Réseaux sociaux et entreprises: l'entrepreneur branché

Depuis celle de Facebook, le premier réseau social mondial, l'introduction boursière de Twitter, lancé en 2006, est la plus attendue du monde de l'internet et des nouvelles technologies.

Les entreprises, petites ou grandes, ont toutes quelque chose à gagner en étant actives sur les réseaux sociaux. Mais il ne s'agit pas de facebooker ou de tweeter à qui mieux-mieux, il faut connaître les bons et les moins bons coups. La présence virtuelle des entreprises est nécessaire, selon les experts Rémi Lachance et Myrka Maheux, mais pour être rentable  au sens large du terme elle doit être stratégique.


Facebook, Twitter, LinkedIn, Pinterest... les réseaux sociaux sont nombreux, mais ne sont pas tous avantageux pour tous les types d'entreprise. «Il faut donc faire des choix, explique Myrka Maheux. Il faut identifier les bénéfices qu'on peut en tirer, et si on ne fait pas les bons choix, on n'aura pas les bénéfices.» Il faut non seulement bien choisir le ou les réseaux sociaux sur lesquels une entreprise à intérêt à figurer, mais il faut aussi être présent judicieusement sur ces réseaux. Un vrai casse-tête pour certains, mais un casse-tête qu'on a tenté de résoudre mercredi dernier, à Québec, lors du troisième Printemps des réseaux sociaux, un événement organisé par Colloquium, dont les têtes pensantes sont Rémi Lachance et Myrka Maheux. Conférenciers et experts ont donné trucs et astuces à des gens d'affaires pour afficher une présence pertinente et efficace sur les réseaux sociaux.

Un restaurant devrait-il être sur Twitter? Afficher son menu en 140 caractères n'est pas si évident. «Quand on fait du business to client [comme dans le cas d'un restaurant], Facebook est plus intéressant, mais il faut l'envisager avec d'autres stratégies de communication», indique Rémi Lachance. Car les réseaux sociaux sont, pour les entreprises, une forme de communication parmi d'autres. Twitter est idéal pour les événements qui ont une durée déterminée. Si le même restaurant organise une dégustation ponctuelle, avec plusieurs chefs, Twitter pourrait alors être pertinent.



LinkedIn permet de bâtir un réseau professionnel et est une plateforme à privilégier pour le business to business. «C'est bien quand ta clientèle, ce sont d'autres organisations. C'est très professionnel, propice à la vente, au recrutement et aux relations d'affaires», stipule Myrka Maheux.

Big 3

Facebook, LinkedIn, Twitter, c'est le «big 3», pour reprendre les mots de Rémi Lachance, mais d'autres réseaux sociaux prennent leur place : Pinterest, Tumblr, Instagram et autre Google+.

Après avoir choisi la ou les plateformes qui correspondent le mieux à son entreprise, il faut faire un autre choix : ce qu'on veut dire, et à quelle fréquence.



Pour Fabien Loszach, expert en stratégies médiatiques et numériques chez Brad et conférencier au Printemps des réseaux sociaux, il faut «hacker l'économie de l'attention, il faut aller chercher l'attention des gens dans une mer d'informations». Le type de contenu à diffuser sera donc judicieusement choisi : contenu informatif, utile, exclusif, visuel, inspirant, spontané. À chacun de déterminer ce qui aura le plus d'effet en fonction des objectifs fixés. Car, oui, il faut préalablement se fixer des objectifs.

Il faut aussi développer une stratégie quant à la fréquence des billets ou des messages à publier sur les réseaux sociaux. «La régularité prime sur le nombre d'heures», insiste Myrka Maheux. Il faut alimenter intelligemment ses (potentiels) clients.

Une grande entreprise aura les moyens de payer un salaire à un gestionnaire de communauté, une plus petite organisation pourra offrir une formation à l'un de ses employés qui consacrera quelques heures par semaine sur les réseaux sociaux, certains entrepreneurs solos pourront être autodidactes et lire sur l'usage efficace des réseaux sociaux.

Retombées

Les retombées d'une bonne utilisation des réseaux sociaux peuvent être multiples : ventes, visibilité, notoriété, recrutement facilité (gain de temps et d'argent), réduction du budget alloué au marketing. Sur ce dernier point, Fabien Loszach prévient que le piège est toutefois de penser que l'utilisation des réseaux sociaux est totalement gratuite. Si publier une vidéo, une belle photo, une publicité sur Facebook est gratuit, il faut souvent déployer du temps, de l'argent, une ressource humaine pour produire la vidéo, la photo ou la pub en question. Mais il y a moyen d'être présent efficacement sur les réseaux sociaux sans que cela ne coûte excessivement cher. Les entreprises pourront alors investir leur argent ailleurs.

