Agriculture urbaine: plaidoyer pour une ceinture verte à Beauport

Les terrains des Soeurs de la Charité, qui viennent d'être vendus au promoteur Michel Dallaire, ont une grande valeur agricole pour l'UPA, qui croit qu'un développement résidentiel et commercial contribuera à l'étalement urbain et à la perte de terres agricoles cultivables.

Le propriétaire d'une vaste terre agricole voisine du terrain des Soeurs de la Charité propose de créer une ceinture verte à Beauport afin de sauver l'agriculture en ville à Québec.


Dans une lettre ouverte acheminée au Soleil, Denis Bédard, de la ferme Bédard et Blouin, dénonce le «sacrifice rapide» des terres des Soeurs de la Charité et invite les citoyens à se tenir debout pour une réflexion sur la place de l'agriculture dans nos villes.

Le lot vendu par les Soeurs de la Charité inclut, selon M. Bédard, deux terrains : un immense longeant l'avenue Bourg-Royal et un plus petit de 40 hectares, voisin de la ferme Bédard et Blouin, situé un peu plus à l'est sur le boulevard Louis-XIV.

Plutôt que le projet de développement immobilier philanthropique de l'homme d'affaires Michel Dallaire, M. Bédard propose de protéger le terrain des Soeurs de tout développement immobilier en créant une ceinture verte qui inclurait également son terrain de 120 hectares et le secteur boisé voisin qui appartenait au Camp Bourg-Royal jusqu'à sa vente à la Ville cet été. «On peut être plus imaginatif que les solutions proposées actuellement.»

M. Bédard se désole que la Ville soit prête à sacrifier une immense terre agricole dont les 40 cm de sol arable ont pris 5000 à 7000 ans à être créés, alors qu'ailleurs dans le monde, des villes font des pieds et des mains pour en recréer. «J'estime que les 6500 habitations construites pour loger 20 000 personnes vont retirer le potentiel de cette terre-là aux 550 000 autres», explique-t-il. «C'est avec la terre qu'on nourrit le monde.»

L'agriculteur se montre très critique envers Régis Labeaume, un maire «économique, commercial et populaire», dont l'attitude envers l'agriculture frôle le mépris.

«Je m'étonne que, lors des voyages à l'étranger de nos élus, personne ne se soit attardé à l'ampleur des espaces verts qui existent pour nourrir le corps et l'âme, mais qu'on y ait plutôt remarqué un carrousel et un miroir d'eau à Bordeaux. On aura l'air de quoi en sacrifiant ces terres agricoles pour y mettre des maisons en rangées? De l'Accent d'Amérique?»

Denis Bédard souligne également que, contrairement à ce que le maire prétend, le terrain des Soeurs est encore activement cultivé. Selon lui, la société Semican y produit des semences de céréales distribuées jusqu'à New York et Dubaï. Le terrain des Soeurs est particulièrement pratique pour eux, explique-t-il, car la production de semences ne peut se faire à proximité d'autres cultures.