Trouble de l'opposition: un expert dénonce le surdiagnostic

Le neuropsychologue Benoît Hammarrenger

Un enfant qui crie, dit toujours non, pique des crises et brise des objets : pour un parent, ce cocktail explosif devient rapidement insupportable. Mais au lieu de tout de suite conclure que le rejeton est atteint d'un trouble de l'opposition, un expert propose de s'intéresser aux causes de ces comportements.


«L'opposition, c'est plus souvent un symptôme qu'un trouble en soi. On met trop d'emphase à combattre l'opposition elle-même, on diagnostique des troubles, mais on ne travaille jamais à chercher les causes», déplore le neuropsychologue Benoît Hammarrenger.

Dans son nouveau livre L'opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs, M. Hammarrenger met le doigt sur plusieurs facteurs qui peuvent amener un enfant à s'opposer. Celui-ci peut être anxieux ou surdoué. Il peut réagir à un conflit familial ou seulement chercher sa place au sein de la fratrie.

«Un enfant anxieux, par exemple, qui va vivre un stress toute la journée à l'école a beaucoup de chances d'exploser le soir, devant sa mère qui lui interdit un biscuit avant le souper», illustre M. Hammarrenger. Mais si les parents ne font que punir l'enfant pour son mauvais comportement, ils n'enrayent pas la source du problème et les crises continuent.

Selon les statistiques actuelles, 3 à 5 % des enfants québécois seraient atteints d'un trouble de l'opposition. Mais M. Hammarrenger croit qu'un surdiagnostic explique ces chiffres. Peu d'enfants ont, de façon innée, dans leur personnalité, un tempérament méchant ou vengeur, qui va les pousser à ne jamais respecter les consignes. «Ils sont rares, mais ces enfants ne cherchent pas l'approbation de l'adulte, à se faire féliciter. Depuis toujours, ils n'ont pas cherché à être aimés. Ce qui est très différent qu'un enfant qui s'oppose pour avoir de l'attention ou parce qu'il est malheureux dans telle ou telle situation», explique le neuropsychologue, qui s'était attaqué il y a quelques années au surdiagnostic du trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH).

Le nouveau livre de Benoît Hammarrenger, <em>L'opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs </em>

De plus en plus de consutations

Peu présent dans les médias, le trouble de l'opposition fait toutefois beaucoup jaser dans les foyers. «Les parents sont de plus en plus nombreux à consulter pour ça. Souvent, le problème survient seulement au sein de la cellule familiale. Alors qu'il est une terreur à la maison, l'enfant est perçu comme un ange à l'école ou dans une fête d'amis», décrit M. Hammarrenger.

Ces comportements sont néanmoins dévastateurs pour les familles. Les parents sont rapidement essoufflés, désemparés et l'harmonie avec les frères et les soeurs est compromise. «J'ai déjà vu des cas extrêmes où une petite fille frappait sa mère là où elle avait mal et où un petit garçon a passé un micro-ondes par la fenêtre», raconte M. Hammarrenger. Parfois, les comportements d'opposition peuvent mener à la séparation des parents, qui ne s'entendent plus sur la façon de «gérer» leur enfant.

Mais avant d'arriver à des situations catastrophiques, le livre de M.Hammarrenger indique des pistes de solution, selon les différentes causes de l'opposition. Selon le spécialiste, l'opposition est souhaitable lors de deux phases de la vie : entre deux et quatre ans, où l'enfant comprend qu'il peut dire non, et à l'adolescence, où le jeune établit quel genre d'adulte il a envie d'être. Il faut se questionner lorsque l'opposition perdure entre ces deux phases.