Le long chemin vers la forteresse

Porte d'entrée de la Citadelle, la porte Dalhousie est la seule des portes de la ville à ne pas avoir été élargie pour les besoins des voitures.

La Citadelle de Québec est depuis son ouverture la porte d'entrée dans le monde militaire de la capitale. Emblématique des guerres passées, elle a pourtant tardé à être construite.


C'est en 1716 que l'ingénieur Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry propose pour la première fois l'idée d'édifier une citadelle pour mieux protéger la ville, alors là ceinturée de quelques fortifications. La France refuse. Trop coûteux, dit-elle, et non prioritaire.

Pourtant, depuis sa fondation en 1608, Québec est le centre administratif et économique de la Nouvelle-France par où transitent les marchandises. Par le fait même, la ville devient la cible de menaces, de violences et de sièges. Mais aux yeux de la mère patrie, investir dans sa protection n'est pas une nécessité.

Après la bataille des plaines d'Abraham de 1759, Québec devenue britannique n'est guère mieux prémunie contre les invasions. L'officier James Murray, convaincu de la pertinence du Cap Diamant dans le système de défense, demande la construction d'une citadelle. La couronne refuse. Le projet est jugé encore trop dispendieux.

La guerre de l'Indépendance est déclarée en 1775. Québec, toujours à la merci des rivaux, fait d'importants travaux pour ériger des murs temporaires faits de terre, de bois et de maçonnerie. C'est à la suite de ce conflit que les tours Martello sont construites à quatre coins stratégiques pour protéger en cas d'invasion. En vain, le projet de citadelle reste sur la glace.

La guerre décisive

C'est finalement la guerre de 1812 qui confirmera à l'Angleterre l'importance de protéger le territoire québécois. Son conflit avec les États-Unis donne lieu à toutes sortes de travaux militaires, dont la canalisation de la rivière Rideau, le fort Lennox et... la citadelle de Québec.

C'est au lieutenant-colonel Elias Walker Durnford que l'on donne le mandat de faire les plans. L'architecture choisie est grandement inspirée par le travail de l'ingénieur français Sébastien Le Prestre de Vauban, dont la forme étoilée des systèmes de défense est devenue sa signature.

Signe de l'époque, les murs sont construits avec les briques des cales des bateaux arrivant d'Europe. On y mélangera les briques rouges, venues d'Angleterre, et les jaunes, prises en Écosse.

Pour sceller le tout, une porte - nommée Dalhousie en l'honneur du gouverneur général au moment de la construction-, imposante et encore d'époque aujourd'hui. C'est la seule des portes de la ville à ne pas avoir été élargie pour les besoins de la voiture.

Plus de 200 ans après la fondation de Québec, la capitale se voyait bâtir une forteresse étoilée. Elle y accueillera les militaires britanniques, deviendra la résidence du gouverneur général et aujourd'hui point central du Royal 22e Régiment, unique regroupement militaire francophone au Canada.

Par-delà les plaines d'Abraham, au sommet du Cap-Diamant, la Citadelle aura finalement pris forme. Discrète et impressionnante à la fois.

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> Lexique

Citadelle › Forteresse qui commandait une ville.

Mess › Lieu de repos et de restauration réservé aux officiers ou aux sous-officiers.

Redoute › Ouvrage de fortification détaché, petit fort isolé, fermé et de forme carrée.

Bastion › Ouvrage de fortification, généralement de forme pentagonale, soutenu par des murailles. Il fait partie de l'enceinte d'une place.

Bataillon › Unité militaire groupant plusieurs compagnies d'un régiment.

Garnison › Troupe qu'on met dans une place pour en assurer la défense et tenir le pays.

Relève de la garde › Tradition militaire en début de journée qui marque le changement de la garde de nuit, la garde descendante, pour la garde de jour, la garde montante.