Le projet-pilote de zoothérapie à la prison de Rimouski qualifié de «ridicule»

Le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels Stéphane Lemaire qualifie de «complètement ridicule» le projet-pilote de zoothérapie qui sera lancé dès janvier prochain auprès des détenus du Centre de détention de Rimouski.


«Ce n'est pas avec de la zoothérapie qu'on va réussir à développer de vrais programmes de réhabilitation! a pesté M. Lemaire, lors d'un entretien téléphonique avec Le Soleil. C'est complètement farfelu. Dans un contexte où on a un problème majeur de surpopulation et de présence de drogue dans nos établissements, je ne comprends pas qu'on perde du temps avec ces projets de zoothérapie, qui sont souvent menés par des gens qui n'ont aucune connaissance du monde carcéral et qui peuvent être facilement manipulés par les détenus.»

«Au lieu de rentrer des chiens dans les centres de détention pour faire de la zoothérapie, qu'on débloque des fonds à la place pour avoir plus de chiens qui vont pouvoir détecter la drogue dans nos prisons!»

Un porte-parole du ministère de la Sécurité publique (MSP), Clément Falardeau, a confirmé par courriel le lancement de ce projet-pilote à Rimouski en janvier prochain. Durant deux séances d'une heure chacune par semaine, des prévenus pourront avoir accès à la zooanimatrice Isabelle Tremblay et son petit chien Tao.

«Le chien ne juge pas, peut-on lire dans un document de présentation du projet-pilote de Mme Tremblay dont Le Soleil a obtenu copie. Là est sa première grande qualité. Il possède un amour et une dévotion inconditionnels. De par ce fait, l'être humain se sent en confiance et accepté par celui-ci.

«Caresser sa fourrure fait baisser les tensions, l'anxiété et l'inquiétude. Le geste peut sembler banal et pourtant, des études démontrent que cela favorise une baisse de la tension artérielle.»

Financé par les détenus

Les frais de l'activité de 40 $ l'heure seront assumés par le Fonds de soutien à la réinsertion sociale du Centre de détention de Rimouski, qui est lui-même financé par les contributions des personnes incarcérées qui travaillent en établissement. Ce n'est donc pas les contribuables qui paient directement pour la tenue de cette initiative.

«C'est encore le bon vieux réflexe : "Ça coûte rien, alors ça va faire l'affaire!", a ajouté M. Lemaire. Il y a trop de gens dans les prisons qui prennent des décisions qui n'ont aucun back-ground de police ou de travail dans les centres de détention.

«Je suis tout à fait d'accord que la réinsertion et réhabilitation, c'est très important. Mais embauchons de vrais professionnels et spécialistes qui savent comment travailler avec des détenus, notamment ceux aux prises avec des problèmes de santé mentale. Cessons ces initiatives locales dont on ne peut pas mesurer les impacts. On ne parle pas de personnes âgées en CHSLD ici, mais bien de gens incarcérés qui ont souvent plusieurs gros problèmes!»

Le porte-parole du MSP a confirmé au Soleil que la zoothérapie est déjà utilisée dans d'autres centres de détention de la province, dont notamment à celui de Québec. Ces séances individuelles ou de groupe seraient principalement destinées à une clientèle atteinte de problèmes de santé mentale, a-t-il ajouté.

Il existe aussi des programmes de zoothérapie dans deux pénitenciers fédéraux pour femmes, en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique, selon le site Internet de Service correctionnel Canada.

En un mot

Zoothérapie › «Psychothérapie qui exploite l'apport bénéfique de la présence des animaux auprès des êtres humains.» Source : Office québécois de la langue française