Pour le président-directeur général d'Exceldor, René Proulx, la question ne se pose même pas. Fondée en 1945, la coopérative spécialisée dans la transformation et la commercialisation de volaille a résolument pris le virage de la croissance.
«Sans cette croissance, Exceldor aurait été marginalisée à moyen et long terme. Nous serions aujourd'hui une entreprise plus vulnérable au plan financier et concurrentiel.»
Au Canada, Exceldor détient 16 % des parts de marché dans le poulet et 20 % dans celui du dindon. Ses produits sont vendus sous les noms des marques de commerce Exceldor et Butterball.
Pour en arriver à faire exploser son chiffre d'affaires de 284 à 690 millions $ de 2006 à 2015, Exceldor - qui possède cinq usines au Québec et en Ontario dont sa principale à Saint-Anselme - a investi 247 millions $ pour réaliser des acquisitions stratégiques et de nouvelles immobilisations. En 2007, Exceldor mettait le grappin sur Volailles Grenville. En 2013, la coopérative inaugurait une usine de surtransformation de 31 millions $ à Saint-Bruno-de-Montarville.
«Nous manquions de volumes pour faire tourner nos usines et nous voulions élargir notre offre de produits pour ajouter de la valeur à ce que nous faisions», a expliqué René Proulx, qui était l'invité, jeudi, de la Chambre de commerce et d'industrie de Québec.
Bouffer ses compétiteurs
Exceldor, dont le siège social est situé à Lévis, n'avait pas le choix de s'adapter à l'environnement en pleine transformation de ses clients, notamment ceux du secteur de l'alimentation.
La consolidation dans cette industrie a fait en sorte qu'il ne reste plus cinq joueurs. Cinq gros joueurs : Loblaw's, Sobeys, Metro, Costgo et Walmart.
«Il fallait se donner un meilleur rapport de force pour continuer de faire affaire avec ces mégaclients et répondre à leurs exigences.»
Exceldor, qui joue du coude dans le marché de la volaille au Canada avec les Aliments Maple Leaf, Olymel, Sofina Foods et Maple Lodge Farms, devait donc prendre du poids.
«Nous étions trop petits. Je pense que nous sommes encore trop petits pour servir ces clients-là», a affirmé M. Proulx.
Et c'est justement pourquoi Exceldor veut continuer à faire sauter la balance! Elle le fera notamment en bouffant des compétiteurs.
Des transformateurs de volaille au Canada, il y en a aujourd'hui 40 % de moins qu'il y a 10 ans. Et de l'avis du pdg d'Exceldor, il y a encore trop.
«Au Canada, la consolidation va se poursuivre au cours des prochaines années. Actuellement, il n'y a pas de joueurs dominants dans notre marché, comme c'est le cas, par exemple, dans le lait avec Agropur, Saputo et Parmalat. Ça arrivera tôt ou tard.»
Est-ce qu'Exceldor sera l'un de ces joueurs dominants?
La réponse de René Proulx est claire. «Notre intention est de poursuivre notre croissance au Canada. Nous avons aujourd'hui la capacité pour le faire. Nous allons y aller de façon responsable, comme nous l'avons fait pour nos acquisitions.»
Au Canada d'abord
Pour le moment, la coopérative n'entend pas s'aventurer sur les marchés extérieurs. Il y a encore de place pour de l'expansion au Canada.
D'autant plus que les Canadiens mangent aujourd'hui plus de poulet qu'auparavant, au détriment du boeuf principalement. «De 15 kilos par habitant par année en 1980, leur consommation a bondi à 30,9 kilos ces dernières années», a souligné l'heureux patron d'Exceldor.
Exceldor, c'est :
254
producteurs propriétaires
690 M$
de chiffre d'affaires en 2015
2200
employés
1,6 million
de poulets transformés par semaine