Un cuisinier français expulsé dès son arrivée

Pancarte à la main, James Monti, propriétaire du Bistro L'Atelier, a accueilli à l'aéroport de Québec, vendredi matin, un cuisinier français venu travailler dans ses cuisines. Faute de permis de travail, ce dernier n'aura cependant passé que quelques heures à Québec, avant d'être expulsé du pays.


Grégory Piquet est donc devenu, bien malgré lui, le plus récent exemple des conséquences directes du moratoire sur les travailleurs étrangers imposé par Ottawa. M. Monti, qui doit combler un urgent manque de main-d'oeuvre qualifiée derrière ses fourneaux, espérait que le cuisinier obtienne un permis de séjour lui donnant le droit d'être en ville dans l'éventualité que le moratoire soit levé pour les travailleurs de la restauration.

«À Service Canada, on nous avait indiqué qu'il ne pouvait pas avoir de permis de travail, mais qu'il pourrait en avoir un de séjour, en attendant que le programme pour les travailleurs étrangers [soit restitué]», a expliqué M. Monti.



Le gouvernement fédéral a décrété un moratoire le mois dernier, après que des cas d'abus dans l'ouest du pays eurent été dévoilés. Des restaurateurs, notamment dans des restaurants McDonald's de Victoria, en Colombie-Britannique, auraient remplacé des salariés canadiens par des travailleurs étrangers.

James Monti a ainsi agi «de bonne foi», sans essayer de contourner les règles, alors que M. Piquet aurait pu jouer les touristes à sa sortie du vol TS 413 en provenance de Paris. «Non, jamais je ne ferais autrement, a insisté le restaurateur. On ne veut pas déjouer la loi, on souhaite que le moratoire soit levé.»

Accueil «spécial»

M. Piquet a finalement été forcé de monter à bord du premier vol en direction de Paris et a donc quitté la capitale à 22h. Il s'est contenté de qualifier l'accueil canadien de «spécial». Ce court séjour aura coûté environ 2500 $ au restaurateur de la Grande Allée, qui a payé pour le billet d'avion et pour un logement pour quatre semaines.

Sans ce nouveau cuisinier venu «dépanner», L'Atelier devra se débrouiller à personnel réduit pour le début de l'été, ce que plusieurs autres restaurants de la région craignent également devoir faire.