Les cochenilles à carapace: sournoises et méchantes

Les cochenilles à carapace sont assez visibles sur une feuille verte, mais se confondent avec l'écorce lorsqu'elles se trouvent sur une branche ou sur un tronc.

Le problème des cochenilles à carapace, aussi appelées cochenilles à coque, cochenilles à bouclier ou kermès, est qu'elles sont si bien camouflées. L'insecte mature est couvert d'une carapace en forme de bouclier qui peut être bombée ou presque plate, brune, grise, verte ou transparente, en forme d'ovale, de virgule ou d'écailles d'huître. Elles ont souvent l'air de faire partie de l'écorce de la plante ou on les prend pour de petites bosses ou des gouttes de sève asséchées. On confond même celles qui investissent les fougères avec des sporanges (organes producteurs de spores)!


Un truc pour savoir si une petite bosse fait partie de la plante ou non : donnez-lui une chiquenaude. Si elle reste sur la plante, elle en fait partie; si elle se détache, c'est une cochenille.

L'infestation débute généralement aux endroits peu visibles de la plante avant de s'étendre à la grandeur. La plante infestée continue habituellement à pousser normalement au début, mais éventuellement avec moins de vigueur, puis les feuilles jaunissent peu à peu. Souvent, c'est l'écoulement de miellat, une substance claire et collante qu'elles dégagent sur les feuilles et les objets proches, qui réveille les soupçons, doublement quand ce miellat se couvre de fumagine, un genre de moisissure noire.

Bizarre d'insecte

Les cochenilles à carapace ressemblent à peine à des insectes. Elles n'ont pas d'antennes, d'ailes ni de pattes visibles et vivent fixées sur sa plante hôte. L'espèce la plus commune sur les plantes d'intérieur est la cochenille des Hespérides (Coccus hesperidium), à la carapace bombée ovale brune ou brun roux de 2,5 à 4 mm. Cette cochenille est généraliste et s'attaque à presque toutes les plantes d'intérieur. D'autres cochenilles sont spécifiques à un seul groupe de plantes. Certaines ne touchent, par exemple, que les orchidées, ou les broméliacées ou les fougères.

Distinguons maintenant les cochenilles à carapace des cochenilles farineuses, un autre insecte ennemi de nos plantes d'intérieur. Les deux sont proches parentes, mais les cochenilles farineuses sont blanches et semblent couvertes d'ouate. Encore plus évident, elles ont des pattes et se déplacent quand on les dérange, alors qu'une cochenille à carapace ne bouge pas.

Comment un insecte sans pattes se déplace-t-il?

Il est curieux de comprendre comment un insecte immobile et sans pattes puisse infester nos plantes. Mais la cochenille à carapace est mobile... dans sa jeunesse. Les nymphes, appelées «baladeurs», naissent d'oeufs cachés sous la carapace de leur mère. Les baladeurs sont si minuscules qu'ils sont rarement vus. Ils se promènent pendant deux ou trois jours, puis se fixent pour le reste de leur vie sur une nouvelle tige ou feuille. Les nymphes peuvent facilement ramper d'une plante à une autre pour commencer une nouvelle colonie. Et il y a plusieurs générations par année. Une seule cochenille qui s'échappe au traitement peut donner jusqu'à 20 000 cochenilles en une seule année.

Dans la nature, les nymphes sont souvent portées de plante en plante par le vent, les oiseaux ou les fourmis (certaines fourmis en font même l'élevage afin de récolter leur miellat sucré). Dans nos maisons, elles arrivent initialement par des plantes infestées à l'achat. Ensuite, l'acheteur peut les transporter par mégarde de plante en plante lors de l'arrosage ou la taille ou lorsqu'il déplace une plante infestée.

Si les nymphes rampent, les mâles volent. Eux aussi sont minuscules et rarement vus. Sans pièces buccales, ils ne vivent que quelques jours et leur rôle unique est de féconder les femelles. D'ailleurs, les femelles peuvent produire des oeufs sans fécondation, par parthénogénèse.

