Rituels : un concept qui arrive pile-poil

Michael Carpentier, propriétaire de Rituels, une boutique de produits de rasage dans le quartier Saint-Roch.

En ouvrant Rituels, sa boutique de produits de rasage, dans le quartier Saint-Roch en novembre dernier, Michael Carpentier avait la ferme conviction que les ventes comptabilisées dans son nouveau commerce n'affecteraient pas celles réalisées en ligne auprès de ses clients depuis 2011.


<p>Aujourd'hui, Rituels réalise 60 % de son chiffre d'affaires par l'intermédiaire de sa boutique, qui propose également un service de barbier et de coiffeur.</p>

Aujourd'hui, Rituels réalise 60 % de son chiffre d'affaires par l'intermédiaire de sa boutique, qui propose également un service de barbier et de coiffeur.

(Le Soleil, Erick Labbé/Le Soleil, Erick Labbé)

Les commerçants qui utilisent Internet pour offrir leurs produits sont souvent hésitants à avoir pignon sur rue, de peur de cannibaliser leurs ventes. Et de se retrouver, en plus, avec un bail sur les bras.

Même crainte de la part des détaillants qui jurent que le commerce en ligne ne leur rapportera pas de ventes supplémentaires.

«Un mois après l'inauguration de la boutique sur la rue Saint-Joseph, nos ventes en ligne grimpaient de 40 %. Deux mois plus tard, elles progressaient de 46 %. Puis, en janvier, les ventes en ligne bondissaient de 196 % par rapport à la même période l'an dernier», exposait, plus tôt cette semaine, Michael Carpentier à l'occasion d'un petit-déjeuner de partage et de discussion organisé par l'incubateur-accélérateur technologique Le Camp pour des jeunes entrepreneurs de la région de Québec.

«La boutique nous a permis de renforcer les liens avec nos clients. Elle est devenue un panneau publicitaire pour nos ventes en ligne. Les consommateurs viennent toucher à nos produits. Et les sentir. Ça les rassure. Ils ont l'impression que s'il y avait quelque chose qui n'allait pas avec nos produits, ils pourraient toujours débarquer à la boutique.»

Aujourd'hui, Rituels réalise 60 % de son chiffre d'affaires par l'intermédiaire de sa boutique, qui propose également un service de barbier et de coiffeur.

«Nos deux canaux de vente se complètent. Les deux vont bien. Ils sont rentables séparément. Et ils le sont plus les deux ensemble.»

Pas assez ambitieux!

Avec l'avènement de sa boutique, Michael Carpentier prévoyait un accroissement d'environ 65 % de ses ventes totales.

«J'étais carrément dans le champ gauche», reconnaît-il.

Sa cible, il l'a raté. Et pas à peu près.

Dans les faits, la progression des ventes affiche plutôt 651 % depuis novembre. «J'étais ambitieux, mais pas assez, de toute évidence.»

Selon lui, il faut se méfier des prophètes de malheur qui prédisent le chant du cygne pour les ventes en magasin.

«En 2014, aux États-Unis, les achats en ligne ne représentaient que 10,8 % des ventes totales. Avouons que nous sommes loin de l'hécatombe. Et selon les prévisions les plus sérieuses, elles n'atteindront même pas le cap de 20 % d'ici 2030. D'ici là, nous avons le temps de nous préparer.»

À son avis, ce qui «tue» la vente au détail, «c'est le mauvais service, l'absence de personnalité d'une marque, le manque d'expertise en marketing et l'ignorance des outils numériques disponibles».

Bien plus que le commerce en ligne.

À l'origine, des irritations au visage

C'est essentiellement «pour s'amuser et pour apprendre» que Michael Carpentier avait investi 5000 $ en 2011 pour acheter des produits de rasage qu'il allait vendre en ligne.

«Je me disais que si ça ne marche pas, au moins, j'aurais des produits en masse pour me raser au cours des 25 prochaines années!»

À l'époque, le spécialiste en marketing numérique bossait comme consultant. Au cours de sa carrière, il avait mis au monde deux agences: Zengo et Sigmund.

«En me rasant, j'avais souvent des irritations au visage. En faisant des recherches sur le Web, je ne trouvais rien sur le marché au Canada et encore moins au Québec. Par contre, les produits de rasage abondaient aux États-Unis.»

L'entrepreneur y a vu une opportunité.

À son avis, il y avait, au Canada, un marché lucratif pour des produits de rasage durable et de haute qualité. Des rasoirs. Des lames. Des blaireaux. Des hydratants. Des peignes et des brosses.

Les affaires ont déboulé tellement vite pour Michael Carpentier qu'il a décidé, en 2015, de tirer sa révérence du monde de la consultation en 2015 pour consacrer tout son temps et toute son énergie à Rituels.

Les occasions d'affaires pleuvent.

Des investisseurs cognent à sa porte. Il dit ne pas rechercher de l'argent à tout prix. Il apprécierait, par contre, du smart money venant d'un investisseur qui lui apporterait une expertise complémentaire.

Michael Carpentier a plusieurs chaudrons sur le feu. L'ouverture d'une deuxième boutique à Québec, probablement en banlieue, et d'une autre quelque part au Canada. Une version anglaise de son site Web. L'agrandissement de l'entrepôt. «Nous avons été approchés par le populaire détaillant de vêtements pour hommes en ligne Frank & Oak pour vendre leurs produits.»

Entre-temps, il continue de peaufiner son modèle d'affaires et d'innover pour s'assurer de l'engagement et de la fidélité d'une clientèle grandissante.

Ça passe, notamment, par une présence active sur Facebook et Instagram, la publication d'un journal dévoilant tous les secrets du rasage, le remboursement d'une partie de frais de stationnement dans le quartier Saint-Roch, des rabais offerts après un achat et par l'envoi d'un petit mot personnalisé ou d'échantillons aux clients.