Rémi Lachance et Myrka Maheux préviennent que pour évaluer ces retombées et savoir si l'utilisation des réseaux sociaux est rentable, il faut des indicateurs. Il sera, là aussi, nécessaire de s'outiller, de développer des techniques pour lire les résultats.



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Réseaux sociaux internes

Une des grandes tendances à venir est l'usage de réseaux sociaux internes aux entreprises. Cette façon de fonctionner permettra «une meilleure communication interne, une meilleure transparence et une meilleure mobilisation», explique Rémi Lachance. Les réseaux sociaux internes deviendront un moyen de stimuler l'engagement des employés, puisqu'il en sauront davantage sur la situation et les objectifs de l'organisation, ce moyen de communication facilitera aussi le partage des connaissances et deviendra un outil collaboratif. L'avenir des réseaux sociaux internes fera partie de la programmation du prochain Printemps des réseaux sociaux, qui se tiendra dans la semaine du 6 avril 2015.

Top 6 des réseaux sociaux utilisés par les internautes québécois

YouTube: 67 %

Facebook: 66 %

Google +: 35 %

 LinkedIn: 15 %



Twitter: 12 %

Pinterest: 6 %

Source: CEFRIO

Valeur ajoutée et contenu de qualité

Pour une entreprise, l'utilisation des réseaux sociaux doit servir sa mission et ses objectifs préalablement établis. Avoir une page Facebook, un compte Twitter ou Pinterest simplement pour «être branché» n'est pas très stratégique. «La première question que doivent se poser les entrepreneurs, c'est : "on fait ça pour quoi?", mais ils ne se posent pas souvent la question», constate Jean Sébastien Roy, président chez Hey! Marketing créatif.

C'est cette question qu'il a fait émerger dans la tête de l'équipe des communications de l'Aquarium du Québec. L'objectif de l'Aquarium, en ayant une page Facebook, est d'augmenter le nombre de visiteurs. Le contenu publié doit aussi répondre à la mission d'éducation, de sensibilisation à l'environnement et de divertissement.

Stratégie bien réfléchie

Pour répondre à l'objectif d'augmentation des visiteurs, il faut faire en sorte de toucher de nouveaux réseaux de personnes, pas seulement les personnes qui nous suivent sur un réseau social ou un autre. Les publications doivent être assez distinctives pour que nos abonnés aient envie de partager la nouvelle, ce qui peut attirer de nouvelles personnes à suivre notre page. La vidéo est un très bon moyen d'atteindre ce but. Quand l'Aquarium a publié la vidéo de Boris, un morse, «chantant» Vive le vent, le nombre de fans de la page Facebook a fait un bond. «Il n'y a pas de recette pour qu'un contenu devienne viral, mais l'authenticité, la spontanéité, ça marche», affirme M. Roy. Pas besoin de faire appel à un vidéaste, sortez votre iPhone.

S'associer à des personnalités, à des partenaires extérieurs ou à des organisations d'influences est aussi un moyen de toucher de nouveaux réseaux de personnes. Un bon exemple, concernant l'Aquarium, a été celui d'un concours organisé avec l'Office du tourisme de Québec comme partenaire. Par ce concours, l'Aquarium rejoignait le réseau de l'Office dont les abonnés ne suivaient pas forcément l'Aquarium. Il suffisait d'inviter ces gens à aimer la page Facebook de l'Aquarium pour pouvoir participer au concours.

Jean-Sébastien Roy note que ce sont les 1000 premiers «fans» qui sont les plus difficiles à aller chercher. «Après, ça roule tout seul», lance-t-il.



Mais avoir beaucoup de personnes qui nous suivent n'est pas avantageux si ces gens ne visitent pas notre page et ne partagent pas nos contenus. Voilà pourquoi «il faut créer de la valeur ajoutée, du contenu de qualité et facilement partageable», mentionne l'expert. Des liens vers des articles, des photos, des vidéos relatifs à notre mission sont des contenus pertinents. Que l'Aquarium publie une vidéo de la naissance d'un ours polaire dans un zoo européen est pertinent, même si l'événement n'est pas «local». Et c'est bien connu, les contenus drôles, touchants, mignons, «qui font du bien», fonctionnent très bien.

