«Après 38 ans, c'est une triste fin», regrette le président Pierre Gauthier, régulateur de vol. Le nombre de membres ne permettant plus d'assurer la viabilité de l'organisation bénévole, les participants à la dernière assemblée générale ont décidé de mettre un terme aux activités.
«Je suis amer.» Sans succès, l'équipe a investi de gros efforts au cours des dernières années pour renouveler l'effectif, soutient M. Gauthier. Il craint maintenant que les francophones perdent des acquis, que les entreprises aériennes en profitent pour sabrer les conditions de travail. «Je suis un peu déçu que la jeunesse ne veuille pas se prendre en main. [...] Les enjeux ne semblent plus toucher la relève.»
«Ce qui est le plus triste, c'est de voir aussi comment le gouvernement actuel ne soutient plus une association qui a toujours été le chien de garde de la langue française dans le transport aérien», ajoute-t-il.
Pour bien comprendre la portée de cette pointe lancée vers l'Assemblée nationale, il faut remonter dans le temps. Disons vers l'été 1976, quand le député péquiste Claude Charron a appuyé la grande bataille des Gens de l'air, celle qui les a révélés. Les plus vieux (!), vous vous souvenez du «Il y a du français dans l'air»? À l'époque, il était interdit de parler français dans l'industrie; un pilote et un contrôleur aérien francophones devaient discuter en anglais. Le débat a enflammé le Canada entier.
Gilles Vigneault a écrit la chanson I Went to the Market durant cette «crise nationale», nous rappelle un épisode de l'émission Tout le monde en parlait, diffusé à Radio-Canada. L'actrice Dominique Michel, qui s'était rangée dans le camp des francophones, a perdu un contrat publicitaire avec Air Canada.
C'est donc durant ces années d'effervescence nationaliste que l'Association des gens de l'air a été créée. On évalue que son combat linguistique a été un des ingrédients ayant permis l'élection du Parti québécois de René Lévesque en 1976.
Depuis, les Gens de l'air ont élargi leurs interventions : «On prend la défense et on fait la promotion des intérêts des francophones qui travaillent ou qui oeuvrent dans le transport aérien.»
Ils ont notamment milité pour l'amélioration et l'encadrement des conditions de travail des pilotes non syndiqués.
Mince espoir
Un mince, très mince, espoir subsiste. Si un membre de l'industrie se découvre tardivement une vocation et qu'il est capable de réunir rapidement une équipe pour former un conseil d'administration, il pourra toujours convoquer une nouvelle assemblée générale afin d'annuler la décision de fermeture. Sinon, le 15 décembre, les Gens de l'air ne seront plus.
Pour en apprendre plus sur l'Association des gens de l'air, cherchez dans le Web l'épisode de l'émission Tout le monde en parlait de Radio-Canada. On y raconte la crise nationale qui a entouré l'acceptation de l'usage du français dans le contrôle aérien. www.tou.tv/tout-le-monde-en-parlait/s01e02