Des tomates sans maladies

Tomates atteintes du mildiou

Définitivement, les jardiniers qui aiment cultiver les tomates n'ont pas la vie facile. Ce légume, de loin le plus populaire auprès des jardiniers amateurs québécois, est sujet à de plus en plus de maladies et, par conséquent, sa culture est de plus en plus difficile. Quel jardinier n'a pas déjà vu ses plants de tomate jaunir peu à peu à partir de la base, un symptôme classique des maladies comme la fusariose et la verticilliose? Ces maladies sont tellement courantes qu'on ne sait pas à quel saint se vouer quand vient le temps de planifier le jardin estival.


Heureusement, il y a plusieurs techniques qu'on peut appliquer ainsi que des choix de variétés résistantes qui peuvent amoindrir les dommages afin de profiter d'une excellente récolte de tomates juteuses. Voici quelques conseils :

1. Évitez de planter trop tôt

Les tomates mises en terre quand le sol ou l'air sont encore frais sont plus sensibles aux maladies. Dans notre région, on peut rarement planter des tomates avec succès avant la mi-juin. Cultiver des plantes en pot peut aider, car on peut les rentrer à l'intérieur si la nuit s'annonce fraîche.

2. Faites toujours une rotation

La plupart des maladies des tomates hivernent dans le sol sous forme de spores et sont trouvées là où les tomates ou d'autres plantes de la famille des Solanacées (les pommes de terre et les aubergines, notamment) ont été cultivées. En déplaçant le site de plantation annuellement, on peut souvent les éviter. Pour la culture en pleine terre, faites une rotation d'au moins quatre ans, car certaines maladies peuvent rester dormantes jusqu'à trois ans. Si vous cultivez des tomates en pot, remplacez le terreau annuellement (il peut servir pour d'autres plantes qui ne sont pas des Solanacées) et nettoyez bien les pots avec du savon et de l'eau de Javel avant de les utiliser de nouveau.

3. Appliquez des mycorhizes sur les racines

Il n'y a pas de preuve exacte encore, mais les études semblent indiquer que les plantes traitées aux mycorhizes (des champignons bénéfiques) sont plus résistantes aux maladies qui pénètrent les tomates par leurs racines (fusariose, verticilliose, etc.) que les plantes qui ne le sont pas. On peut appliquer des mycorhizes, disponibles dans le commerce, lors du semis ou encore, sur les racines des plants lors du repiquage. Il est aussi possible d'acheter un terreau qui contient déjà des mycorhizes, ce qui est très pratique si on fait ses propres semis.

4. Cultivez vos tomates dans un potager surélevé

Un potager surélevé se réchauffe et s'assèche plus rapidement, aidant à prévenir les maladies, la plupart desquelles s'étendent davantage par temps froid ou humide.

5. espacez bien les plants

Laissez au moins 60 cm entre les plants de tomate pour permettre une bonne circulation d'air, ce qui assèche le feuillage après une pluie ou une forte rosée, aidant à prévenir l'établissement de maladies.

6. Paillez les plants

Un paillis organique placé sur le sol autour des plants de tomate (eh oui, il devrait toucher la base des plantes, malgré une légende urbaine qui prétend le contraire!) empêchera les spores de maladie d'être lancées sur le feuillage lors de fortes pluies. Préférez un paillis riche en matière organique, comme des feuilles déchiquetées ou le paillis forestier. Évitez les paillis à base de conifères, comme le paillis de cèdre, car ils sont légèrement toxiques aux tomates.

7. Arrosez le sol, pas le feuillage

Les maladies s'établissent surtout sur les feuilles humides. On peut difficilement contrôler Dame Nature, avec ses pluies et rosées, mais on peut faire attention en arrosant de mouiller uniquement le sol, pas le feuillage. D'ailleurs, un arrosage le matin permettra au feuillage de s'assécher plus rapidement qu'un arrosage le soir, où les feuilles risquent de demeurer humides toute la nuit.

