La «fleur» de l'astrance est en fait une inflorescence : une fleur composée. On dirait une pelote d'épingles entourée de pétales pointus, mais les «épingles» qui forment le dôme central sont en fait les vraies fleurs et les «pétales» qui l'entourent, des feuilles colorées appelées bractées. Chaque tige florale porte plusieurs inflorescences, formant un dôme aéré au-dessus d'un feuillage vert lui aussi étoilé.
La forme originale de la grande astrance (Astrantia major), soit l'espèce la plus cultivée, porte des fleurs blanches. Ou du moins, elles paraissent blanches de loin, mais de près, on voit une nuance de rose vers le centre de l'inflorescence alors que la pointe des bractées est verte. Un beau moiré de couleurs qui mérite bien qu'on le regarde de près! Chez les cultivars, on trouve beaucoup de variétés à fleurs rouges et roses. D'ailleurs, en jardinerie, ce sont habituellement les variétés rouges qui dominent.
L'astrance fleurit pendant quatre à six semaines en juillet, puis les fleurs sèchent sur place. De plus, sous de bonnes conditions, elle produit des floraisons successives et continue à s'épanouir jusqu'à la mi-septembre, ce qui fait de cette plante l'une des rares vivaces à floraison continuelle. En plus d'attirer l'oeil des jardiniers, l'inflorescence est fort appréciée des papillons. On peut aussi utiliser l'astrance comme fleur coupée.
Une culture facile
Dans la nature, l'astrance est une plante de sous-bois ouverts. En culture, elle peut pousser et fleurir à l'ombre comme au soleil, mais... donne ses meilleurs résultats à la mi-ombre. En effet, à l'ombre ou au soleil, la floraison est bien présente en juillet et au début d'août, mais la reprise de la floraison n'est pas fiable. C'est à la mi-ombre que la plante donne les meilleurs résultats, refleurissant encore et encore.
L'astrance préfère un sol riche et bien drainé, mais toujours un peu humide. L'ajout de beaucoup de compost à la plantation lui plaira, car il assurera que le sol retienne un peu d'eau en tout temps. D'ailleurs, l'ajout annuel de compost, au printemps ou à l'automne, semble suffire comme fertilisation. On dit que l'astrance est «tolérante de l'ombre sèche». Ce terme horticole s'applique plutôt aux plantes qui s'adaptent très bien à la présence de racines d'arbres et y fleurissent sans difficulté. C'est bien le cas de l'astrance.
Côté rusticité, cette plante s'est montrée bien rustique, poussant très bien dans les zones 3 à 7.
Enfin, l'astrance est facile à planter et à transplanter. On peut d'ailleurs la planter même en plein été sans problème.
Plus de plantes, plus de fleurs!
Les cultivars d'astrance se multiplient surtout par division, de préférence au printemps ou à l'automne. Il faut les multiplier de façon végétative (division), car ils sont d'origine hybride et ne sont pas fidèles au type par semences.
Si vous ne tenez pas à un coloris spécifique, vous pouvez aussi laisser vos astrances se ressemer, ce qu'elles feront modestement si vous ne supprimez pas leurs fleurs séchées. Les semis de l'espèce A. major, à fleurs blanches, sont fidèles au type par semences, mais si vous laissez les variétés roses et rouges se ressemer, vous obtiendrez un mélange de couleurs : roses, rouges, blanches. Ce n'est pas du tout un effet désagréable et plusieurs jardiniers préfèrent les «astrances en mélange» qu'on obtient ainsi après quelques années.
Une sélection à rechercher
Voici quelques cultivars qui sont facilement disponibles. Ils sont tous soit des sélections d'A. major ou des hybrides très proches de cette espèce.
A. x 'Buckland' : fleurons roses et bractées roses à la base aux pointes argentées. 60 cm X 60 cm. Zone 3.
A. major involucrata 'Shaggy' (syn. Astrantia major involucrata 'Majorie Fish') : grosses fleurs blanches aux nervures vertes. Longue période de floraison. 80 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. x 'Hadspen Blood' : rouge très foncé. Nouvelles feuilles teintées de rouge. 70-75 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. major 'Lars' : fleurs rouge foncé. Longue période de floraison. 70 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. major 'Magnum Blush' : fleurs bicolores, rose bonbon et blanches. 60 à 65? cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. x 'Moulin Rouge' : fleurs rouge foncé, bractées pourpre foncé, presque noires. 45 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. x 'Roma' : grosses fleurs rose lumineux. Les bractées sont blanches à la base, rose à l'extrémité. 70 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. major rosea : fleurs rose pâle aux nervures vertes. 60-90 cm X 45-50 cm. Zone 3.
A. major 'Sunningdale Variegated' : fleurs blanches striées de vert. Feuillage panaché de jaune au printemps, mais la panachure disparaît l'été. 60 cm X 45-50 cm. Zone 3.
