Radars photo mobiles: mois d'octobre payant

Quatre des neuf lieux contrôlés durant l'année se trouvent sur le territoire de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Deux appareils en rotation y sont attitrés.

Les radars photo mobiles installés aux abords des chantiers routiers ont rapporté près de 2 millions $ au gouvernement du Québec pour le seul mois d'octobre, soit autant que pour juillet, août et septembre réunis. Et toujours, la grande région de Québec compte pour la moitié des infractions.


Les automobilistes de la région de Québec ont reçu 7269 des 14 133 billets d'infraction remis entre juillet et octobre, haute saison des travaux routiers dans la province. Du coup, ils ont écopé aussi de la moitié des amendes potentielles, soit 1,8 million $. Quatre des neuf lieux contrôlés durant l'année se trouvent sur le territoire de la Capitale-Nationale et de la Chaudière-Appalaches. Deux appareils en rotation y sont attitrés.

Le chantier de reconstruction de la route 116 dans Saint-Nicolas, clos en novembre, a été sans conteste le plus payant. Il a rapporté à lui seul 912 613 $ au trésor québécois. Il est talonné de près par celui du pont Médéric-Martin, à Laval, qui a généré pour 864 281 $ d'amendes.



Plusieurs critiques sont parvenues au Soleil sur le choix des emplacements et les heures d'utilisation des radars photo mobiles. Le site de Saint-Nicolas était particulièrement ciblé.

La plupart du temps, sur ce chantier, l'appareil était stationné sur l'autoroute 20 Est, à la sortie du chantier. Sur les photos prises par le radar et envoyées par des lecteurs, on voit les derniers cônes orange et une affiche de la même couleur limitant la vitesse à 80 kilomètres à l'heure, tout juste avant la rivière Chaudière. Puis la voie est libre pour aller vers le pont Pierre-Laporte ou poursuivre sa route vers Lévis.

La Sûreté du Québec (SQ), qui installe et gère les radars photo mobiles, se défend d'avoir piégé les automobilistes. «On doit toujours se positionner à un endroit devant les travailleurs», indique Benoît Richard, porte-parole de la SQ.

Or en raison de travaux en cours 1,5 kilomètre plus loin, sous le pont banane, les policiers considéraient qu'il s'agissait d'un seul et même point de contrôle et donc qu'ils respectaient la règle. «Il faut vraiment avoir une signalisation qui indique la fin des travaux» pour être hors d'atteinte, rappelle M. Richard.



D'autres automobilistes ont déploré l'heure où ils se sont fait pincer. Un lecteur a ainsi été photographié à 100 km/h un dimanche vers 18h30, alors qu'aucun travailleur ne s'activait sur le chantier.

«Optimiser l'utilisation»

Le porte-parole de la SQ précise que les plages horaires sont établies après analyse du débit de circulation et des heures de collision. Les policiers cherchent quand même à «optimiser l'utilisation de l'équipement». «Si je réussis à sensibiliser 1000 personnes dans la journée, c'est mieux qu'à un endroit où je vais en atteindre seulement 3», dit M. Richard.

Celui-ci ajoute que la présence de travailleurs n'est pas le seul critère justifiant la baisse de la vitesse permise. La modification de la configuration de la route et l'apparition de cônes orange et de glissières de béton sont des raisons tout aussi justifiées pour la police.

Le Soleil a tenté d'obtenir les heures d'utilisation des radars photo mobiles déployés sur les différents sites au fil de l'été, de façon à établir le rythme de distribution des contraventions et les heures les plus prolifiques. Mais malgré une demande d'accès à l'information, la SQ a refusé l'accès à ces données. L'article 28 de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels a été invoqué, l'organisation estimant que «la divulgation de ces documents serait susceptible de révéler un programme ou un plan d'action destiné à prévenir, détecter ou réprimer les infractions aux lois».

Le gouvernement du Québec a toujours présenté les radars photo comme une mesure de sécurité routière et non comme un moyen de regarnir les coffres de l'État. Les sites ciblés doivent être «accidentogènes» et difficiles à surveiller par les policiers. Les politiciens, tous partis confondus, veulent à tout prix éviter l'impression de «trappes à tickets».