club menait par un but et le filet adverse était désert. Il aurait pu tenter de marquer, mais risquer de provoquer un dégagement refusé. Il a préféré contrôler la rondelle et la remettre à son partenaire pour écouler le temps. Noah pourra avoir joué 30minutes sans obtenir de point, mais il aura joué de la bonne manière. Pour moi, c'est l'important.»

Martin Lapointe n'aime pas les comparaisons. Mais dans sa préparation, dans son sérieux, dans sa maturité et dans sa détermination, Juulsen lui rappelle un jeune qu'il a pris sous son aile à l'époque où il jouait pour les Bruins de Boston.

«Les deux ne jouent pas à la même position, mais si je peux le comparer à un autre jeune sérieux qui ne parlait pas beaucoup, mais qui savait tirer toutes ses informations des vétérans, c'est Patrice Bergeron. La préparation et le caractère de Noah me rappellent Patrice. Leur volonté d'apprendre et leur écoute sont semblables.»



Sans surprise, Juulsen vient d'être nommé capitaine des Silvertips d'Everett.

«Il symbolise parfaitement notre équipe, confiait récemment son coéquipier Lucas Skrumeda au Daily Herald d'Everett. Il fera un grand capitaine. Il travaille très fort, c'est un bon leader dans notre vestiaire. Je suis heureux pour lui.»

Rôle important

Martin Lapointe ne voit pas nécessairement en Juulsen un grand producteur de points dans la LNH, mais il lui prédit un rôle important.

«Est-ce qu'il va être un top 2, top 4, top 6? J'ai une idée, mais je ne suis pas prêt à la dévoiler. Mais je le dis tout de suite, il va être un Canadien de Montréal, c'est assuré. Tu ne le jugeras pas pour ses points, mais par sa façon de jouer, sa combativité et son caractère. C'est un gars qui va défendre ses coéquipiers, un bon gars d'équipe. Je ne peux pas affirmer qu'il sera dans le top 20 chez les défenseurs dans la Ligue nationale pour les points. Mais je peux t'assurer qu'il va jouer de la bonne manière et que beaucoup d'équipes voudront avoir un Noah Juulsen.»

«D'habitude, tu ne veux pas mettre deux gars offensifs ensemble, répond Martin Lapointe. Juulsen peut contribuer à l'attaque, mais c'est la défense avant tout. Sergachev n'est pas seulement un joueur offensif non plus. Il a un an de moins [que Juulsen]. Les lacunes défensives qu'on observe en ce moment peuvent être corrigées. Mais son talent brut est inimaginable. Ce sont deux joueurs aux styles différents qu'on ne peut pas comparer, mais c'est sûr qu'ils se compléteraient bien.»

60 matchs, la cible «idéale» pour Price

Stéphane Waite l'avait déjà laissé entendre, mais lundi, il l'a clairement dit : dans un monde idéal, Carey Price ne devrait pas jouer plus de 60 matchs cette saison.



«Ça, c'est l'idéal et on a un plan en ce sens-là», a expliqué l'entraîneur des gardiens du Canadien, lundi après-midi, à Brossard. «Mais des fois, l'idéal prend le bord quand tu dois gagner des matchs en vue des séries.

«La venue de [Al] Montoya (photo) va nous aider à respecter ce plan-là, parce qu'il peut gagner des matchs régulièrement dans cette ligue. Meilleur est ton back-up, plus tu peux reposer ton numéro 1. Un bon back-up dans la Ligue nationale, ça n'a pas de prix. Je ne crois plus aux gardiens qui vont jouer 66, 67, même 70 matchs dans une saison. Ça n'a aucun bon sens, et si on peut éviter ça, on va le faire.»

La cible sera d'autant plus importante à atteindre que Price a déjà cinq départs dans le corps, avec son passage à la Coupe du monde au sein d'Équipe Canada.

Carey Price n'a joué que 12 matchs la saison dernière... avec le résultat que l'on connaît.

L'historique de Price va aussi en ce sens, puisqu'il a subi des blessures au bas du corps dans trois des quatre dernières saisons. Les trois fois, il avait été incapable de terminer la saison. En 2013 et 2014, il s'était blessé en séries, tandis que la saison dernière, sa campagne avait pris fin dès novembre.

Si Montoya obtient près de 25 départs, le CH pourrait apporter une solution à un autre problème : l'instabilité derrière Price. En soumettant Mike Condon au ballottage, on a confirmé que, pour la quatrième saison de suite, il y aurait en effet un nouvel auxiliaire derrière le numéro 31.

Après Peter Budaj en 2013-2014, Dustin Tokarski la saison suivante et Condon l'an dernier, Montoya tentera d'offrir de la continuité au CH à cette position. Pour l'heure, son contrat est d'un an, mais s'il accomplit son boulot, Marc Bergevin voudra sans doute renouveler l'expérience.

Quant à Condon, Waite est convaincu qu'il saura se remettre de cette nouvelle épreuve. Jamais repêché, souvent blessé au niveau collégial, Condon a souvent confondu les sceptiques.  La Presse