Ce développement permettrait à la Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG) de rattraper une partie des revenus perdus par la suspension du service de passagers de VIA Rail, transporteur public invoquant depuis septembre des motifs de sécurité pour retarder la reprise de sa liaison entre Montréal et la péninsule.
Le directeur de l'Association coopérative forestière (ACF), Sébastien Roy, veut élargir les marchés de l'usine de sciage afin d'obtenir de meilleurs prix pour son bois d'oeuvre, et réduire le coût de transport de ses copeaux. Il souhaite obtenir des réponses de la Société du chemin de fer de la Gaspésie rapidement, plus vite qu'au rythme démontré depuis les premiers contacts en décembre.
«Je veux qu'on y aille [adopter le rail]. On vend surtout au Québec et dans les Maritimes. Il y aura des prix plus intéressants si on élargit nos marchés vers l'Ontario, vers les États-Unis. On y arrivera si on réduit les coûts de transport pour une distance donnée, et le rail peut nous permettre d'atteindre cet objectif», aborde M. Roy.
L'usine de Saint-Elzéar produit 35 millions de pieds mesure de planche par an, et sa direction aimerait exporter la moitié de cette production.
Quant aux copeaux, ils sont surtout acheminés vers Edmundston, au Nouveau-Brunswick, une distance relativement courte pour le rail, mais qui serait loin de constituer un précédent.
«Je suis ouvert à expédier tous nos copeaux par rail, si c'est possible. Je pense même à acheter des billots de bois de l'extérieur, qui pourraient nous être livrés par train», ajoute M. Roy.
Au moins 1000 wagons
Il serait envisageable d'ajouter au trafic ferroviaire de la SCFG un bloc d'au moins 1000 wagons venant de la scierie de Saint-Elzéar, selon les données fournies par M. Roy. Mis à part VIA Rail, qui génère quand ses trains roulent des revenus d'environ 600 000 $ par an pour la SCFG, l'essentiel du trafic de fret est constitué des 2000 wagons venant de la scierie Temrex de Nouvelle.
Étant donné que la scierie de Saint-Elzéar est localisée à une quinzaine de kilomètres du réseau ferroviaire, elle doit trouver un lieu de chargement. Le triage de New Carlisle, pratiquement inactif depuis les fermetures de la papeterie Gaspésia de Chandler, de la cartonnerie Smurfit-Stone de New Richmond et de la fonderie de Murdochville, est l'endroit choisi par M. Roy.
«Je suis persuadé qu'il y a moyen d'organiser le transport par rail très bientôt. Mais je souhaite obtenir des réponses au plus vite de la Société du chemin de fer de la Gaspésie. Présentement, je n'ai pas de taux [de transport]. Je participerai au Montréal Wood Trade Show bientôt et je rencontrerai des acheteurs de bois. On me demandera si je peux expédier par rail, et je veux répondre oui, tout de suite», explique Sébastien Roy.
Le président de la SCFG, François Roussy, assure qu'il «trouve aussi que ça ne pas assez vite. Nous avons été très occupés avec le dossier de VIA Rail, que nous souhaitons régler au plus vite, mais ce n'est pas une excuse. J'irai m'asseoir sous peu avec les gens de la coopérative de Saint-Elzéar».
Les revenus annuels de la Société du chemin de fer se situent à environ 1,5 million $ par an, mais ils pourraient plus que doubler avec l'ajout d'une couple d'expéditeurs.