À l'heure actuelle, l'immigration demeure avant tout un phénomène à connotation économique, c'est-à-dire que le Québec choisit majoritairement les immigrants en fonction de leur contribution potentielle à notre économie. En effet, parmi l'ensemble des immigrants qui déposent leurs valises ici, 51 % possèdent un diplôme universitaire, contre 19 % pour la population canadienne. Les immigrants constituent donc un formidable moteur économique et contribuent à notre richesse collective.
Toutefois, les conditions visant à développer pleinement ce potentiel ne sont pas encore mises en place de façon optimale. Le processus d'immigration étant déjà fastidieux, la situation des personnes immigrantes, une fois arrivées au Québec, n'est pas toujours à la hauteur de leurs attentes et espoirs. Leurs revenus n'augmentent pas aussi rapidement que ceux des citoyens nés au Québec. Même constat pour leur taux de chômage, presque deux fois plus élevé que celui des natifs d'ici. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation, dont le manque de reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger, le manque de reconnaissance de l'expérience professionnelle acquise à l'étranger et la discrimination à l'embauche.
Pourtant, le Québec a tout à gagner à bien intégrer les immigrants sur le marché du travail. Si les nouveaux arrivants occupaient un emploi à la mesure de leur potentiel, l'économie canadienne compterait 370 000 travailleurs de plus et leurs revenus croîtraient de 30,7 milliards de dollars, soit 2,1 % du PIB.
La clé d'une intégration réussie n'étant pas uniquement économique, nous pensons que les nouveaux citoyens, avec leur capital humain, leur expérience, leur histoire et leurs rêves, peuvent aussi contribuer à l'épanouissement de notre société, tant dans les domaines linguistique et social que culturel et politique.
Et c'est justement dans cette perspective holistique de l'intégration qu'a été imaginé le Salon de l'immigration et de l'intégration au Québec, qui cherche depuis cinq ans à favoriser l'ouverture et l'acceptation en offrant un carrefour d'échanges entre les nouveaux arrivants québécois et des centaines d'organismes et entreprises québécoises.
Avec 30 % des nouveau-nés québécois ayant au moins un parent natif d'un autre pays, l'établissement d'un dialogue collectif aujourd'hui nous semble en effet essentiel pour construire la société de demain.
En tant que société, qu'arriverait-il si nous ouvrions nos bras à ces nouveaux arrivants?
Jonathan Chodjaï, président d'Immigrant Québec et fondateur du Salon de l'immigration et de l'intégration au Québec