David Lemelin met sa vie politique en veilleuse

«Je suis fatigué. Une campagne électorale prenante comme celle-là, [...] 60 jours à faire de la politique du petit matin jusqu'au soir, tu finis ça, tu es brûlé» - David Lemelin

David Lemelin quitte la tête de Démocratie Québec. Fatigué par la campagne municipale, déçu de la défaite, il veut maintenant se consacrer à des projets personnels. Malgré tout, il ne ferme pas la porte à un éventuel retour en politique.


La course à la mairie qui l'a opposé cet automne à Régis Labeaume, a été dure, harassante, confie au Soleil David Lemelin, attablé dans un café de Saint-Roch. La défaite a été le coup de grâce. «Ce à quoi j'aspirais, c'était minimum chef de l'opposition. Je suis fatigué. Une campagne électorale prenante comme celle-là, [...] 60 jours à faire de la politique du petit matin jusqu'au soir, tu finis ça, tu es brûlé. Quand tu as une victoire, ça te redonne assez de carburant pour être capable de redémarrer. Mais la défaite...»

Après le verdict du 3 novembre, le chef de Démocratie Québec a pris du temps pour lui et sa famille. «Le retour à la vie normale a fait du bien.» Sur le plan politique, il est demeuré chef du parti, travaillant dans l'ombre à des tâches de gestion, pendant que les trois élus du parti, Paul Shoiry, Anne Guérette et Yvon Bussières, faisaient face au maire et aux conseillers d'Équipe Labeaume à l'hôtel de ville.

Passer à autre chose

Pendant sa réflexion, il s'est demandé «presque tous les jours» s'il devait passer le témoin en tant que chef de parti. Plusieurs lui ont conseillé de rester, dit-il. Au final, il a choisi de passer à autre chose. «Il faut vraiment que je me retire, que je me dégage de ça. Que j'occupe mon esprit à autre chose que des tracas administratifs quotidiens.»

David Lemelin n'est pas désillusionné de la politique. Au contraire, jure-t-il, il reste passionné. Et quand on lui demande s'il a tiré un trait définitif sur cette carrière, il répond : «Il ne faut jamais dire jamais.» Mais si on l'avait approché au provincial - ce qui n'a pas été le cas -, il aurait opposé un non catégorique. Mais plus tard, peut-être...

Car même si elle a été ardue, il a tout aimé de la campagne. «Même les moments difficiles.» Même le porte-à-porte, une activité qu'il appréhendait au début.

Il n'a toujours pas digéré que le fait qu'il ait obtenu un pardon après avoir été reconnu coupable de voies de fait commis sur une ex-conjointe il y a 20 ans ait été révélé à deux jours du vote. «Ça m'affecte encore. Je continue encore à trouver ça odieux sur le plan démocratique, ce qui a été fait. Moi, j'associe ça davantage à de l'activisme politique qu'à du journalisme.»

Mais avec le recul, il estime que cela a eu peu d'effet sur le vote. Pour lui, la partie était jouée d'avance. «J'ai eu l'impression de parler dans le vide pendant 44 jours. Les gens ne voulaient pas de changement.»

David Lemelin se dit déçu de l'issue du vote. L'opposition ne fait pas encore le contrepoids espéré, estime David Lemelin. Davantage en raison du petit nombre de conseillers qu'à cause de leurs actions. Et si les Shoiry, Guérette et Bussières se font plutôt discrets à l'hôtel de ville, c'est que le nouveau parti est encore en rodage, explique-t-il. «Je suis sûr qu'ils vont faire une job écoeurante.»

«Pas un bon maire»

Il n'a pas changé d'idée sur Régis Labeaume. Il considère toujours qu'il n'est «pas un bon maire». «Le climat de terreur existe toujours. Sur le plan de la démocratie, on a du chemin à faire.»

Mais, en ce moment, il délaisse la politique active pour retourner à ses anciennes amours. Il reprend du service avec le collectif Prenez garde aux chiens, qui décortique l'actualité, sur le ton de l'humour. Le groupe a d'ailleurs mis en ligne une nouvelle capsule qui passe au tordeur le projet de charte des valeurs. Le communicateur aimerait aussi faire un retour dans l'univers des médias, qui est le terreau où il a fait ses premières armes.

«Je ne me mêlerai pas» de la chefferie

David Lemelin n'a pas l'intention de participer au choix de son successeur comme chef. «Je ne me mêlerai pas de ça. J'ai un énorme respect pour la machine qu'on a mise en place.»

La plupart des gens de Démocratie Québec ont appris son départ mercredi. Celui-ci sera effectif «quand le président [Denis L'Anglais] et moi on va conclure que c'est le bon moment».

Après, il y aura un intérim à la chefferie et le parti se nommera éventuellement un nouveau chef.

David Lemelin gardera sa carte de membre. «Je me dégage de la responsabilité, mais je crois toujours aux valeurs qui sont véhiculées.»