Le muscari: des bulbes faciles à cultiver

Muscari armeniacum (muscari d'Arménie) est l'espèce la plus cultivée de tous les muscaris. Elle arbore des fleurs bleu violet foncé et son feuillage sort à l'automne.

Parmi les bulbes les plus faciles à cultiver et les plus permanents, il y a une petite plante appelée muscari (Muscari). On l'appelle couramment «jacinthe à grappe», car la plante est apparentée à la jacinthe et que les fleurs de plusieurs espèces sont en forme de billes - presque rondes avec seulement une petite ouverture à une extrémité - et ressemblent alors à une grappe de raisins. Le nom muscari vient du grec muschos, ou musqué, une référence à l'odeur musquée des fleurs de certaines variétés, mais la plupart des muscaris couramment cultivés sont inodores.


Le genre Muscari comprend 42 espèces, la plupart indigènes dans la région méditerranéenne ou le Moyen-Orient, mais certaines sont largement naturalisées un peu partout dans le monde tempéré. Toutes poussent à partir d'un bulbe et produisent une ou plusieurs feuilles étroites, puis un épi dressé de fleurs généralement bleu pâle à bleu violet, parfois presque noires, mais il existe des variétés horticoles dans toutes les teintes de bleu ainsi qu'en blanc et rose. Curieusement, les fleurs supérieures sont généralement stériles et peuvent même être de couleurs ou de formes différentes des fleurs inférieures. Elles servent uniquement à attirer les pollinisateurs. 

Un autre trait curieux de plusieurs muscaris, et notamment du muscari le plus couramment cultivé, M. armeniacum, est que le feuillage sort à l'automne, mais que les fleurs attendent au printemps, avec les autres bulbes à floraison printanière, pour s'épanouir. Combien de fois ai-je reçu des courriels de jardiniers inquiets me demandant : «Si le feuillage de mes jacinthes sort à l'automne, vont-elles mourir?» Mais non, c'est parfaitement normal pour cette plante. Habituellement, les feuilles automnales sont en pauvre état au printemps, et le bulbe produit alors des feuilles fraîches à la fonte des neiges. Je n'ai jamais vu de bonne explication pour ce phénomène bizarre.

Une culture simple

Les bulbes de muscaris sont faciles à planter et à maintenir. Plantez-les dans un sol bien drainé, riche ou pauvre, acide ou alcalin. Ils tolèrent les sols pauvres, mais fleurissent mieux dans les sols riches. Recherchez un emplacement qui sera au soleil au printemps, même s'il est ombragé l'été. 

Préparez un trou de plantation de 10 à 12 cm de profondeur en ajoutant un engrais, du compost ou des mycorhizes au sol. Mélangez légèrement, puis placez les bulbes dans le fond à 8 à 12 cm d'espacement, côté pointu vers le haut. Recouvrez de terre, puis d'un paillis et arrosez bien. La plantation n'est pas plus compliquée que ça!

Il est possible de naturaliser des muscaris dans une pelouse, mais attention : leur floraison survient plus tardivement que les autres petits bulbes souvent utilisés à cette fin (crocus, scilles, éranthes, chiondoxas, etc.) et alors, au moment de la première tonte de la saison, les fleurs sont pleinement épanouies, et il faut tondre autour. Comparez cela aux autres petits bulbes qui sont en dormance quand la tondeuse passe. C'est pourquoi le jardinier plus paresseux préférera planter les muscaris dans une plate-bande, une rocaille ou dans un sous-bois plutôt que dans le gazon.

Avec le temps, les bulbes se multiplieront en se divisant à la base. Certains muscaris s'étendent par semences spontanées aussi. Si jamais vous remarquez que la floraison diminue après six ou sept ans, divisez les bulbes après la floraison, quand leur feuillage jaunit, et replantez-les aussitôt. Par contre, même sans division, les muscaris peuvent vivre et fleurir pendant des décennies. Les muscaris que j'ai plantés à la maison paternelle il y a plus de 50 ans, par exemple, fleurissent encore abondamment.

Les muscaris sont peu sujets aux maladies et aux insectes. Les écureuils ne les déterrent pas non plus, car les bulbes sont légèrement toxiques.

Quelques variétés

L'amateur avide de muscaris peut en commander des dizaines de variétés sur Internet, mais voici les variétés les plus souvent offertes en magasin :

M. armeniacum (muscari d'Arménie): c'est l'espèce la plus cultivée, aux fleurs bleu violet foncé et au feuillage qui sort à l'automne. Il se ressème abondamment. Hauteur : 15 cm. Zone 3.

M. armeniacum 'Blue Spike': fleurs doubles, rappelant un peu un brocoli bleu violet. Les fleurs étant stériles, on ne peut multiplier ce cultivar que par division. 'Fantasy Creation' est similaire.

15 cm. Zone 3. 