8. Supprimez les feuilles malades

Si malgré tout vos tomates semblent avoir des feuilles qui jaunissent, brunissent ou sont diversement tachetées (des symptômes de plusieurs des maladies), supprimez les feuilles atteintes peut ralentir le progrès de la maladie. Portez de gants et stérilisez le sécateur entre chaque coupe avec de l'alcool à friction pour éviter de transmettre des maladies d'une feuille à une autre.

8. Choisissez des variétés résistantes

Certaines tomates sont naturellement résistantes aux maladies et sont préférables lorsque vous avez eu des problèmes de maladie dans le passé. À cette fin, les producteurs de semences de tomate utilisent des lettres pour indiquer la résistance. Voici quelques exemples :

V- résistant à la verticilliose

F - résistant à la fusariose race 1

FF - résistant à la fusariose races 1 et 2

FFF - résistant à la fusariose races 1, 2 et 3

A - résistant à l'alternariose

N - résistant aux nématodes (rarement un problème dans les jardins québécois)

St - résistant à la stemphyliose

T - résistant à la mosaïque du tabac

Donc, les variétés de tomate avec toute une filée de lettres après leur nom, comme 'Big Beef' VFFNTA ou 'Celebrity' VFFNT, sont d'excellents choix pour les jardiniers ayant eu des problèmes dans le passé. Avant d'acheter un plant de tomate, demandez toujours au fournisseur de vous spécifier ses résistances.

Notez qu'une résistance à une maladie ne garantit pas que la plante ne l'attrapera pas, notamment si l'été est frais et humide ou si le sol est contaminé, mais retardera le début de l'infestation ainsi que sa progression, permettant souvent une récolte raisonnable.

Un cas spécial : le mildiou de la tomate

Le mildiou de la tomate (Phytophthora infestans) est sorti de nulle part il y a seulement quelques années, prenant les semenciers et les jardiniers de court, car à l'époque, aucune tomate ne semblait résistante à cette maladie. Surtout courante dans les régions aux étés humides comme le nôtre, il est rapidement devenu la maladie de tomate la plus dévastatrice dans les jardins québécois. De plus, contrairement aux autres maladies, qui tendent à affaiblir la plante et à réduire la récolte, mais sans la tuer, le mildiou peut tuer la plante ou détruire tous les fruits. Et comme ses spores s'étendent rapidement, apportées par le vent, plutôt que de rester dans le sol là où étaient plantées des tomates au cours des années précédentes, la rotation ne suffit pas à le prévenir.

On reconnaît le mildiou de la tomate par ses symptômes. D'abord, vers la fin de l'été (les anglophones appellent cette maladie late blight, car justement elle survient tardivement), des taches brunes s'installent sur les feuilles inférieures et grossissent rapidement. À l'envers, ces taches peuvent être couvertes de «mousse» blanchâtre. La maladie monte successivement vers le haut, affectant feuille après feuille. Souvent les tiges aussi brunissent. Pire encore, juste au moment où le fruit est presque mûr, une ou des dépressions molles et noires se forment sur le fruit et il n'est bon que pour la poubelle.

Heureusement, il y a maintenant quelques variétés résistantes à ce fléau. C'est notamment le cas de 'Mountain Magic', 'Mountain Merit', 'Defiant', 'Iron Lady', 'Plum Regal', 'Juliet', 'Jasper' et 'Fantastico', ce dernier une Sélection All-America 2014. Si vous avez eu des problèmes dans le passé avec cette maladie, mieux vaut rechercher une de ces variétés résistantes pour votre jardin estival.

