Napoléon C. Woo: l'escalier comme terrain de jeu

Napoleon Woo, proprio du Wok'n'Roll et spécialiste du Stair Climbing.

Si Napoléon C. Woo doit atteindre le cinquième étage d'un bâtiment, pas question d'utiliser l'ascenseur. Ce serait une insulte à son sport, le tower running. Car pour l'homme de 58 ans originaire de Québec, les escaliers n'ont pas qu'une valeur utilitaire, ils constituent un terrain de jeu, un mode de vie.


<p>Limité par la distance à parcourir afin de participer aux courses internationales, Napoléon C. Woo choisit ses courses avec soin et n'en fait que quelques-unes par année.</p>

Limité par la distance à parcourir afin de participer aux courses internationales, Napoléon C. Woo choisit ses courses avec soin et n'en fait que quelques-unes par année.

(Le Soleil, Erick Labbé/Le Soleil, Erick Labbé)

Dans 10 jours, Napoléon C. Woo s'envolera vers Paris pour participer à la toute première Verticale de la tour Eiffel, qui consiste en 1665 marches à gravir, pour un dénivelé positif de 279 mètres.

Quarante athlètes élite ont été sélectionnés pour y participer, dont un seul Canadien, M. Woo. «En Amérique du Nord, on est juste trois à avoir eu une invitation», précise-t-il. Il est également le plus vieux inscrit.

Méconnu à Québec, le tower running (ou stair climbing) fait de plus en plus d'adeptes à l'échelle mondiale. Les plus passionnés sont prêts à faire le tour du monde pour aller se mesurer à leurs plus redoutables adversaires.

Limité par la distance à parcourir afin de participer aux courses internationales, Napoléon C. Woo choisit ses courses avec soin et n'en fait que quelques-unes par année. Il n'en est pourtant pas moins compétitif, et assure qu'il n'est pas intimidé par les meilleurs tower runners du monde. Pas plus que par ses compétiteurs plus jeunes.

Sa fille, Jaime Kate Woo, qui est elle aussi une adepte du tower running, acquiesce. «Même si tu ne considères pas son groupe d'âge, il est très fort en général.»

En 2014, M. Woo a terminé premier de son groupe d'âge aux Championnats européens de tower running, après trois jours de courses dans trois pays différents, soit l'Autriche, la République tchèque et la Slovaquie.

«Dans mon groupe d'âge, je suis certain que je suis dans les cinq premiers au monde», mentionne-t-il. Mais puisqu'il fait beaucoup moins de courses que d'autres athlètes du circuit, son classement mondial n'est pas représentatif de ses aptitudes athlétiques.

«Il y a deux ans, j'ai fait beaucoup de courses. J'ai monté jusqu'au 64e rang, mais je battais des gars autour de la 30e position. C'est pas juste! [...] Sauf que le gars au 30erang, il le sait. Quand il me voit arriver, il sait qu'il est dans la merde.»

Compétitif dans l'âme, les yeux de M. Woo s'illuminent d'ailleurs lorsqu'il parle de ses courses, de ses performances, de ses adversaires.

De New York à Shanghai

Au fil des années, il a escaladé l'Empire State Building et le Rockefeller Center, à New York, la Tour Willis, à Chicago, et le Centre mondial des finances, à Shanghai. C'est dans ce dernier gratte-ciel qu'il y a trois ans, Napoléon C. Woo a terminé au sixième rang cumulatif - et au premier rang dans sa catégorie d'âge- après avoir franchi les 2754 marches le séparant du sommet. Un immeuble de 101 étages franchi en 21 minutes et 41 secondes.

«C'est ma course la plus mémorable, parce que je ne m'attendais pas à finir aussi haut dans le classement.»

Une autre course dont il se souviendra longtemps est celle de huit heures, organisée par la Faculté de médecine de l'Université Laval. Il y a gravi 57 fois les 398 marches de l'escalier du Cap-Blanc. Inutile de spécifier qu'il a remporté l'épreuve!

«Ça, j'étais content, surtout contre des étudiants! C'est le fun battre des étudiants!»

Compétitif, je vous disais.

Napoléon C. Woo a commencé le tower running à l'âge de 15 ans. Ancien adepte de l'athlétisme, il utilisait les marches pour se réhabiliter lors de blessures.

Aujourd'hui, il s'entraîne au Cap-Blanc, et dans l'escalier de service de l'édifice Marie-Guyart. À son meilleur, il prenait 4 minutes et 1 seconde pour en escalader les 31 étages.

Sa philosophie : «s'entraîner intelligemment». «Durant l'été, je fais ma base, je revois toute mon année. Pas nécessairement pour aller vite, mais pour éviter des blessures, pour renforcer les joints. Tous les sportifs sont censés faire ça, des agendas.»

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<p>Lorsqu'il ne s'entraîne pas, Napoléon C. Woo s'investit dans le restaurant familial, le Wok 'n' roll, qu'il possède avec sa fille Jaime Kate. </p>

Lorsqu'il ne s'entraîne pas, Napoléon C. Woo s'investit dans le restaurant familial, le Wok 'n' roll, qu'il possède avec sa fille Jaime Kate. 

(Le Soleil, Erick Labbé/Le Soleil, Erick Labbé)

Les trois générations du Wok n roll

Napoléon Woo est né et a toujours vécu dans le quartier Saint-Roch. Lorsqu'il ne s'entraîne pas, l'athlète d'origine chinoise s'investit dans le restaurant familial, le Wok n roll, qu'il possède avec sa fille Jaime Kate.

Initialement nommé Woo's House, l'emblématique restaurant du boulevard Charest a ouvert ses portes à la fin des années 50. Le père de Napoléon en était alors le propriétaire. Après avoir oeuvré comme coiffeur à Québec pendant près de 30ans, Napoléon Woo a pris la relève de l'entreprise familiale il y a 10 ans, aux côtés de Jaime Kate, qui y a travaillé toute sa vie.