La bibliothèque, la nuit de Lepage à Québec

Le Musée de la civilisation vient de réussir un beau coup d'éclat. Il présentera, dès le 12 octobre, La bibliothèque, la nuit, la formidable exposition en réalité virtuelle conçue par Robert Lepage et Alberto Manguel. La version québécoise bénéficiera d'un ajout de taille : un florilège de livres rares de la bibliothèque du Séminaire de Québec, qui sera récréée pour l'occasion, dont l'extraordinaire Livre des oiseaux Audubon. «Ça va être exceptionnel», s'enthousiasme le dg Stéphan La Roche. Avec raison.

Québec aura donc droit à son automne Lepage. Le célèbre créateur présentera d'abord 887, sa dernière création, au Trident, à guichets fermés. La bibliothèque, la nuit prendra le relais.

L'expo était composée, à l'origine, d'une visite virtuelle, en immersion 360 degrés, de 10 bibliothèques réelles et imaginaires (dont celle du capitaine Nemo) à travers le monde, la nuit. Lepage a voulu incarner les idées du livre du même nom de Manguel.

Le résultat est déroutant. Le visiteur pénètre d'abord dans la bibliothèque de l'auteur d'Une histoire de la lecture. Après une courte mise en contexte, il est invité dans une immense pièce représentant une forêt, remplie de tables et de chaises pivotantes. Il chausse alors lunettes et casque de vision pour commencer son exploration sensorielle. Au gré de son inspiration, il visite les bibliothèques d'Alexandrie, du Congrès à Washington, du parlement canadien et même celle du capitaine Nemo. Dans chaque lieu, des personnages grandeur nature servent de guide.

La bibliothèque, la nuit a d'abord été présentée à Montréal pour le 10e anniversaire de la Grande bibliothèque, à l'initiative de BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) et d'Ex Machina, la compagnie de Lepage. Le Musée de la civilisation a rapidement été mis dans le coup par son voisin - les deux institutions se côtoient sur Dalhousie -, mais des contraintes d'horaire ont retardé sa présentation ici.

La capitale ne perdait rien pour attendre. Le Musée a tenu à bonifier l'offre et ajouter «sa touche très québécoise», indique M. La Roche. Comme elle est la dépositaire des collections du Séminaire, l'institution muséale a pu puiser dans ses oeuvres rares.

Éditions rares

Une soixantaine d'ouvrages et d'objets de «cette bibliothèque exceptionnelle» seront donc offerts au public, dans une salle où débutera et se conclura la visite. À commencer par l'édition originale d'Audubon, l'un des livres les plus chers du monde, qui tient d'ailleurs la vedette du segment en réalité augmentée sur la biblio du parlement. D'autres exemples : une édition rare de Don Quichotte en espagnol de 1662; l'encyclopédie de Diderot de 1751; les poésies complètes de Nelligan de 1899; le traité de chimie de Lavoisier de 1796; un dictionnaire de langue iroquoise et même un index des livres interdits par la religion catholique.

Il s'agit d'une deuxième collaboration entre les deux voisins. Robert Lepage y avait créé, en 2000, Métissages, qui portait sur la mondialisation des cultures et l'interdisciplinarité. «Retravailler avec lui et son équipe, c'est un vrai plaisir», témoigne Stéphan La Roche.

La bibliothèque, la nuit sera présentée du 12 octobre au 2 avril 2017.