Déglaçants: prévenir les dégâts

Le gazon près d'une rue est souvent brûlé par le sel.

L'hiver s'en vient rapidement et, avec lui, le traitement des rues et des trottoirs aux produits déglaçants. Plusieurs déglaçants sont utilisés, mais il s'agit surtout des sels (chlorure de sodium, chlorure de calcium, etc.). Et ces sels sont toxiques pour les végétaux. On en voit les symptômes au printemps et à l'été suivants : une pelouse brûlée près de la rue, vivaces et arbustes au feuillage ourlé de brun, arbres aux branches poussant en balai de sorcière. Que peut-on faire pour prévenir ces dégâts?


<p>Les rosiers rugueux, comme ce 'Hansa', peuvent pousser en bordure de la route sans subir des dommages dus aux embruns salins.</p>

Les rosiers rugueux, comme ce 'Hansa', peuvent pousser en bordure de la route sans subir des dommages dus aux embruns salins.

(www.jardinierparesseux.com/www.jardinierparesseux.com)

<p>Ce pin situé près d'une route a été endommagé par les embruns salins.</p>

Ce pin situé près d'une route a été endommagé par les embruns salins.

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Le gazon

La mode au Québec est d'avoir une belle pelouse verte qui s'étend jusqu'à la rue. Or, les graminées de gazon sont en général intolérantes au sel. D'où la difficulté à maintenir un gazon en bon état près d'une rue où l'on applique du sel.

On peut cependant combiner deux méthodes pour obtenir un gazon potable près d'une rue : améliorer le drainage et utiliser des graminées tolérantes du sel. En effet, les sols glaiseux retiennent davantage les sels et c'est donc dans un tel sol que les dégâts sont les plus évidents. On peut alors, dans une lisière d'un mètre le long de la rue, remplacer le sol glaiseux par un sol plus sablonneux. De plus, semez-y une graminée résistante aux sels, comme la fétuque durette ou la fétuque élevée. On trouve ces fétuques dans les mélanges de semences à gazon de type «entretien minimal» ou «gazon écologique». Évitez le gazon en plaque près d'une rue : il ne contient que du pâturin des prés (du Kentucky), très sujet aux dommages.

Peu importe le type de gazon, il est toujours sage de lessiver le sol à la fonte des neiges, c'est-à-dire d'y faire couler de l'eau claire pour entraîner le sel hors de la zone des racines.

Les arbustes

Le sel peut se condenser sur les arbustes même à une bonne distance d'une route passante : on appelle cela l'embrun salin. Plus on roule vite dans le secteur, plus l'embrun salin pénétrera loin sur le terrain. On voit d'ailleurs souvent une poudre blanche se former sur les objets et les plantes dans le secteur : c'est le sel condensé. L'option la plus évidente est de cultiver dans ces endroits des arbustes tolérants au sel. Le rosier rugueux (Rosa rugosa) et ses hybrides ('Hansa', 'Pink Grootendorst', 'Henry Hudson', etc.) sont réputés pour leur excellente tolérance au sel, mais d'autres arbustes aussi sont très ou moyennement résistants aux embruns salins : argousiers, caraganas, chalefs, lilas, myriques, potentilles, seringats, shépherdies, spirées, symphorines, vinaigriers, viornes, etc. Certains conifères nains le sont aussi : genévriers, ifs, pin mugo, etc. Évitez surtout de planter des thuyas (cèdres) près d'une rue, car ils sont très sujets aux dommages.

Si vous avez eu la mauvaise idée de planter des arbustes ou des thuyas dans le secteur sujet aux embruns salins et ne voulez pas les déplacer, vous pouvez les recouvrir d'un géotextile plastifié pendant l'hiver. Ce type de géotextile ne laisse pas passer le sel. Il faut l'installer tardivement (fin novembre) et l'enlever très tôt (fin mars ou début avril), car il endommagera les végétaux sur lesquels on le pose s'il y séjourne trop longtemps.

Les arbres

Vous avez peut-être remarqué que les villes recouvrent parfois les rameaux des jeunes arbres plantés près d'une route passante d'un géotextile pendant l'hiver. C'est pour donner à ces végétaux plantés dans une situation difficile une chance de bien s'établir, car le géotextile peut absorber une partie des embruns salins. Évidemment, on ne peut faire cela éternellement, car non seulement cela coûte très cher, mais l'arbre devient rapidement trop grand. Ainsi, les villes arrêtent ce traitement après deux ou trois ans.