Avec ces idées en tête, commencez à planifier votre production de tomates pour l'été 2014.Définitivement, les jardiniers qui aiment cultiver les tomates n'ont pas la vie facile. Ce légume, de loin le plus populaire auprès des jardiniers amateurs québécois, est sujet à de plus en plus de maladies et, par conséquent, sa culture est de plus en plus difficile. Quel jardinier n'a pas déjà vu ses plants de tomate jaunir peu à peu à partir de la base, un symptôme classique des maladies comme la fusariose et la verticilliose? Ces maladies sont tellement courantes qu'on ne sait pas à quel saint se vouer quand vient le temps de planifier le jardin estival.

Réponses à vos questions

Balai de sorcière sur des bleuetiers

Q Je possède six bleuetiers. Tous, sauf un, fournissaient une bonne production allant croissant d'année en année. Sur l'autre, il poussait de nombreuses tiges, qui sortaient du sol rachitiques et qui étaient de couleur brun roux et tordues. Ces repousses ne se sont jamais développées et mouraient après quelques années. Aucune production de bleuets non plus sur ces repousses. Au printemps 2013, j'ai coupé ces repousses sur cet arbuste, mais voilà que le même phénomène s'est produit sur deux autres arbustes. J'ai l'impression de faire face à une maladie ou un insecte, mais mes recherches ne m'ont donné aucune réponse.

Ronald Leblond, Québec

R Je crois que vos bleuetiers souffrent de la rouille-balai de sorcière du bleuetier, un champignon appelé Pucciniastrum goeppertianum. Comme bien des rouilles, cette maladie a besoin de deux hôtes alternes : un bleuetier (Vaccinium) et un sapin (Abies). La maladie se développe sur un bleuetier, provoquant la croissance d'une profusion de tiges courtes et denses devenant assez rapidement brunes et cassantes, soit le balai de sorcière cité dans le nom rouille-balai de sorcière. Puis les spores sont transportées du bleuetier atteint sur un sapin dans les environs et s'y développent en provoquant le roussissement des aiguilles (la partie «rouille» du rouille-balai de sorcière). Les aiguilles atteintes produisent à leur tour des spores qui sont rapportées par le vent sur un bleuetier et alors, le cycle recommence. On considère cette maladie incurable et la destruction des plantes infestées est recommandée. Évidemment, il vaut mieux éviter de cultiver des sapins dans les environs des bleuetiers, mais il est difficile de contrôler ce que les voisins peuvent planter et il y a des sapins dans la nature aussi. Vous n'avez pas eu beaucoup de chance, car si cette maladie est courante dans la nature, on la considère plutôt rare dans les cultures de bleuetiers.

Haie à rabattre

Q J'ai une haie de spirées Van Houtte à l'avant de la maison, mais elle se fait beaucoup briser par la neige soufflée par la Ville malgré un abri hivernal. Pourrais-je la couper à ras du sol à l'automne?

Denis Chapdelaine

R La spirée 'Van Houtte' ou voile de la mariée (Spiraea x vanhouttei), comme la plupart des spirées à floraison printanière, tolère très bien une taille sévère et repousse assez rapidement, même si vous la rabattez à seulement 10 à 20 cm du sol. Le meilleur moment pour ce faire n'est cependant pas l'automne, mais la fin du printemps, après la floraison. Ainsi, la plante aurait tout l'été pour repousser et refleurira alors abondamment dès le printemps suivant. Il peut falloir une scie pour effectuer cette taille, car certaines branches risquent d'être assez épaisses.

Cultiver un figuier au Québec

Q Je viens d'acheter un figuier 'Hardy Chicago' que je dois transplanter. Sur les instructions, on suggère soit une culture en pleine terre ou dans un pot que l'on peut entrer à l'intérieur l'hiver. Que suggérez-vous? Comme je demeure à Québec, j'opterais pour l'option pot, mais puis-je compter avoir des figues un jour ou ce sera seulement pour le feuillage?