Les contrôler

D'abord, il faut comprendre que les cochenilles à carapace qui infestent nos plantes d'intérieur ne viennent pas de nos jardins : elles sont d'origine tropicale et ne peuvent pas vivre dehors sous notre climat. La source est toujours une plante infestée apportée à la maison. Ne faites pas comme moi : inspectez toute nouvelle plante d'intérieur avant l'achat et mettez-la, de plus, en isolation pendant quelques semaines une fois qu'elle arrive à la maison. Si vous n'avez pas de pièce à part où la loger, il suffit de l'éloigner de deux mètres des autres plantes ou de l'isoler dans un sac transparent.

Si vous trouvez des cochenilles, isolez immédiatement la plante infestée et demandez-vous sérieusement s'il n'est pas mieux de s'en défaire. Parfois, en rabattant la plante au sol, on arrive à les éliminer du premier coup... mais nettoyez bien vos sécateurs avant de les utiliser sur une autre plante! Par contre, si votre plante ne peut tolérer un rabattage, il faut trouver un autre moyen...

Les vaporisations insecticides ne s'avèrent pas très utiles. Les cochenilles adultes sont passablement à l'abri des insecticides grâce à leur carapace protectrice. D'ailleurs, même si le traitement insecticide les a tuées, comment faire pour le savoir? La carapace peut rester des années sur la plante, bien après la mort de l'insecte. Mieux vaut alors passer sur toute la plante avec une vieille brosse à dents trempée dans une solution de savon insecticide pour enlever toutes les carapaces. Rincez la plante par la suite... et surveillez-la pendant quelques semaines. Si d'autres carapaces apparaissent, recommencez le traitement.

À l'extérieur

Il existe aussi des cochenilles à carapace qui infestent les plantes d'extérieur, surtout les arbres, les arbustes et les conifères. Le traitement initial demeure essentiellement le même : nettoyer le tronc et les branches avec une brosse trempée dans une solution de savon insecticide. Après, procéder à des vaporisations répétées. Elles demeurent très difficiles à contrôler.

Une telle cochenille, la cochenille du magnolia (Neolecanium cornuparvum), qui est, comme le nom le suggère, spécifique aux magnolias, fait présentement des ravages à Montréal où la consigne présentement est... de ne plus planter de magnolias tant que le fléau n'est pas sous contrôle! Avis donc aux magnoliaphiles : comme la cochenille du magnolia voyage de plant en plant sur les pattes des oiseaux et qu'elle semble bien établie aussi sur des magnolias produits en pépinière, il ne sera pas surprenant de la voir atteindre notre région bientôt.

Oui, les cochenilles à carapace sont bien sournoises et difficiles à contrôler, mais on y parvient. Rappelez-vous qu'elles sont bien plus faciles à prévenir qu'à guérir!Il y a deux ans, j'ai trouvé un adorable petit cycas (Cycas revoluta) à un prix très raisonnable et je l'ai ramené chez moi sans trop m'inquiéter. Il me paraissait en santé et je l'ai placé avec mes autres plantes d'intérieur. Quelques mois plus tard, j'ai remarqué qu'il jaunissait et qu'il y avait une substance collante sur la tablette sur laquelle il était situé. En l'inspectant, j'ai découvert qu'il était bourré de cochenilles à carapace. Et d'autres plantes dans les environs l'étaient aussi. Vingt-huit mois plus tard, j'ai réussi à traiter avec succès (j'espère!) 23 plantes, mais le cycas et cinq autres plantes ont pris le chemin de la poubelle : malgré traitement après traitement, les cochenilles revenaient toujours. Même si ça fait maintenant trois mois que je n'ai pas trouvé une seule plante infestée, je dois toujours demeurer aux aguets. Quel insecte décourageant que la cochenille!

<p>La galane fleurit jusqu'en novembre et, comme toute vivace, aucune taille d'automne n'est nécessaire.</p>

La galane fleurit jusqu'en novembre et, comme toute vivace, aucune taille d'automne n'est nécessaire.

(www.jardinierparesseux.com)

<p><em>Aeschnanthus x splendidus</em></p>

Aeschnanthus x splendidus

(Jo-Ann/Jo-Ann)

Réponses à vos questions

Du compost en hiver

Q J'aimerais continuer mon compost en hiver. J'aurai plus de restes de table que de matières brunes. Est-ce que je peux empiler tout ça et brasser au printemps? Louise Charron, Beaupré

R La technique que vous suggérez est parfaitement faisable. Une poubelle en plastique peut facilement servir d'accumulateur. Placez-la près de la porte, sinon vous risquez d'abandonner votre projet quand la neige devient trop profonde. Ajoutez-y des restes de table (pelures de fruits et légumes, pain, marc de café, coquilles d'oeufs, etc.) à mesure que vous en aurez. Au printemps, transportez-les au composteur et mélangez bien, voilà tout. On peut aussi faire du vermicompostage dans la maison pendant l'hiver (et d'ailleurs toute l'année), soit le compostage avec les lombrics (vers de terre). À cette fin, je vous dirige vers le site Web de Craque-Bitume (www.craquebitume.org) qui offre vermicomposteurs, vers et informations sur le sujet.