Il est difficile d'effectuer la même chose sur un terrain privé : le jardinier moyen n'a pas accès à l'équipement spécialisé nécessaire pour poser et enlever une protection en hauteur. Il vaut mieux ne pas planter des arbres là où les embruns salins sont problématiques, tout simplement. Si vous y tenez malgré tout, préférez une essence résistante aux embruns, comme le bouleau à papier, les chênes, l'épinette bleue ou blanche, le févier, le lilas du Japon, les mélèzes, l'olivier de Bohême, le pin gris ou noir d'Autriche et les sorbiers. Notez que le fait d'être résistant aux embruns salins ne veut pas nécessairement dire que ces espèces tolèrent le sol au niveau de leurs racines. Il est alors sage de lessiver le sol à leur pied à la fonte des neiges.

Les vivaces

Comme les vivaces, pour la plupart, perdent leurs tiges et leurs feuilles à l'automne pour repousser à partir d'une couronne située près du sol, elles sont peu touchées par les embruns salins. Il est donc nettement plus facile de maintenir une plate-bande près d'une rue qu'un gazon ou une haie de thuyas. Malgré tout, le sel qui pénètre le sol peut être néfaste pour les vivaces. Si vous remplacez le sol glaiseux qui retient le sel par un sol plus sablonneux qui le laisse s'en écouler, parfois tout ce qu'il faut est de lessiver la plate-bande au printemps.

Malgré tout, certaines vivaces tolèrent mieux le sel que d'autres. Voici quelques bons choix : alchémille, achillée, campanule, coréopsis, euphorbe, gaillarde, gazon d'Espagne, hémérocalle, heuchère, hosta bleu, ibéris, iris de Sibérie, lin vivace, nepeta, oeillet, panicaut (Eryngium), phlox des jardins, pois vivace, sauge russe, sédum, souffle de bébé (gypsophile), thym et véronique en épi (sélections à feuillage grisâtre). Parmi les graminées ornementales tolérantes au sel, il y a le calamagrostide, l'élyme des sables, la fétuque bleue et le miscanthus.

Un petit indice

Vous remarquerez que plusieurs des végétaux recommandés pour les situations où il y a présence d'embruns salins ont un feuillage soit poilu, soit couvert d'une mince couche de cire. Cela donne souvent à ces végétaux une apparence argentée, grisâtre ou bleuâtre. Il s'agit d'une protection naturelle contre les embruns salins : le sel se condense sur les poils ou encore, glisse sur la cire, sans atteindre la feuille, et n'arrive pas alors à pénétrer la plante. Ainsi une apparence poilue argentée ou grisâtre ou cirée bleutée est souvent une bonne indication que la plante résistera aux embruns salins.

Autre truc utile

Pour réduire la contamination du sol par le sel pendant l'hiver, on peut aussi placer à l'automne un paillis absorbant (feuilles déchiquetées, compost forestier, etc.) au pied du végétal à protéger. Ainsi, c'est le paillis qui absorbera la majeure partie du sel plutôt que le sol. Au printemps, remplacez le paillis contaminé au printemps par un paillis frais et vos plantes éviteront le pire des dommages. Ce paillis, même contaminé, peut aller dans le compost, car le sel qu'il contient sera dilué par les autres ingrédients de votre tas de compost.

Comme vous voyez, il n'est pas si difficile prévenir les dégâts causés par le sel. Il s'agit d'y planter les bons végétaux et d'utiliser un sol approprié!

<p>La chute des aiguilles de l'épinette bleue du Colorado n'est pas du tout anormale.</p>

La chute des aiguilles de l'épinette bleue du Colorado n'est pas du tout anormale.

(Michel Doiron/Michel Doiron)

<p>Les plantes forestières, comme ce hosta, composent parfaitement avec la litière forestière.</p>

Les plantes forestières, comme ce hosta, composent parfaitement avec la litière forestière.

(www.jardinierparesseux.com/www.jardinierparesseux.com)

Réponses à vos questions

Épinette aux aiguilles brunes

Q J'ai une épinette immense dans ma cour arrière. Elle était magnifique jusqu'à la fin de l'été. J'ai remarqué récemment que des sections complètes jaunissaient et séchaient. Peut-on faire quelque chose pour l'aider? Caroline Lamy