Céline, Charlesbourg

R Le figuier commun (Ficus carica) est une plante d'origine méditerranéenne et est très mal adaptée aux climats froids comme le nôtre. Même ce cultivar spécialement sélectionné pour sa plus grande résistance au froid n'est pas assez rustique pour notre région. Il est d'environ zone 7, bien trop frileux pour notre zone 4 locale. Il arrive occasionnellement qu'un figuier rustique planté près d'une fondation de maison et abondamment paillé à l'automne survive à nos hivers... mais alors, il prend tellement de temps à recommencer à pousser au printemps que les fruits, s'il y en a, n'arriveront pas à mûrir. La culture en pot est donc la meilleure option.

Cultivez votre figuier à l'extérieur, au plein soleil, pendant l'été, l'entretenant comme toute plante en pot, avec des arrosages au besoin, des fertilisations occasionnelles, etc. À l'automne, à la chute des feuilles (oui, le figuier comestible est à feuilles caduques et doit entrer en dormance à l'automne), rentrez la plante dans un garage, un sous-sol ou un autre endroit à peine chauffé où il peut subir des températures fraîches à froides, mais sans gel. Arrosez à peine pendant l'hiver, juste assez pour ne pas que le terreau s'assèche totalement. Au printemps, même si vous ne l'avez pas arrosé depuis des mois, le feuillage commencera à pousser : il est temps de placer le figuier dans une pièce bien éclairée et de recommencer des arrosages normaux et des fertilisations. Puis, l'été, placez la plante à l'extérieur encore, au plein soleil. Comme 'Hardy Chicago' est autofertile et fructifie sur les pousses de l'année (contrairement à plusieurs figuiers moins rustiques), vous devriez pouvoir vous délecter des figues de votre arbre tous les étés.

Calendrier horticole

Vente annuelle sur le toit-jardin de Lauberivière

Les Urbainculteurs organisent une grande vente de végétaux biologiques (tomates, poivrons, etc.) sur le toit-jardin de Lauberivière le samedi 24 mai de 9h à 16h, le jeudi 29 mai de 16h à 19h et le samedi 31 mai de 9h à 16h. Lieu : 401, rue Saint-Paul, Québec. Info : 418 694-7047 ou info@urbainculteurs.org

Voyages horticoles de la Société des Amis

La Société des Amis du Jardin Van den Hende offrira plusieurs voyages horticoles cet été. Le samedi 5 juillet, il y aura une excursion en bateau sur le lac Memphrémagog et la visite de la Rose des champs, la plus vaste roseraie privée au Canada. Le samedi 19 juillet, la Société va à la Cité de l'énergie à Shawingan où, en plus des jardins, il y a une exposition sur les camions de pompier et, en soirée, elle assistera au spectacle Amos Daragon. Le samedi 26 juillet, il y aura une visite dans la région de Lanaudière à l'entreprise de production de lavande La lavande à soi et à la Pépinière Villeneuve. Le samedi 16 août, c'est vers Saint-Hyacinthe qu'iront les voyageurs, au célèbre Jardin Daniel A. Séguin et chez le producteur de cerises de terre Passion dorée. Le samedi 23 août, la Société ira dans le comté de Charlevoix pour visiter l'entreprise Hémérocalles du Québec et le Musée de Charlevoix avec, en soirée, un concert au Domaine Forget. Enfin, le dernier voyage de l'été est à Alma (Lac-Saint-Jean) pour visiter le Jardin-atelier de la Brunante et le parc thématique Odyssée des bâtisseurs. Info : 418 656-3410 ou marielle_carpentier@hotmail.com

Voyage floral au Bas-Saint-Laurent

La Société d'horticulture de Québec offre un voyage au Bas-Saint-Laurent les 13 et 14 juillet prochain. Inclus dans le programme, des visites aux jardins suivants : Jardin de Métis, Jardin de l'Écluse, Jardins de Doris, Jardin botanique du Nouveau-Brunswick et Jardin de la Petite École, et plusieurs repas. Il faut réserver avant le 31 mai. Info : 418 847-6389 ou societehorticulturequebec@hotmail.com

Pour toute activité horticole, écrivez-nous à magazine@lesoleil.com