Trucs pour mieux apprendre: adapter ses jeux de société

Les études sont formelles : l'implication des parents dans le parcours scolaire des enfants favorise leur réussite. Oui, mais comment faire? Comment les aider dans leurs devoirs, comment les motiver tout en ne devenant pas un deuxième prof? Pour la rentrée, Le Soleil a consulté des spécialistes de la question. Les prochains lundis de septembre, elles nous partagent leurs trucs. 2e de 5


Ce Candy Land adapté permet à l'enfant d'apprendre les différentes déclinaisons du verbe avoir ou être tout en passant un bon moment en famille.

Pourquoi se contenter de jouer à un jeu de société quand on peut, du même coup, réviser une matière plus difficile?

Les orthopédagogues Joëlle Duchesne et Mélissa Bélanger ont modifié plusieurs jeux populaires à leur clinique d'apprentissage À petits pas de géants, à Québec, et le succès avec les enfants d'âge primaire a été instantané. 

«On varie les façons d'apprendre et ça permet à l'enfant de rester motivé», souligne Mme Bélanger. 

Par exemple, on peut enlever les parties du corps du jeu Opération et les remplacer par des petits bouts de papier, que l'enfant devra aller chercher avec la pince et qui contiennent des mots que l'enfant devra lire. 

«La mémorisation semble plus facile à partir du jeu, car l'enfant va associer son apprentissage au bon moment qu'il a passé à jouer en famille», ajoute Mme Bélanger. 

Avec Candy Land, chaque couleur sur le jeu peut représenter un temps de verbe. L'enfant peut ainsi pratiquer les différentes déclinaisons du verbe «être» ou «avoir».

Sur un jeu de Serpents et échelles, on peut apposer de petits velcros avec une notion à apprendre par coeur, par exemple les syllabes «ou», «or», «an», que l'enfant devra lire tout haut en arrivant sur la case. 

Avec le jeu Jenga, une tour formée de plusieurs morceaux de bois, on peut coller des questions adaptées à l'élève sur chaque morceau. Lorsque l'enfant enlève un morceau, il doit répondre à la question avant que le jeu ne se poursuive. 

Enfin, lancer deux dés est une façon efficace de réviser les additions, les soustractions ou les tables de multiplication. 

«Avec les jeux, on peut laisser aller notre imagination. Ça peut être une chasse au trésor dans la maison pour pratiquer les mots de vocabulaire, ou se lancer un ballon ou une balle en épelant chacun notre tour une lettre d'un mot», explique Mme Bélanger. 

Pour l'ergothérapeute et auteure Josiane Caron Santha, n'importe quel jeu de société peut être transformé, si bien que les parents n'ont pas à dépenser continuellement pour des jeux dits éducatifs. Un simple jeu de cartes peut aider un enfant à pratiquer ses angles, ses multiplications ou ses fractions. 

Selon elle, il ne faut pas cacher à l'enfant qu'on essaie de travailler telle ou telle matière à travers le jeu, mais plutôt les impliquer. «Ils sauront qu'on peut apprendre et vaincre des difficultés en s'amusant.»

Des parents avides d'information

Une nouvelle plateforme Web qui fournit des trucs aux parents de jeunes de 5 à 17 ans connaît déjà un grand succès. Plus de 40 000 personnes visitent chaque mois le site aidersonenfant.com, lancé en mars dernier. 

Carlo Coccaro, qui a démarré le projet, se réjouit de l'engouement et espère que le site Web devienne une référence dans les années à venir. «En éducation, le parent fait partie de la solution, mais personne n'a pour mission de l'aider [...] L'école a de la difficulté à faire ça», constate-t-il.

C'est pour combler cette lacune que le papa de garçons de 2, 5 et 7 ans a eu l'idée du site Web, qui regroupe des fiches d'information adaptées à chaque difficulté que l'enfant peut rencontrer dans son parcours scolaire. «On a réussi à convaincre une panoplie d'auteurs, de chercheurs et d'experts qui contribuent au contenu. C'est présenté simplement, sous forme de fiches, mais tout le contenu est validé scientifiquement», explique M. Coccaro. 

Par exemple, les parents peuvent faire des recherches selon l'âge de leur enfant et la matière qu'il étudie. Ils trouveront aussi des fiches d'activités ou de trucs comme «Pourquoi j'ai mal au ventre?», «Je classe les lettres» ou «Préparer la transition vers le secondaire». 

Comme entrepreneur, M. Coccaro distribue des logiciels d'aide à la lecture et à l'écriture dans les écoles depuis 11 ans. Sa conjointe est également enseignante. Pourtant, quand une difficulté est survenue avec un de leurs enfants, ils se sont sentis démunis comme parents. «S'il y a une famille au Québec qui devrait être outillée, c'est nous autres! Pourtant, on a eu de la difficulté à trouver des réponses», exprime-t-il. 

Un des grands défis des parents est de trouver leur place, le rôle qu'ils doivent jouer dans les apprentissages de l'enfant. «D'abord, c'est pas notre rôle d'enseigner la matière. Il faut encadrer son enfant, le motiver, poser les bonnes questions. Mais notre rôle, c'est pas d'avoir les réponses», soumet M. Coccaro. 

Selon lui, le parent doit plutôt faire en sorte de développer l'autonomie de l'enfant en lui donnant des trucs pour se concentrer et assimiler la matière, par exemple.

Des questions?

Vous avez des questions qui concernent l'apprentissage de votre enfant ou votre rôle en tant que parent? Le Soleil tentera d'y répondre le mieux possible en contactant des spécialistes au cours des prochaines semaines. Envoyez-nous vos questions à pcloutier@lesoleil.com.