Réjean Bélanger n'a peut-être «pas mangé pour baisser sa ligne» au Café Rencontre, vendredi, mais il s'est régalé du dîner spécialement mitonné par une douzaine de chefs de Québec.
La soupe populaire de la rue Saint-Joseph s'est transformée en restaurant gastronomique pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'y payer une table.
Pour une deuxième année, des chefs réputés de Québec se sont unis pour préparer un repas spécial des Fêtes. Les chefs cuisiniers du Moine Échanson, du Pied bleu, du Clocher penché, du Cercle, de L'Affaire est ketchup et de Patente et Machin ont tous contribué au festin, en plus de la Boîte à Pain.
L'initiative est née en 2012, inspirée d'incursions similaires de chefs dans des soupes populaires de Montréal.
Là pour rester
«C'est quelque chose qui est là pour rester», affirme le propriétaire du Moine Échanson et initiateur du projet, Bertrand Messoten.
«On le ferait plus souvent, même tout le temps», complète son confrère de L'Affaire est ketchup, François Jobin. Celui-ci démontre même de l'intérêt à concocter la nourriture servie chaque automne à la Nuit des sans-abri, au jardin de Saint-Roch.
Mais les deux chefs s'entendent sur le fait qu'ils manquent de temps et d'organisation pour entreprendre des projets avec d'autres organismes qui viennent en aide aux plus démunis.
Leur coup de pouce est pour l'instant des plus appréciés par le Café Rencontre Centre-ville, implanté dans Saint-Roch depuis 25 ans. Son directeur, Michel Godin, remarquait vendredi de nouveaux visages parmi les personnes nécessiteuses. «Il y a encore des gens, à Beauport par exemple, qui ne nous connaissent pas. Ça leur ouvre une porte et on est là pour augmenter leur bonheur», souligne-t-il.
Un peu plus de 200 personnes se sont déplacées pour s'offrir le repas des chefs au coût de 50 sous, comme à l'habitude. C'est une assiette de choucroute et saucisses qui attendait Réjean Bélanger et les autres.
M. Bélanger a perdu sa conjointe il y a un an et demi, et constate que «la popote, c'est difficile tout seul». Il a profité de l'occasion pour parler de sa recette de patates pilées au chef de L'Affaire est ketchup, ce qui rappelle les rencontres créées par la soupe populaire.
Le dîner a été un peu moins couru qu'en 2012, estimait le chef François Jobin. «Je qualifierais ça comme un bon signe. Le jour où on ne sera plus obligé de le faire, ça va être une bonne nouvelle. Dans nos restos, on veut toujours plus de monde. Ici, on veut en faire moins», conclut-il.