:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/B6I6NT6HUNFFVMKSJXY7EV6I5U.jpg)
Une photo circulant sur les réseaux sociaux a mis le feu aux poudres. Elle montre des enfants d'environ quatre ans accompagnés de deux éducatrices portant un niqab lors d'une sortie à l'extérieur de leur garderie.
Le cliché a été pris à Verdun à la mi-novembre par une citoyenne surprise, choquée même, de cette rencontre inopinée, selon ce qu'elle a raconté mercredi midi sur les ondes de la radio montréalaise 98,5 FM.
Il semble que les éducatrices découvrent leur visage lorsqu'elles sont seules avec les enfants à l'intérieur de la garderie.
Le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, et sa collègue de la Famille, Nicole Léger, ne possédaient pas tous les détails de la situation lorsqu'ils ont été appelés à la commenter, mercredi. Ils ont déploré ce qu'ils ont vu sur la photo, mais ont dit ne pouvoir intervenir.
«On a fait un choix», a dit le parrain du projet de loi sur la charte de la laïcité. «On a décidé que la charte ne s'appliquerait pas aux garderies privées non subventionnées», et ce «parce qu'elles ne reçoivent pas de financement public».
Les parents confiant leur enfant à une garderie entièrement privée, et reconnue par le gouvernement du Québec, peuvent toutefois bénéficier d'un crédit d'impôt.
À VISAGE DÉCOUVERT
Même s'il ne peut les y contraindre, le ministre Drainville a invité les propriétaires de la garderie de Verdun à demander aux éducatrices d'avoir le visage découvert lorsqu'elles sont avec les enfants à la garderie, bien qu'il semble que ce soit le cas. «Ce serait normal qu'ils puissent voir le visage de leurs éducatrices», a-t-il affirmé.
La photo montre le groupe à l'extérieur, alors que les deux éducatrices ont le visage caché - sauf les yeux. «À l'extérieur, elles sont quand même en interaction avec les enfants», a enchaîné Bernard Drainville, laissant entendre qu'il souhaite aussi qu'elles aient le visage découvert lorsqu'elles sont dehors avec eux.
CHANGEMENT À VENIR?
Le gouvernement de Pauline Marois a toujours rejeté l'idée d'interdire le port d'un voile intégral sur la voie publique, comme c'est le cas en France. Cette législation est jugée difficile d'application par plusieurs dans l'Hexagone.
Pour le moment, le gouvernement québécois ne prévoit pas non plus étendre la portée du projet de loi sur la charte de la laïcité aux garderies privées non subventionnées pour des voiles, comme le niqab ou la burqa.
Des individus ou des groupes pourraient soutenir qu'il faut aller dans cette direction lors des consultations à venir sur le projet de Bernard Drainville, pense cependant la ministre Nicole Léger. «Mais ce n'est pas dans notre intention pour le moment», a-t-elle déclaré.
Un «pas pour le moment» qui, dans le contexte, ouvre tout de même la porte à un possible changement de cap sur cette question.
LES OPPOSITIONS UNANIMES
La réprobation est générale à l'Assemblée nationale. Mais cet élan ne dit rien sur les moyens d'action que les uns et les autres pourraient vouloir privilégier à moyen terme.
Les libéraux de Philippe Couillard estiment qu'il faudrait à tout le moins sensibiliser les propriétaires de la garderie de Verdun au fait que le principe du «visage à découvert» soit de mise auprès des enfants, rapporte leur porte-parole Charles Robert.
Pour le chef caquiste, François Legault, le «gros bon sens» plaide en faveur du «visage à découvert».
Écho semblable chez Québec solidaire, où Françoise David affirme que «le visage découvert est une exigence pédagogique et de communication».
La situation observée à Verdun est extrêmement rare, soutient la ministre de la Famille.