Le ministre des Transports, Robert Poëti, a parlé d'un «bilan exceptionnel mondialement», jeudi. Exactement 399 personnes ont perdu la vie sur les routes de la province en 2013, soit 22 de moins qu'en 2012, une baisse de 5 %. Le nombre de blessés graves et de blessés légers a également diminué pendant la même période.

«Il faut remonter à 1945 - 1945! - pour retrouver moins de décès», a insisté l'ancien policier. Il y avait alors 200 000 véhicules en circulation contre 6 millions aujourd'hui.

Le bilan des jeunes de 15 à 24 ans s'est amélioré de façon remarquable, passant de 103 morts en 2012 à 79 morts en 2013. De quoi plaquer un sourire sur le visage de la présidente et chef de la direction de la SAAQ, Nathalie Tremblay. «Ils nous donnent une réelle preuve que le message passe», s'est-elle réjouie.

Le ministre Poëti croit pour sa part que les cours de conduite obligatoires, de retour depuis 2010, font sentir leurs effets. Il a aussi lancé des fleurs aux compagnies d'assurances qui offrent des rabais pour bonne conduite, moyennant l'installation d'un appareil télématique qui enregistre la vitesse ainsi que les accélérations et les freinages brusques.

Chiffres contradictoires

Régionalement, les statistiques présentées jeudi apparaissent contradictoires. La Capitale-Nationale a enregistré la plus importante hausse à l'échelle de la province, soit 41 décès en 2013 au lieu de 20 en 2012, année exceptionnellement clémente. La Chaudière-Appalaches a battu le record dans l'autre sens, faisant l'économie de 16 morts pour un total de 26.

Selon la SAAQ, il est difficile de pointer les causes de ces variations en raison des petits nombres en jeu. Les données sur cinq ans révèlent d'ailleurs que les deux régions font légèrement mieux que la moyenne provinciale.

Ces bonnes nouvelles sur la route se répercutent dans les colonnes de chiffres de la SAAQ. Le Fonds d'assurance affichait un surplus de 1,1 milliard $ et un excédent cumulé de 658 millions $ au 31 décembre 2013. Le niveau de capitalisation du régime est ainsi passé de 69 % à 108 % en l'espace de cinq ans. Le déficit cumulé de 2,7 milliards $ constaté en 2008 «est donc aujourd'hui complètement résorbé. C'est 10 ans plus tôt que prévu», a fait remarquer Mme Tremblay.

Il n'y a pas que l'amélioration du bilan routier pour expliquer cette embellie. Les services à la clientèle accidentée ont été revus, les contributions d'assurances, ajustées, et les placements ont généré davantage de revenus, a expliqué la présidente.

Conséquemment, elle a annoncé que les contributions d'assurances pour les conducteurs (permis de conduire) et les propriétaires de véhicules (immatriculations) baisseront en 2016. Mme Tremblay était toutefois incapable de donner un ordre de grandeur. Un comité travaille le dossier, qui sera ensuite soumis à un conseil d'experts indépendants, à l'automne, puis à une consultation publique.

«Quel beau problème!» s'est exclamé le ministre Poëti en ce lendemain de budget provincial.

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«La roche dans le soulier»

Les cyclistes et les piétons apparaissent comme les perdants du plus récent bilan routier. «C'est la roche dans le soulier», a reconnu le ministre Robert Poëti.

Soixante-cinq piétons ont perdu la vie en 2013, soit dix de plus qu'en 2012. Dix-neuf cyclistes ont également péri sur les routes, contre quatorze l'année précédente. Cela reste tout de même dans la moyenne des cinq dernières années.

Le titulaire des Transports a plaidé jeudi pour un partage «sécuritaire et harmonieux» de la route, de façon à protéger ces usagers vulnérables. Il a rappelé la création d'un comité, formé quelques jours après son assermentation et la mort de la cycliste montréalaise Mathilde Blais, pour renforcer le Code de la sécurité routière.

«On va demander à des gens qui sont concernés par la chose, qui connaissent ça», a souligné M. Poëti, qui a aussi invité les autres partis politiques à livrer leur vision. Une première réunion doit avoir lieu à la fin de juin.

La Société de l'assurance automobile du Québec doit aussi lancer des campagnes pour rappeler les règles de sécurité et sensibiliser les conducteurs à la vulnérabilité des cyclistes et des piétons au cours de la prochaine année.