Que faire avec la tête de tortue à l'automne?

Q  Doit-on couper les tiges de la tête à tortue à l'automne? Rhéal Laferrière

R La «tête de tortue» ou galane (Chelone obliqua) est une vivace à floraison automnale qui vient tout juste de finir sa saison de floraison. Comme c'est une vivace, il n'est jamais nécessaire de couper les tiges à l'automne. D'ailleurs, en général, moins que vous touchez aux vivaces à l'automne, meilleure est leur condition au printemps.

Belle plante sans nom

Q J'aimerais connaître le nom de cette magnifique plante que possède ma mère. Pouvez-vous m'aider? Jo-Ann

R C'est un aeschynanthus, plus spécifiquement Aeschynanthus x splendidus. On l'appelle parfois plante rouge à lèvre, car certains aeschynanthus ont des fleurs qui ressemblent à un bâton de rouge à lèvres sortant de son étui. C'est une plante d'intérieur de culture facile, cultivée habituellement en panier suspendu, mais elle semble manquer un peu de publicité, car on ne la trouve pas facilement en jardinerie.

<p>Peu importe leur couleur, les toiles étendues sur le gazon ne protègent pas contre le sel.</p>

Peu importe leur couleur, les toiles étendues sur le gazon ne protègent pas contre le sel.

(www.jardinierparesseux.com)

Géotextiles pour protéger contre le sel?

Q J'aimerais savoir si on peut placer des bandes de toile géotextile noire pour l'hiver pour protéger la pelouse du sel sur le devant du terrain. On voit habituellement la toile en tissu blanc ou vert mais jamais ou peu souvent la toile géotextile noire. François Lefebvre, Sainte-Foy

R Aucun géotextile ne peut protéger les gazons contre le sel, peu importe sa couleur. Il faut comprendre que le sel se dissout et passera alors à travers un tel tissu, atteignant donc le gazon. Pour savoir vraiment comment protéger un gazon contre le sel, je vous réfère à la chronique horticole du 8 novembre dernier. Le seul but de poser une toile quelconque sur un gazon à l'automne est de ramasser les graines de sable et d'autres saletés qui peuvent accumuler sur le gazon pendant l'hiver, pas le sel. À mon avis, dans la plupart des cas, il est bien plus facile et économique de passer rapidement avec un balai à feuilles au printemps pour les ramasser que de devoir poser une toile à l'automne et l'enlever, la nettoyer, la plier et l'entreposer au printemps. Ainsi, je considère ce type de «toile de protection» comme étant en bonne partie un produit bidon. Par contre, certains terrains (notamment à la campagne) reçoivent pas seulement un peu de sable et de gravier, mais des quantités importantes de ces produits. Dans ces cas, oui, de telles toiles peuvent être pratiques.

Des questions svp!

Vous pouvez nous joindre par courriel à courrier@jardinierparesseux.com

Calendrier horticole

Cours d'aménagement paysager

La Société d'horticulture et d'écologie de Charlesbourg offre un cours d'aménagement paysager qui se tiendra les lundis 2, 9, 16, 23 et 30 mars de 19h30 à 22h au Centre culturel et communautaire de Charlesbourg situé au 7575, boul. Henri-Bourassa, salle 20. Préinscription obligatoire. Coût : 65 $ membres, 80 $ non-membres. Info : s.h.e.charlesbourg@hotmail.com

Les poivres

La Société d'horticulture de Sainte-Foy vous invite à une conférence sur les poivres avec Éric Floch. Elle se tiendra le mardi 25 novembre à 19h30 au Centre sportif de Sainte-Foy (aréna, 2e étage) sis au 930, av. Roland-Beaudin. Coût : 6 $ non-membres. Info : 418 653-4785 ou 418 651-3837