Jenny Lévesque: du grain de sable au bois flotté

Les lampes d'ambiance conçues par Jenny Lévesque sont composées à 90 % de matières recyclées.

Quand Jenny Lévesque se promène sur les plages de sa Haute-Gaspésie natale, tous les objets rejetés par la mer peuvent être prétextes à la création artistique. Dans sa quête, l'artiste revient à son atelier les bras chargés de bois flotté, de sable et d'algues, mais aussi parfois de vieux ressorts de matelas rouillés, d'anciens pots de chambre, de pièces d'auto ou de tissus. Tous ces objets recyclés lui parlent. Ils deviendront des lampes d'ambiance, des appliques murales, des bijoux, des bougeoirs ou des toiles.


<p>Jenny Lévesque</p>

Jenny Lévesque

(Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier/Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier)

<p><span>U</span>ne lampe d'ambiance réalisée avec des matériaux récupérés sur une plage de la Haute-Gaspésie. </p>

Une lampe d'ambiance réalisée avec des matériaux récupérés sur une plage de la Haute-Gaspésie. 

(Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier/Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier)

«C'est la manne, s'exclame l'artiste de Sainte-Anne-des-Monts. Je me promène sur la plage et c'est l'abondance de matériel pour très peu de frais!» Au gré du message que lui suggèrent les morceaux de bois polis par le mouvement des vagues, ses créations peuvent illustrer ou non des formes réalistes. «Parfois, il y a un animal qui s'impose de lui-même, décrit Jenny Lévesque en exhibant une de ses lampes d'ambiance, d'où se profile un pélican. Parfois, c'est évident. Le grain du bois parle.»

Les algues qu'elle cueille, qu'elle rince et qu'elle fait sécher deviendront les cheveux, la jupe, le manteau ou les ailes de ses personnages imaginaires. «Ce que j'aimerais éventuellement, ce serait de faire du papier avec les algues», ajoute la Gaspésienne qui signe sous le pseudonyme de Jazizou.



À ses toiles, elle intègre des grains de sable, des cordages ou des tissus qu'elle trouve aussi sur la plage. «J'utilise tout ce que je peux utiliser, dit-elle. Avec très peu de choses, on peut faire des oeuvres d'exception, des objets uniques. Puis, ça permet aussi de donner une seconde vie aux objets.»

Jenny Lévesque fait aussi des impressions de photos sur le bois flotté. «J'imprime la photo sur un papier très poreux avec une encre bien ordinaire, explique-t-elle. Après ça, avec une sorte de colle, je badigeonne la photo et je la tourne sur un morceau de bois. Je laisse ça là quelques heures. Ensuite, je gratte le papier et la photo est transférée sur le bois. La photo n'est pas claire. L'image est suggérée. Ça donne un beau résultat.»

<p>Une applique murale fabriquée à partir de bois flotté. Les cheveux et la jupe du personnage sont des algues. Les morceaux de tissus sont trouvés sur la plage.</p>

Une applique murale fabriquée à partir de bois flotté. Les cheveux et la jupe du personnage sont des algues. Les morceaux de tissus sont trouvés sur la plage.

(Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier/Photo collaboration spéciale, Johanne Fournier)

Même si elle peut faire des portraits, l'artiste préfère peindre des toiles dont le style un peu naïf et très coloré leur confère une signature singulière. La lumière vive et riche, les couleurs pures à peine diluées ainsi que les textures de bois, de cordage et de sable en font des oeuvres uniques. «C'est toujours représentatif de la nature, de la mer, de la vie ici en Haute-Gaspésie, décrit Jazizou. Je peins aussi beaucoup des personnages qui jouent de la musique, qui sont épanouis et heureux, qui sentent le vent, qui sont attentifs à tout ce qui les entoure. J'ai envie que quand on regarde mes oeuvres, qu'on ait un petit sourire, qu'on sente un apaisement, qu'on se sente bien.»

Si Jenny Lévesque illustre des musiciens, c'est parce que la musique fait aussi partie de sa vie et de son parcours. Auteure-compositrice-interprète, la femme de 42 ans chante et joue tout autant de la guitare que de l'accordéon. Pendant plus de sept ans, à l'époque où elle vivait à Montréal, elle faisait partie du groupe Bernadette Bar-Tabac, qui se produisait un peu partout au Québec. C'est sans doute son âme de musicienne qui l'a poussée à imaginer des pieds de guitare en bois flotté. Un guitariste qui possède un tel objet est assuré de son exclusivité!



Jenny Lévesque est, depuis quelques années, technicienne en éducation spécialisée pour un centre de réadaptation en dépendances. Sa pratique artistique apporte beaucoup à sa profession. «C'est un exutoire, admet-elle. En toxicomanie, des fois, c'est lourd. Donc, c'est un bon moyen de gérer les émotions.» Pendant qu'elle récolte son bois flotté et ses autres résidus de mer insolites, elle fait «de l'espace dans sa tête». «Ça me permet de garder mon équilibre, estime-t-elle. C'est apaisant.»

Pour communiquer avec Jenny Lévesque, alias Jazizou: Facebook (https://www.facebook.com/jazizou/?fref=ts) ou jennylevesque73@gmail.com.