Ce n'est pas la fin du monde: à l'état pur

Pendant une heure, les danseurs de Ce n'est pas la fin du monde se sont plongés avec aisance dans cette chorégraphie étudiée dans les moindres détails.

CRITIQUE / Quand est venu le temps de concevoir le spectacle Ce n'est pas la fin du monde, le chorégraphe montréalais Sylvain Émard a choisi de s'appuyer uniquement sur la force de la danse. Pas de projection d'images, d'effets de lumière extravagants ou de décors étoffés ici, mais plutôt une ode à la puissance et à la signification du geste.


Comme seul élément de décor : une structure un peu désorganisée de boîtes de carton vides, suspendue au plafond. On devine une référence au fait que la pièce se déroule dans un état d'urgence. Des faisceaux lumineux provenant de projecteurs traversent tous ces cubes, donnant lieu à de belles zones d'ombre et de lumière sur scène.

Pendant une heure, les danseurs de Ce n'est pas la fin du monde se sont plongés avec aisance dans cette chorégraphie étudiée dans les moindres détails.

Émard a fait de Ce n'est pas la fin du monde une pièce uniquement masculine. Sept danseurs aux physiques distincts - un reflet de la société - s'emparent de la scène pour faire valoir l'homme comme individu et comme élément d'un groupe. Ils se présentent d'abord comme des étrangers d'une grande ville pour ensuite échanger en duos ou en groupe. 

On a apprécié la subtilité utilisée par Émard pour véhiculer son propos. Mais on aurait tout de même aimé sentir davantage d'émotions de la part des interprètes (leur rage de vivre, leurs peurs, leurs failles face au questionnement existentiel exposé), l'ensemble demeurant somme toute un peu lisse, excepté vers la fin où leur détresse est évidente.

Vocabulaire riche

La richesse du vocabulaire d'Émard réussissait toutefois à maintenir notre intérêt. Pendant une heure, les danseurs se sont plongés avec aisance dans cette chorégraphie étudiée dans les moindres détails.

La précision des interprètes est d'ailleurs à souligner. Coup de coeur pour le danseur Manuel Roque (vêtu d'une chemise bleue), dont la fluidité du solo à mi-parcours sur des notes de piano nous a subjugués. L'univers d'Émard semblait être une seconde peau pour cet interprète qui a aussi fait sa marque dans des oeuvres de Marie Chouinard, Dominique Porte et Paul-André Fortier.

Avec Ce n'est pas la fin du monde, Sylvain Émard signe sa 30e oeuvre, lui qui a fondé sa compagnie il y a 25 ans. En 2009, il créait au festival TransAmériques de Montréal Le Grand continental, inspiré de la danse en ligne du même nom, et qui a rallié plus de 1000 danseurs amateurs au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Émard a aussi collaboré avec le dramaturge Robert Lepage en 2005 sur l'opéra 1984 de Lorin Maazel. 

Ce n'est pas la fin du monde est présenté de nouveau mercredi soir au théâtre La Bordée.