M. aucheri 'Blue Magic': fleurs bleu ciel foncé à marge blanche. 15-20 cm. Zone 3.

M. botyroides 'Album': fleurs blanches en épi étroit. 10 à 20 cm. Zone 3.

M. comosum 'Plumosum': bizarre de mutation où les fleurs sont complètement découpées en filaments, créant une masse mousseuse violette. L'effet est plus joli en photo que dans le jardin, car les tiges peu solides s'écrasent au sol. De plus, cette plante est peu rustique (zone 5), disparaissant assez rapidement du jardin. À déconseiller pour notre région. 20 cm. 

M. latifolium: curieusement, ce muscari ne produit qu'une seule feuille par bulbe, une feuille plus large que celles des autres muscaris. Jolie floraison nettement bicolore, car les fleurs fertiles inférieures sont pourpre foncé presque noir alors que les fleurs stériles supérieures sont bleu pâle. 25-30 cm. Zone 3.

M. 'Pink Sunrise': le seul muscari rose couramment offert, mais sa coloration est bien fade, pas du tout le rose soutenu illustré sur l'emballage. Décevant!

15 cm. Zone 3.

M. 'Valerie Finnis': populaire pour ses fleurs bleu poudre. 10-15 cm. Zone 3.

Plantez donc des muscaris aujourd'hui: ils offrent des années de floraison contre zéro d'entretien!

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<p>Marguerite de Paris</p>

Marguerite de Paris

(Photo www.jardinierparesseux.com/Photo www.jardinierparesseux.com)

<p>Tomatilles</p>

Tomatilles

(Photo Abrahami, wikimedia commons/Photo Abrahami, wikimedia commons)

Réponses à vos questions

Arbuste à rentrer pour l'hiver

Anne

Q J'ai reçu en cadeau ce petit arbuste dont je ne connais pas le nom. Pouvez-vous me dire si je dois le rentrer pour l'hiver ou bien si je peux le laisser dehors avec une protection comme pour les rosiers?

R Il s'agit de la marguerite de Paris (Argyranthemum frutescens), un arbuste aux fleurs rappelant celles d'une marguerite. Cette plante est originaire des îles Canaries et vu son origine dans une zone subtropicale, il est évident qu'il faudrait la rentrer pour l'hiver. Elle peut tolérer une touche de gel, mais pas plus. Dans la maison, offrez-lui le plus de soleil possible et une température plutôt fraîche, plus des arrosages dès que son terreau est sec au toucher. 

Petits thuyas à déplacer

France Benoit 

Q J'ai beaucoup de repousses de cèdre un peu partout. Quand peut-on les transplanter, c'est-à-dire à quelle grandeur sont-ils viables?

R D'abord, on sait que les cèdres (Cedrus) ne poussent pas au Québec. La plante à laquelle vous faites référence est plutôt le thuya (Thuja occidentalis). Effectivement, le thuya se resème abondamment quand les conditions lui plaisent. On peut facilement transplanter les jeunes plants de toute taille, de semis fraîchement germés jusqu'aux arbustes d'un mètre ou plus, et ce, en presque toute saison, tant que le sol n'est pas gelé. Il est cependant plus commode de le faire à l'automne ou au printemps, car les plants souffriront moins du choc de transplantation quand l'air et le sol sont frais.

Tomatilles qui ne produisent pas

Céline Gagnon

Q Au printemps, j'ai semé des semis de tomatillos. Ils sont devenus très hauts avec beaucoup de fleurs, mais jamais ces fleurs ne se sont transformées en fruits. J'aimerais bien savoir pourquoi.

R Le tomatillo, ou plus correctement en français la tomatille (Physalis philadelphica), est communément utilisé dans LA sauce mexicaine appelée salsa verde. C'est un proche parent de la tomate, mais encore plus de la cerise de terre (P. pruinosa), car les fruits des deux sont couverts d'une capsule papyracée. La tomatille a toutefois un fruit nettement plus gros (jusqu'à 10 cm de diamètre) qui est pourpre ou vert à l'extérieur et vert à l'intérieur tandis que le fruit de la cerise de terre est petit et jaune ou orangé de bord en bord. La tomatille est plus difficile à cultiver sous notre climat, car elle nécessite une plus longue saison de croissance. Il faut donc la semer dans la maison en mars. Même là, les fruits n'arrivent pas toujours à mûrir avant le gel. Aussi, la tomatille est autostérile : la fleur ne peut pas être fécondée par son propre pollen. Il faut donc cultiver au moins un autre plant à proximité pour assurer un échange de pollen. Si vos plantes fleurissent mais ne fructifient pas, il est logique de penser que la pollinisation n'a pas été effectuée. Si vous n'aviez qu'un seul plant ou si les plants étaient très espacés dans le jardin, cela pourrait expliquer l'absence de fructification. Mais le problème peut aussi être l'absence de pollinisateurs, notamment les abeilles, peut-être pour des raisons climatiques (les abeilles butinent peu par temps pluvieux). Une trop grande utilisation de pesticides peut aussi tuer les pollinisateurs ou les éloigner de votre jardin et ainsi empêcher la pollinisation croisée requise.