Sus aux marmottes!

La marmotte est très photogénique... mais pose des problèmes majeurs aux jardiniers.

Les citadins qui commencent à jardiner sont souvent surpris d'apprendre qu'ils peuvent faire face à des marmottes dans leur potager. N'est-ce pas un animal de campagne? Peut-être dans un lointain passé, mais la marmotte (Marmota monax), aussi appelée siffleux à cause de son cri strident, a depuis longtemps investi les banlieues et même le coeur de la ville. Elle semble particulièrement attirée par les potagers. Les jardins communautaires et collectifs, notamment, sont une cible très fréquente.


Cachottière, la marmotte peut facilement vivre sur un terrain en banlieue ou en ville sans que le propriétaire remarque sa présence avant l'automne quand, à la chute des feuilles, il découvre son gros trou dans un coin caché ou sous des arbustes. Mais s'il a un potager, la présence de la marmotte se fait beaucoup plus évidente, car, même si elle mange une grande variété de végétaux dans la nature, en ville, elle semble avoir une nette préférence pour les légumes, notamment les choux et les autres crucifères, les laitues, les concombres, les courges, les betteraves, les pois, les haricots, les épinards et bien d'autres. De plus, elle est très gourmande : on peut voir disparaître une rangée de choux-fleurs au cours d'une seule nuit!

Us et coutumes

Pour contrôler la marmotte, il faut la comprendre. Sachez d'abord que c'est un animal solitaire. À part de la période des amours, les mâles et les femelles vivent séparément et les jeunes quittent déjà leur mère à l'âge de cinq à six semaines pour fonder leur propre terrier... donc, à cette saison, on les voit apparaître subitement là où il n'y en avait pas au printemps à mesure que les jeunes se trouvent un nouveau chez-soi. Une marmotte vit rarement longtemps, seulement de deux à quatre ans en moyenne, mais comme chaque femelle produit environ quatre petits par année, la population se maintient sans difficulté.

La marmotte vit dans un terrier composé de deux à cinq entrées, de longs tunnels et deux compartiments : un nid rempli d'herbes sèches et une pièce qui sert de latrine. Elle hivernera dans le nid à partir de la fin de l'automne. On la voit souvent se prélasser au soleil, rarement loin de son terrier, ce qui donne une bonne idée où trouver son gîte. Elle est active jour et nuit. Elle élit souvent domicile près des humains, car ses prédateurs naturels (loups, coyotes, lynx, aigles, etc.) tendent à nous éviter.

Vous pouvez soupçonner la présence d'une marmotte quand vous trouvez des légumes rasés presque au sol au jour au lendemain. Un insecte ne fait pas de tels dégâts. En observant le jardin, vous devriez pouvoir facilement confirmer sa présence, car elle y retournera souvent.

Les contrôles

Une légende urbaine suggère qu'on pose dans le potager, sur le côté, une bouteille de boisson gazeuse remplie d'eau et que cela forcera la marmotte, en voyant son image reflétée dans la paroi de la bouteille, de partir en panique. C'est tout simplement faux!

Les effaroucheurs sont plus efficaces. Par effaroucheur, je veux dire n'importe quel produit qui fait peur à l'animal, que ce soit par le son, la vue ou l'odorat. Ainsi, on peut placer un savon parfumé dans le jardin, attacher des assiettes en aluminium ou des guenilles sur une corde pour qu'elles bougent au vent, appliquer des répulsifs à base d'oeufs pourris ou d'urine de coyote, appliquer de la farine de sang ou des boules antimites au sol (attention : les boules antimites sont toxiques aux enfants!), y placer un hibou ou un serpent en plastique, faire jouer une radio très fort, etc. (Pour une liste complète d'effaroucheurs, consultez le truc 1421 du livre Les 1500 trucs du jardinier paresseux.) En fait, tout ce qui est nouveau fera peur à la marmotte et l'éloignera de votre potager... pendant environ deux semaines. Quand elle se rend compte qu'il n'y a pas de danger, elle reviendra. Donc, le secret avec les effaroucheurs est de constamment les renouveler. Si vous les changez tous les 10 ou 12 jours, la pauvre marmotte ne saura plus sur quel pied danser et restera loin de vos légumes.

La plupart des effaroucheurs sont des produits domestiques peu coûteux, mais pour vous éviter des dépenses importantes, sachez que les appareils à ultrasons qui sont censés éloigner les marmottes et même presque tous les animaux ne sont pas plus efficaces que les autres effaroucheurs et, pourtant, coûtent beaucoup plus cher. À éviter!

