Québec reprend l'appel d'offres pour 37 radars photo

Québec assure qu'il n'est pas question de réduire le nombre de nouveaux radars photo (18 mobiles, 6 fixes et 13 aux feux de circulation).

Le gouvernement du Québec a annulé et reprendra l'appel d'offres pour 37 nouveaux radars photo, car la seule entreprise à avoir soumissionné, la québécoise CGI, a proposé un prix jugé trop élevé. La Ville de Québec, qui s'est fait promettre quatre cinémomètres mobiles pour surveiller la vitesse dans les quartiers résidentiels, devra patienter encore un an.


«Le résultat de l'appel d'offres lancé en mars ne satisfait pas aux attentes du gouvernement. Dans ce contexte, la décision qui s'impose est de lancer un nouvel appel d'offres afin d'assurer une saine concurrence et de garantir, en toute transparence, une gestion adéquate des deniers publics», a déclaré le ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, dans un communiqué de presse transmis en milieu d'après-midi.

Sarah Bensadoun, porte-parole du ministère des Transports du Québec (MTQ), a ajouté que la proposition présentée par CGI «dépassait grandement les estimations du Ministère». Elle n'a pas voulu donner de chiffres précis, mais a tout de même indiqué qu'il est possible d'annuler un appel d'offres si l'écart entre les soumissions et les estimations dépasse les 20 %.

Une pause est donc décrétée dans la deuxième phase d'implantation des radars photo au Québec. «La stratégie d'attribution [du contrat] va être revue au complet», a souligné Mme Bensadoun. Il faudra nécessairement compter «plusieurs mois» pour reprendre l'appel d'offres et ajouter une période de tests sur le futur équipement. La Ville de Québec s'attend à une bonne année de décalage.

Et c'est sans compter les six mois écoulés entre la réception de la soumission et l'annulation de l'appel d'offres. Pourquoi ce délai? Sarah Bensadoun répond que la Sûreté du Québec puis l'Unité permanente anticorruption (UPAC) ont été appelées à enquêter sur l'implication dans le dossier d'un ancien cadre de la Sûreté du Québec passé chez CGI. «Le Centre de services partagés du Québec [responsable de l'appel d'offres] a demandé de confirmer qu'il n'y avait pas apparence de conflit d'intérêts», souligne la porte-parole. L'enveloppe de prix de CGI a été ouverte seulement après que les soupçons eurent été dissipés par la police.

Le provincial a indiqué mardi que les radars photo mobiles déjà en sa possession pourraient être déplacés afin de surveiller davantage d'endroits où la vitesse est un problème.

Québec assure par ailleurs qu'il n'est pas question de réduire le nombre de nouveaux radars photo

(18 mobiles, 6 fixes et 13 aux feux de circulation) devant être installés dans des secteurs à haut risque d'accident, dans les zones scolaires, aux abords des chantiers routiers et sur quelques réseaux municipaux, dont Québec, Gatineau, Longueuil et Laval. Pas question non plus de revoir à la baisse les exigences technologiques.

CGI a d'ailleurs fait valoir mardi que le Centre de services partagés du Québec, responsable de l'appel d'offres, l'avait informé que sa proposition, la seule reçue, «est conforme et répond aux critères de qualité attendus». «Notre proposition de prix reflétait les attentes du Ministère, les travaux à effectuer ainsi que la technologie de pointe et l'expertise requises», a précisé mardi soir Sébastien Barangé, porte-parole de CGI, dans un courriel. La firme informatique entend «examiner et réévaluer» le prochain appel d'offres.

CGI a orchestré le projet pilote des radars photo après avoir remporté un appel d'offres en 2008. Le contrat de 7,2 millions $ concernait 15 appareils déployés en Chaudière-Appalaches, à Montréal et en Montérégie.

CGI ne fabrique pas les radars photo, produits en Allemagne par Jenoptik et Robot Visual Systems, fournisseurs officiels du gouvernement, mais elle en coordonne l'installation et en assure l'entretien. C'est aussi elle qui a conçu le système informatique permettant de traiter les données recueillies sur le terrain.

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Déçue, la Ville comprend Québec

«On est déçus, mais on comprend le gouvernement.» C'est en ces termes que l'attaché de presse du maire Régis Labeaume a commenté le report de l'implantation des radars photo mobiles dans le réseau municipal. Paul-Christian Nolin affirme que les responsables de la sécurité et des transports de la Ville de Québec planchent déjà sur d'autres mesures qui permettront de diminuer la vitesse dans les quartiers résidentiels en attendant l'outil ultime, dont la pertinence n'est pas remise en question. 

«On espère que le délai sera le plus court possible», dit M. Nolin, qui calcule que le projet a déjà pris un an et demi de retard. Québec veut mettre la main sur quatre cinémomètres qu'elle déplacera à 10 endroits chacun, permettant une large surveillance du territoire.

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>> CHRONOLOGIE

22 janvier: Avis d'appel d'intérêt pour prévenir de l'imminence de l'appel d'offres : 17 entreprises contactées directement

6 mars: Publication de l'appel d'offres : 15 entreprises commandent les documents

17 avril: Première date limite pour le dépôt des soumissions

21 mai: Nouvelle date limite pour le dépôt des soumissions. Seule CGI dépose une offre

10 décembre: Annulation de l'appel d'offres