Tant que le premier budget de son collègue des Finances ne sera pas déposé, en juin, la ministre Charbonneau met un holà sur le développement de places dans le réseau à 7 $.
La majeure partie des 28 000 places déjà attribuées par appel d'offres en 2011 et en 2013 - qui ne sont pas toutes encore offertes aux parents - seront révisées à travers la loupe de l'austérité budgétaire.
Pour certains, cela veut dire qu'un projet de construction ou d'agrandissement de garderie basé sur la promesse de nouvelles places pourrait être annulé, même si les travaux sont entamés.
La nouvelle révélée par Le Devoir, samedi, cause tout un émoi dans le réseau des places à contribution réduite.
«Ouvrir une garderie de nos jours, ça peut facilement aller dans les 2 millions $», affirme Samir Alahmad, de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ).« Je peux comprendre que les crédits ne sont pas là, mais les gens ont bâti leur installation et ont investi sur la base de l'engagement ferme d'un ministre au pouvoir. Il commence à y avoir un mouvement de panique.» La question des recours juridiques n'a pas encore été envisagée, indique-t-il.
La procédure prévoit que les places sont attribuées après une étude du dossier. Les travaux sont ensuite réalisés, puis un permis est délivré après une évaluation de la conformité des installations.
Dans certains cas, note Louis Sénécal, de l'Association québécoise des CPE, le personnel est engagé, le réfrigérateur est plein et les parents attendaient une ouverture imminente. «Cela a des impacts considérables sur les parents, note M. Sénécal. Plusieurs attendent cela pour retourner sur le marché du travail. Ça a un impact économique sur la famille quand tu dois te passer d'un salaire.»
Le directeur de l'AQCPE note que les partenaires du réseau comprennent que la situation budgétaire est difficile et entendent collaborer à «générer des solutions».
Le dernier appel d'offres de 15 000 nouvelles places lancé par l'ex-ministre péquiste Nicole Léger réservait 2235 places pour les régions de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Il n'a pas été possible de savoir, lundi, quelle proportion des 28 000 places attribuées depuis trois ans a été réalisée.
Au cabinet de la ministre de la Famille, l'attachée de presse Lindsay Jacques-Dubé affirme que les projets les plus avancés seront priorisés une fois le budget déposé. «Il va y en avoir de la création de places cette année, assure-t-elle. Mais on a voulu faire un état des lieux. Il faut s'asseoir et regarder tout ce qui a été promis, ce qui existe déjà, et voir ce que l'on peut faire avec l'argent qu'on a.»
Pour le porte-parole péquiste en matière de Famille, Mathieu Traversy, le Parti libéral du Québec se comporte de façon bien particulière en cette Semaine québécoise de la famille. La ministre doit rassurer le réseau, selon lui. «Je ne suis pas certain que la population québécoise aurait voté pour ce gouvernement si elle avait su pendant la campagne électorale qu'il allait agir de la sorte», fait valoir M. Traversy.
De son côté, Québec solidaire craint que cette suspension des permis soit le prélude à un développement plus marqué des garderies privées non subventionnées.