Un chien aussi est efficace pour renvoyer la marmotte - elle craint les chiens d'instinct -, mais il faut que le chien soit en liberté et sur place

24 heures sur 24. Si le chien est attaché ou rentre chez vous la nuit, la marmotte apprendra assez rapidement ses limitations ou son horaire et reviendra se servir de votre potager comme garde-manger.

On peut aussi attraper la marmotte avec un piège de type Havahart, genre de cage muni d'une porte à sens unique. Vous pouvez poser un tel piège vous-même ou utiliser les services d'un exterminateur. Comme appât, utilisez une tranche de pomme avec beurre d'arachide. Quand l'animal est pris, libérez-le à au moins 8 km de votre résidence, sinon il risque de revenir. Le problème alors est : chez qui le libérer? Les agriculteurs n'apprécieront pas l'ajout de marmottes dans leur secteur et les parcs municipaux ne les acceptent pas. Il paraît que tellement de gens ont libéré (en toute illégalité!) des marmottes sur le campus de l'Université Laval qu'on voit plus de marmottes que d'étudiants quand on s'y promène tôt le matin.

Vous pouvez aussi clôturer votre potager. Une simple clôture en broche à poule soutenue par des piquets en bois est peu coûteuse et protégera bien si elle atteint au moins 90 cm de hauteur et est de plus enterrée sur 30 cm. Pour la partie enterrée, il faut plier le grillage vers l'extérieur à 45° pour la décourager de creuser. Mais ne laissez pas la porte ouverte par accident!

Pour une intervention plus - disons - musclée, sachez que la chasse à la marmotte est permise en toute saison au Québec... à la campagne, mais bien sûr pas en ville. Il faut avoir un permis de chasse au petit gibier pour la pratiquer. La marmotte est parfaitement comestible et nos ancêtres la considéraient un délice.

On peut aussi utiliser une bombe fumigène (ou engager un exterminateur pour l'appliquer). Il s'agit de boucher tous les trous de son terrier, sauf un, d'y placer la bombe activée et de boucher le dernier trou.

Le truc le plus efficace

Mais le truc le plus efficace pour la plupart des jardiniers est l'arroseur muni d'un détecteur de mouvement (vendu sous la marque Scarecrow au Canada). Vous l'installez en le reliant à un boyau d'arrosage et vous le réglez pour qu'il soit dirigé vers l'accès habituel de l'animal. Quand il passe devant, jour ou nuit, il se fait arroser. Ça ne lui fait pas mal, mais plutôt très peur. S'il y a une chose qu'un animal ne tolère pas, c'est de se faire toucher et il abandonnera à jamais tout effort pour visiter votre potager s'il se fait arroser à chaque tentative de l'approcher. Cet arroseur est efficace aussi contre les cerfs, les ratons laveurs, les mouffettes, les chats, les pigeons, les corneilles, les écureuils... et les voisins qui traversent toujours votre haie. Tout animal, en fait, plus gros qu'un tamia (suisse). Si vous ne trouvez pas cet effaroucheur dans votre jardinerie ou quincaillerie locale, il est facilement accessible sur Internet.

Bonne «chasse» aux marmottes!

Réponses à vos questions

Peut-on interchanger les produits Myke?

Q Je parle au nom de plusieurs amis jardiniers. Nous sommes tous convaincus de l'efficacité des produits d'enracinement Myke au moment de la plantation des arbres, des arbustes, des  vivaces, etc. Par contre, nous avons tous des restants de l'un ou l'autre des produits. Supposons qu'il nous reste du Myke pour arbres et arbustes et que l'on veut planter des vivaces : peut-on l'utiliser? Et le Myke pour vivaces peut-il servir sur les arbres et arbustes? Guy Charette, Sainte-Foy (Québec)

R Pour les lecteurs moins au courant du produit en question, sachez que Myke est la marque de commerce d'un produit naturel contenant des spores de mycorhizes, soit des champignons bénéfiques qui se fixent sur les racines des plantes et qui les aident à mieux absorber l'eau et les nutriments, notamment le phosphore.

Ainsi, une plante mycorhizée avec Myke rependra mieux et plus rapidement après la transplantation, poussera plus vigoureusement, résistera mieux à la sécheresse et donnera plus de fleurs et de fruits qu'une plante qui ne vit pas une telle symbiose. Myke est toutefois vendu sous plusieurs formulations, soit Annuelle et Vivace, Potager, Arbre et Arbuste, et Gazon. D'où la question : peut-on utiliser la formulation destinée à un groupe de plantes sur les plantes d'un autre groupe? La réponse est oui, mais il y a une exception.