R Puisque la plupart des conifères, comme votre épinette, sont verts toute l'année, on peut s'imaginer que leurs aiguilles vivent éternellement, mais ce n'est pas le cas. Selon l'espèce, elles vivent entre deux et cinq ans (quatre ou cinq pour les épinettes), puis s'assèchent et tombent. Quand l'arbre est bien dense, on ne remarque pas trop cette chute, d'autant plus que les aiguilles les plus vieilles se trouvent à l'intérieur de la ramure de l'arbre, plus près du tronc, et sont ainsi souvent cachées de la vue. Mais avec le temps, les branches inférieures, plus ombragées, deviennent moins denses et on remarque davantage la chute des aiguilles. Il peut aussi avoir des maladies relativement mineures pour la santé générale de l'arbre, mais qui font en sorte que plus d'aiguilles tombent que la normale. Traiter ces maladies coûte cher toutefois et donne rarement des résultats palpables; la consigne générale est donc d'accepter tout simplement qu'une épinette deviendra de moins en moins fournie à la base en vieillissant. Cela dit, si vous continuez un entretien correct de l'arbre, notamment des arrosages au sol en période de sécheresse, cela peut retarder la perte des aiguilles des branches inférieures.

Litière forestière nuisible?

Q J'ai transformé le terrain devant la maison en «espace sans gazon», puisque celui-ci ne vit pas bien sous deux magnifiques érables rouges. Les vivaces ne prennent pas encore toute la place et je comble les espaces avec du paillis noir. Avec la chute abondante des feuilles, puis-je les laisser s'accumuler sur les vivaces (comme dans une forêt) ou dois-je les déchiqueter avant de les y remettre? Et comment appliquer le compost quand une épaisse couche de paillis recouvre le sol? Louise Corriveau

R Normalement, les vivaces adaptées à l'ombre sont aussi adaptées à l'accumulation de feuilles sur le sol (appelée «litière forestière»), car le même phénomène se passe dans leur forêt d'origine. Ainsi, il n'est pas nécessaire de les déchiqueter. Mais certains arbres ont des feuilles très larges qui s'imbriquent les unes dans les autres pour former une couche dense qui étouffe les plantes qu'elles recouvrent. C'est le cas des chênes rouges et de certains érables. Dans leur cas, il est relativement facile de déchiqueter les feuilles à l'aide d'une souffleuse à feuilles (ces souffleuses déchiquettent les feuilles en mode aspiration) sans déranger votre paillis. Reste à savoir si vos érables sont de véritables érables rouges (Acer rubrum), soit à feuillage vert l'été et rouge vif à l'automne, dans lequel cas aucun déchiquetage n'est nécessaire car les feuilles en s'imbriquent pas, ou l'une des variétés d'érable de Norvège (A. platanoides) à feuillage rouge pourpré l'été et que les gens prennent pour un érable rouge. Ses feuilles justement forment une couche dense qui pourrait nécessiter un déchiquetage.

Des questions svp!

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Calendrier horticole

Histoire des jardins

La Société d'horticulture et d'écologie de Charlesbourg vous invite à une conférence qui se tiendra le mardi 11 novembre à 19h30 au Centre culturel et communautaire de Charlesbourg situé au 7575, boul. Henri-Bourassa, salle 20. Alain Lorange vous parlera de l'histoire des jardins. Coût : 6 $ non-membres. Info : s.h.e.charlesbourg@hotmail.com

Les orchidées et les hibiscus vivaces

La Société d'horticulture Chaudière-Etchemin vous invite à une conférence sur les orchidées et les hibiscus vivaces avec Daniel Bédard. Elle aura lieu le mardi 11 novembre à 19h30 au Centre civique, 959, rue de l'Hôtel-de-Ville, à Saint-Jean-Chrysostome. Coût: 6$ non-membres. Info: 418 834-0434

Vivaces à floraison prolongée

La Société d'horticulture et d'écologie de Montmagny vous invite à sa conférence mensuelle qui portera sur les vivaces à floraison prolongée avec Caroline Giroux. Elle aura lieu à la cafétéria de l'École secondaire Louis-Jacques-Casault, au 141, Taché E., le mardi 11 novembre à 19h. Coût : 5 $ pour les non-membres. Info: 418 248-9322

La magie de Noël

La Société d'horticulture de la Mauricie vous invite à sa prochaine activité le mercredi 12 novembre à 19h30 au pavillon Maurice-Pitre, situé au 6455, rue Notre-Dame O. à Trois-Rivières. Le personnel du Centre les roses présentera un atelier intitulé La magie de Noël. Coût: 5 $ non-membres. Info: 819 691-2119 ou 819 375-9384

Atelier sur les décorations de Noël

Le mercredi 12 novembre, la Société d'horticulture de Rivière-du-Loup vous invite à un atelier sur les décorations de Noël et les nouveautés dans le domaine avec Jocelyne Thibault. Exceptionnellement, l'activité aura lieu à Embellissement Rivière-du-Loup, 409, rue Témiscouata. Coût : 7 $ non-membres

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