Le ministre des Affaires municipales et des Transports, Sylvain Gaudreault, a dévoilé, lundi, les orientations gouvernementales en matière de mobilité durable pour la période 2015-2020 lors d'un déjeuner-conférence organisé par Transport 2000 à Montréal. Pas moins de cinq communiqués de presse ont suivi.
La nouvelle Stratégie nationale de mobilité durable remplacera la précédente Politique québécoise de mobilité durable, échue depuis 2011 et dont les cibles (offre et achalandage) ont été largement dépassées.
Pour atteindre son nouvel objectif, deux fois plus ambitieux, Québec retouchera le Plan québécois des infrastructures (PQI) et transférera du transport routier vers le transport collectif un montant de 930 millions $ sur cinq ans. La part des investissements consacrés au transport collectif passera ainsi de 21 à 27 % du total.
«Ce transfert de sommes est important, mais il n'affectera pas notre capacité à maintenir en bon état nos infrastructures routières», a assuré, lundi, M. Gaudreault.
En incluant les augmentations déjà prévues, la moyenne annuelle des investissements dans le transport collectif dépassera les 900 millions $ dès 2014-2015, soit une augmentation de plus de 50 % par rapport à l'année en cours.
Il s'agit toutefois d'une année de transition puisque le provincial veut revoir le financement du transport collectif en marge du renouvellement du pacte fiscal. Un chantier «d'envergure» est annoncé et une entente est espérée pour 2015.
On sait déjà que le gouvernement veut forcer la ville de Québec à recourir à la taxe sur l'essence pour financer le développement du réseau de transport en commun dans la capitale. Or l'administration Labeaume refuse catégoriquement.
L'argent supplémentaire déjà annoncé servira principalement à maintenir les actifs des sociétés de transport en commun, soit renouveler le parc d'autobus, retaper les centres d'entretien et les terminus et entretenir le métro et les trains de banlieue dans la région de Montréal.
Le ministre Gaudreault a promis d'alléger la bureaucratie encadrant les programmes d'aide au transport collectif. Une procédure accélérée est prévue pour les travaux de moins de 25 millions $. Et si un projet de maintien d'actifs coûte moins cher que prévu, il sera possible d'utiliser la différence pour en financer un autre.
L'Association du transport urbain du Québec (ATUQ), qui rassemble les neuf sociétés de transport de la province, s'est réjouie, lundi, de voir arriver de l'argent pour les infrastructures, mais prévient qu'il faudra trouver d'autres sources de financement. «Ce sera l'enjeu majeur de la prochaine année», a souligné sa directrice générale, France Vézina.
La CAQ réagit
La Coalition avenir Québec (CAQ) a pour sa part dénoncé la nouvelle stratégie. Pour son porte-parole, Éric Caire, député de La Peltrie, le gouvernement signe un «chèque sans fond» et le chantier sur le financement «ne peut aboutir que sur une nouvelle hausse de la taxe sur l'essence».
«On a des infrastructures en ruine au Québec, au point où les épisodes de béton qui tombent des viaducs ou d'infiltration d'eau dans les tunnels semblent être acceptés par le MTQ [le ministère des Transports du Québec]. Et les péquistes sont en train de nous dire que l'entretien des viaducs va être remplacé par celui des abris-bus? C'est un détournement de fonds inacceptable d'un milliard de dollars de la réfection du réseau routier vers le transport collectif», a déclaré M. Caire dans un communiqué de presse diffusé en fin de journée.