Toutes les formulations comprennent le champignon Glomerus intradices, qui est le champignon le plus polyvalent. Ainsi, presque tous les végétaux peuvent entretenir une symbiose avec ce champignon... mais pas certaines plantes ligneuses, notamment les conifères. Ainsi, la formulation de Myke Arbre et Arbuste diffère des autres en ce qu'on y a ajouté des spores d'autres champignons mycorhiziens en plus du G. intraradices habituel. Le résultat est que le produit Arbre et Arbuste peut aller sur toutes les catégories de végétaux, mais que les autres formulations - dont Annuelle et Vivace - ne fonctionneront pas sur toutes les plantes ligneuses (arbres, arbustes et conifères). Logiquement, donc, s'il faut acheter un seul produit, c'est Myke Arbre et Arbuste qu'il faudrait préconiser, car il fonctionne sur toutes les catégories de végétaux.

Mise en garde: il n'est pas possible de mycorhizer certains végétaux, soit parce qu'ils ne font jamais de symbiose mycorhizienne - c'est le cas de la famille du chou (choux, navets, radis, alysses, etc.), de la famille des chénopodes (épinards, betteraves, etc.) et des oeillets (Dianthus) - ou qu'on n'a pas encore réussi à produire le bon champignon pour leur groupe, ce qui est le cas des éricacées (bleuetiers, rhododendrons, canneberges, etc.) et des orchidées.

Donc, nul besoin d'appliquer des mycorhizes sur ces végétaux. Notez aussi que les «fonds de plats» de Myke peuvent servir à condition que le produit n'a pas subi une longue exposition au soleil, au gel ou à des températures intenses. Ainsi, le Myke doit normalement être conservé dans la maison à la température de la pièce pendant l'hiver, pas dans le cabanon.

Cultiver soi-même des champignons

Q Je lis votre chronique tous les samedis avec intérêt et j'ai toujours hâte au samedi suivant. J'ai lu dans la Sélection du Reader's Digest du mois d'août qu'un rondin de culture de champignon shiitake peut produire des champignons pendant cinq ans. Où peut-on trouver ce rondin? Gédéon Laquerre, Thetford Mines

R On trouve parfois des billots de bois déjà inoculés de blanc (semences) de champignons comestibles dans certaines jardineries, mais habituellement il s'agit de pleurotes (Pleurotus ostreatus), pas de champignons shiitake (Lentinula edodes). Par contre, il est facile de faire venir par la poste du blanc de shiitake, généralement sous forme de douilles (chevilles) préinnoculées. On perce un billot de bois avec une perceuse et on y insère les douilles, tout simplement. Habituellement on recommande environ 50 douilles par bûche pour obtenir une bonne récolte. Voici quelques adresses où les obtenir et où aussi trouver des renseignements sur la culture des shiitakes : www.mycflor.cawww.fermedesaintemathe.com et www.whperron.com.

Des questions svp!

Vous pouvez nous joindre par courriel à courrier@jardinierparesseux.com

Calendrier horticole

Voyage horticole au Lac-Saint-Jean

La Société d'horticulture Chaudière-Etchemin organise un voyage horticole au Lac-Saint-Jean samedi prochain. Le voyage comprend des visites du Jardin Scullion à l'Ascension et de l'Odyssée des Bâtisseurs à Alma, plus le dîner et le souper. Pour info et réservation, communiquez avec Jacques Hallé au 418 564-0544 ou Guy Lessard au 418 832-7263.

Tournée de l'île d'Orléans

La Société d'horticulture de Sainte-Foy invite la population à participer à un voyage à l'île d'Orléans le samedi 16 août. La visite comprend la fromagerie Les fromages de l'Isle, la Ferme Lemelin  (culture des poireaux), le jardin de La Seigneurie de l'île d'Orléans, ainsi que L'Art au jardin (commerce de décoration pour le jardin). Pour information et réservation, communiquez avec Michelle Turcotte au 418 654-9282 ou par courriel à michelleturcotte@gmail.com.

Voyage horticole en Estrie

La Société d'horticulture de Québec vous invite à son prochain voyage horticole aux jardins du parc Marie-Victorin et des Jardins Vivaces de Fernand le dimanche le 17 août. Dîner buffet inclus sur place (repas froid). Souper inclus à la Brasserie Fleurimont. Info: 418 956-6389 ou societehorticulturequebec@hotmail.com

Courriel infocompost

Les citoyens de Québec, de L'Ancienne-Lorette et de Saint-Augustin-de-Desmaures peuvent profiter du service de courriel infocompost jusqu'au 10 octobre. Voici où aller pour poser vos questions concernant le compostage domestique, l'herbicyclage et le feuillicyclage : infocompostvq2014@gmail.com