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Trois astuces de Jean-Sébastien Roy, président de Hey! Marketing créatif

1. Lorsque l'on met un lien vers un article sur notre profil de réseau social, on aiguille les gens vers un site extérieur, ce qui, stratégiquement, n'est pas l'idéal. Si on a un blogue sur notre site, on devrait plutôt mettre le lien vers le blogue, qui, lui, contiendra le lien vers le site extérieur. Qui sait si après avoir lu le blogue, la personne n'ira pas fouiner sur les autres pages de notre site Web. Il y a des outils qui permettent de connaître le «chemin» que parcourt cette personne sur notre site Web. #stratégie

2. Publier du contenu en lien avec le contexte du moment est payant : profiter d'une actualité, d'une météo particulière peut s'avérer efficace. Attention toutefois à ne pas trop s'éloigner de notre mission. L'Aquarium pourrait tout à fait publier une petite vidéo de leurs ours polaires ravis d'une tempête de neige tardive. Sourire assuré au milieu du râlage de tout le monde. #pertinenceetintelligence

3. On peut générer une attente chez nos abonnés avec la photo de la semaine, l'offre d'emploi de la semaine. La régularité est intéressante, mais contraignante. Par contre, pour certaines entreprises, cette ponctualité n'est pas possible. Le Festival d'été de Québec ne s'évertuera pas à publier 10 messages par semaine au mois de janvier. Par contre, à l'approche de l'été, les messages vont davantage se succéder. #planificationetbonsens

Pinterest ne divulgue pas son nombre d'utilisateurs, mais la société de recherche eMarketer évalue leur nombre aux États-Unis à 35 millions.

Pinterest, le réseau social de l'image

Sébastien Lévesque est stratège Web à l'agence Turbulences et passionné de Pinterest, un réseau social qui mise sur le «marketing des yeux», puisqu'on y trouve principalement du visuel. «En fait, Pinterest, c'est comme si vous pouviez vous créer une multitude de babillards en liège sur le mur de votre bureau pour y épingler à l'infini des photos que vous découpez dans vos revues de voyage, de cuisine ou de rénovation préférées! C'est la même chose, mais en virtuel, donc il n'y a aucune limite physique», décrit-il. Ce réseau social est très intéressant pour les entreprises, mais «pas pour toutes les entreprises», prévient M. Lévesque. Intéressant pour votre entreprise? Suivez le guide!

Le guide, c'est celui qu'à écrit Sébastien Lévesque: Épinglez des résultats. Pinterest en affaires. Le livre virtuel de 30 pages, gratuit, est accessible au épinglezdesrésultats.com. Idéal pour les entrepreneurs qui n'ont pas des budgets faramineux pour se former et faire les premiers pas sur ce réseau social.

Pinterest (fusion des mots pin, «épingler» en anglais, et interest, «intérêt») met en réseau des gens qui ne se connaissent pas forcément, mais qui partagent des champs d'intérêt communs. Ceux-ci sont sous forme d'images. Si vous aimez la collection d'été d'un designer de mode, vous pouvez l'épingler sur votre compte Pinterest, un peu comme pour vous rappeler d'aller magasiner (en ligne ou dans le monde réel) chez ce designer. En prenant en compte que 80 % des épingles sont réépinglées par d'autres... ça fait du monde qui voit les vêtements proposés par le designer de mode. Sébastien Lévesque l'écrit d'entrée de jeu : «Que diriez-vous de parler de façon régulière à une clientèle majoritairement féminine, éduquée, friquée et en "mode achat"? Sachez que c'est la clientèle type de Pinterest.»

Voulez-vous d'autres chiffres? Quarante pour cent des gens sont plus réactifs à des images qu'à du texte. Si vous êtes un entrepreneur qui peut faire des affaires en passant par l'image, Pinterest est peut-être pour vous. Vingt-huit pour cent des utilisateurs ont un revenu familial de plus de 100 000 $. Les utilisateurs y passent plus de 98 minutes par mois et en moyenne 16 minutes par visite. Soixante-neuf pour cent des utilisateurs de Pinterest désirent acheter un produit trouvé sur le site comparativement à quarante pour cent sur Facebook. Voilà quelques-unes des données que l'on peut trouver dans le guide de Sébastien Lévesque. Suivent une foule de conseils pour bien utiliser Pinterest lorsqu'on est entrepreneur.