Évidemment, il existe des dizaines d'autres cultivars, mais tous donnent de très beaux résultats. Reste maintenant pour vous à découvrir cette magnifique plante!
Taches noires sur pommetier
Q J'ai un pommetier devant ma maison qui est affligé de la maladie de la tache noire pour le troisième été consécutif. Il a bien fleuri cette année, mais la maladie récidive depuis deux semaines : ses feuilles commencent à se tacher de noir, à jaunir puis à tomber. J'ai reçu toutes sortes de conseils concernant le traitement : je l'ai aspergé de chaux soufrée, puis d'un produit à base de cuivre... Mais rien ne semble fonctionner. Peut-être ne l'ai-je pas fait assez assidûment? D'ailleurs, comme l'arbre est très haut (plus haut que ma maison, qui a deux étages), impossible de l'asperger en entier, ce qui, j'imagine, empêche la guérison. Que me conseillez-vous de faire? À long terme, l'arbre peut-il mourir? Sophie Marcotte
R Votre pommetier semble souffrir de la tavelure, une maladie très courante chez les pommetiers et les pommiers. Effectivement, il y a des traitements possibles, mais il faut les appliquer assidûment, du printemps à l'automne, entre 3 à 11 fois et, comme vous le soulignez, vaporiser un arbre de bonne taille n'est pas une sinécure. Par contre, les pommetiers atteints de cette maladie peuvent vivre encore pendant des décennies et donner quand même une floraison spectaculaire la plupart des années. D'accord, les pires années, il peut y avoir une chute massive de feuilles en plein été mais, très honnêtement, le traitement est si difficile à appliquer et si rarement très efficace que le plus facile est d'apprendre à accepter ce problème. Quand l'arbre meurt (et la tavelure peut être éventuellement mortelle), pensez remplacer l'arbre malade par un pommetier qui n'est pas sujet à la tavelure. Il est malheureux de constater que plusieurs pommetiers très sujets à la tavelure sont encore couramment vendus en pépinière, même si leur susceptibilité est connue depuis 30 ou même 40ans. Parmi les pommetiers à éviter, il y a 'Brandywine', 'Hopa' (le plus susceptible), 'Indian Magic', 'Indian Summer' et 'Profusion'. Parmi les variétés recommandées à cause de leur excellente résistance à la tavelure, il y a 'Lollipop', 'Prairifire', 'Sugar Tyme', 'Snowdrift' et 'Thunderchild'.
Tous les thyms sont-ils comestibles?
Q J'ai remarqué sur mon terrain (boisé au nord de Sainte-Brigitte-de-Laval) une herbe qui ressemble au thym et sent comme lui. Une amie française croit que c'est du serpolet. Est-ce comestible? Louise
R Aucun thym n'est indigène au Québec, mais plusieurs espèces s'échappent à la culture occasionnellement pour s'établir dans les champs, les stationnements, les bords de route et d'autres emplacements ensoleillés. Le serpolet ou thym serpolet (Thymus serpyllum), un thym au port nettement rampant utilisé surtout comme plante ornementale, est de ce groupe. Tous les thyms, même les variétés ornementales, sont comestibles, mais certains sont plus appréciés dans la cuisine que d'autres. Le serpolet, justement, est rarement utilisé à cette fin. Le thym de la cuisine, soit le thym commun (T. vulgaris), aussi s'échappe de la culture, mais a un port plus buissonnant, formant un petit dôme plutôt qu'un tapis. Tous les thyms attirent aussi les abeilles qui font un miel bien réputé avec leur nectar.
Parasite ou maladie?
Q Voici une bizarrerie; une plante qui pousse sur une branche de sapin. Ça ne semble pas être une repousse de sapin : on dirait une plante parasite. G. Gagnon, Rimouski
R Ce que vous voyez est un balai de sorcière : un développement exagéré des rameaux qui forment alors une croissance anormale, comme si une autre petite plante poussait sur la plante-mère. Il y a plusieurs causes aux balais de sorcière : il peut s'agir d'une mutation, du symptôme d'une maladie ou d'une infestation d'insectes, ou il peut même apparaître après l'installation d'un gui (plante parasitaire) sur la plante-mère. Dans ce cas-ci, cependant, il s'agit d'une maladie bien connue et pas du tout rare : un champignon appelé la rouille-balai de sorcière (Melampsorella caryophyllacearum). Cette rouille a besoin de deux hôtes pour se multiplier, passant une phase de sa vie sur le sapin (Abies spp.) et une autre sur une mauvaise herbe appelée mouron des oiseaux (Stellaria media). La rouille-balai de sorcière affaiblit un peu son hôte, mais n'est pas considérée comme particulièrement nuisible. À vous de décider si vous la supprimez... ou la gardez comme exemple d'une bizarrerie naturelle!
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